L’écrivain français et ancien enseignant Bernard Zimmerman et l’historien hongrois Laszlo Nagy ont croisé leur regard jeudi soir lors d’une table ronde organisée au Centre culturel algérien (CCA) à Paris pour aborder des pages de la guerre de libération nationale à travers leurs écrits sur ce sujet.
Bernard Zimmerman, natif d’Oran a, à cette occasion, présenté au public du CCA son dernier ouvrage intitulé « Une amitié algérienne » paru aux éditions l’Harmattan qui retrace l’histoire d’une période précise de l’histoire de la guerre d’Algérie (1961-1962) où le pays sous occupation française était en proie aux tueries de l’OAS.
A travers un récit sur l’histoire coloniale, l’auteur instituteur en Algérie qu’il quitta en 1966, retrace une amitié entre un jeune instituteur français et son collègue algérien. Cette amitié se noue entre deux hommes rapprochés par leur désir de justice et leur volonté de résister aux affres de l’occupation coloniale et de ses tueries.
« J’ai choisi la forme du roman en faisant parler l’instituteur algérien sinon, il y a beaucoup de choses que je n’aurais pas dû dire. Ce récit est l’histoire d’une prise de conscience qui n’a pas commencé en 1961, mais en 1958 en vérité », a confié l’auteur.
« Ce que je voulais aussi essayer de faire passer à travers ce roman, c’est dire qu’il y a une page d’histoire qui n’est pas écrite encore et que les historiens français en particulier n’ont pas osé aborder. C’est celle de la mémoire franco-française à apaiser sans oublier les relations franco-algériennes », a-t-il ajouté.
Pour sa part, l’historien hongrois, qui a consacré nombre de ses ouvrages à la guerre de libération nationale, a expliqué qu’au début en Hongrie, vers les années 70 ce n’était pas chose aisée de faire des recherches sur l’histoire de la guerre d’Algérie dans la mesure où il n’était pas possible d’accéder aux sources et aux archives ou encore d’obtenir une bourse pour engager des travaux de recherche en France.
« Par contre, depuis une dizaine d’années, les étudiants et les doctorants qui préparent des thèses sur l’Algérie et d’autres pays arabes, ont plus de facilités pour mener leurs travaux », a expliqué l’historien Laszlo Nagy Laszlo Nagy a également révélé que ce qui l’a poussé à s’intéresser à l’Algérie et à son histoire, est le fait qu’à l’époque où l’Algérie était en guerre, lui était un jeune lycéen et « les journaux du monde entier consacraient leur Une à la guerre qui faisait rage dans ce pays ».
C’est ainsi que j’ai commencé à m’intéresser à cette question et à réunir la documentation nécessaire pour m’informer sur ce sujet » a-t-il indiqué, ajoutant qu’après la chute du mur de Berlin en 1989, « nous avions en Hongrie, un accès libre aux archives et c’est ainsi que j’ai pu découvrir des documents très intéressants tant hongrois que soviétiques sur la guerre d’Algérie et les pays socialistes qui m’ont beaucoup aidé à avancer dans mes travaux de recherche ». « Ma curiosité de jeune s’est transformée en attitude scientifique pendant mes années universitaires. J’ai fait ensuite beaucoup de déplacements plus tard en France et en Algérie pour le cadre d’échange universitaires pour m’informer davantage sur cette question », a-t-il dit.
Dr Nagy Laszlo est professeur d’histoire contemporaine à l’université de Szeged (Hongrie) et auteur entre autres de « La naissance et le développement du mouvement de libération nationale en Algérie 1919-1947 », « La guerre d’Algérie 1954-1962 », « Ferhat Abbas et le pouvoir colonial » et « Opinion publique en Hongrie et la guerre de libération nationale du peuple algérien ».(