Si du point de vue économique Paris a affiché un souhait de relancer la coopération à travers l’engagement de l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin qui s’est rendu deux fois à Alger, les difficultés entre les deux pays ne sont pas encore aplanies. Car outre plusieurs dossiers, Alger a des remarques à faire sur l’image donnée sur elle par les médias français, notamment en ces moments de protestation sociale vécue par plusieurs secteurs et ce qui se passe dans la région. M. Medelci ne veut pas que les médias français ne s’intéressent essentiellement qu’aux problèmes de l’Algérie.
Dans ce cadre, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a évoqué avec le président du groupe parlementaire d’amitié France-Algérie à l’Assemblée nationale française, Bernard Derosier, «le regard des médias français sur ce qui se passe dans le monde et singulièrement sur ce qui se passe dans la région».
Suite à ces entretiens, Medelci a déclaré à la presse : «Nous nous sommes exprimés à ce que ce regard (des médias français) soit plus ouvert, qui ne focalise pas simplement sur les problèmes».
Selon M. Medelci, beaucoup d’Algériens, en Algérie ou en France, qui suivent les médias français, «aimeraient pouvoir (via ces médias) découvrir l’Algérie réelle et non pas l’Algérie vue à travers des prismes quelquefois déformants».
A ce titre, M. Medelci a déploré le fait que «l’on donne une importance parfois excessive à ce qui ne l’est pas» et n’approuve pas ce qui se dit sur l’Algérie et ce qui se passe en Libye et en Syrie. Pour rappel, la France a pris position contre le pouvoir libyen et participe aux attaques armées de l’Otan, alors que sa position au temps des événements de Tunisie était très critiquée par l’opinion publique française.
En outre, M. Medelci a déclaré qu’en Algérie «le processus d’ouverture médiatique devrait nous permettre de parler de notre pays autrement qu’à travers des prismes déformants, sans cacher en aucune manière les problèmes, et en même temps en montrant ce qu’il y a dans ce pays comme potentiel humain, comme avancée et envie d’aller encore plus loin».
Par ailleurs, les deux parties ont évoqué les différents volets de coopération bilatérale algéro-française, notamment «culturelle, dont l’Histoire, et la coopération économique».
Il s’agit également des mutations que connaît la région, y compris en Algérie, a-t-il dit, qui est appelée à aller «toujours vers le meilleur de manière continuelle», particulièrement en ce qui concerne les libertés et les responsabilités pour aller vers le système républicain, et «notre pays est bien parti dans ce sens».
Pour sa part, M. Derosier a déclaré qu’il avait abordé avec M. Medelci un certain nombre de questions qui «préoccupent» les Algériens et les Français. Selon lui, cette rencontre a permis de témoigner de la «volonté» des députés français de renforcer les liens.
Il a souligné la nécessité de «se tourner vers l’avenir pour permettre à ce que les relations entre les deux pays, qui sont plutôt bonnes, soient encore meilleures (…) en évitant la langue de bois et en allant directement au fait des problèmes».
Dans ce cadre, il a ajouté que «les relations entres les deux pays sont marquées depuis 50 ans par des moments plus difficiles que d’autres et aussi par des moments de grande qualité», soulignant qu’actuellement il s’agit d’une période «où la qualité des relations ne peut que se renforcer». Selon lui, «il y a des échanges qui se font et nous sommes ici avec la volonté de retourner en France avec une meilleure image possible de l’Algérie, c’est ce à quoi nous avons à nous employer».
Pour rappel, dans le traitement du discours du président Bouteflika adressé à la nation vendredi dernier, des quotidiens français, tels que Le Parisien, ont rapporté que «l’Algérie connaît un climat de forte contestation sociale (…)».
Bien avant, des médias français tenaient des tables rondes pour parler de la «contagion» des révolutions tunisienne et égyptienne vers l’Algérie.
Cependant, en l’absence de chaîne satellitaire algérienne, donc une ouverture de l’audiovisuel, l’Algérie aura toujours des difficultés à répondre aux campagnes médiatiques, comme ce fut le cas avec l’Egypte en 2010, et aujourd’hui avec les accusations relatives à l’implication de mercenaires algériens dans le conflit libyen.
Par Nacera Chenafi