A l’instar de nombreuses productions agricoles les plus adaptées aux zones de montagne, l’apiculture connaît un regain d’intérêt significatif ces dernières années. C’est du moins le constat qui se dégage du rythme de croissance de cette activité depuis la mise en œuvre des mesures incitatives diverses et le renforcement des aides octroyées aux apiculteurs.
La wilaya de Tizi Ouzou, une région dont le territoire est un relief montagneux dans sa grande majorité, confirme d’année en année ses potentialités multiples dans le domaine de la production du miel et autres produits apicoles multiples. Lors de la 2ème édition du festival de « l’abeille et le miel » qui s’est tenu dans la région de Bouzguene, à l’est du chef-lieu de la wilaya, des dizaines de producteurs apicoles, les responsables locaux du secteur agricole et autres spécialistes en la matière ont été nombreux à mettre en exergue les performances que la filière gagne de plus en plus.
A titre illustratif, dans cette région du pays, la filière apicole a connu une extension de 60% entre 2000 et 2012, et ce, en termes de nombre de ruches exploitées qui est passé de 55 000 à plus de 88 000 durant la période de référence alors que la production de miel atteint la moyenne annuelle de 1 200 quintaux, selon le bilan présenté par la direction des services agricoles de wilaya à l’occasion de la manifestation qui a eu lieu du 15 au 17 août dernier. L’engouement pour la production de produits apicoles est, toutefois, l’effet d’entraînement du système de subventions mis en œuvre depuis le déploiement de la politique du Renouveau agricole et rural.
Ainsi, les barèmes des subventions, redéfinis et appliqués depuis septembre 2013, laissent constater une nette hausse des aides octroyées pour l’investissement dans l’apiculture, ce qui renseigne sur la volonté des pouvoirs publics en charge du secteur agricole à rendre cette filière davantage attractive. Au chapitre intitulé développement de la production et la productivité apicoles, la nomenclature du ministère de l’agriculture et du développement rural prévoit 50 000 dinars pour toute acquisition d’un nouveau module de dix (10) ruches avec un plafonnement de trois modules maximum.
Pour l’acquisition de matériels et équipements spécialisés d’élevage, les aides de l’Etat sont de 30% du prix d’achat avec un plafonnement de 3 000 DA. Au niveau de la phase récolte de miel, les services du ministère de tutelle prévoient des aides respectives de 40 000 DA pour l’acquisition d’un extracteur, 20 000 DA pour le matériel de maturation et des aides d’un montant similaire pour l’acquisition d’une chaudière à cire et un désoperculateur. Cependant, les aides prévues pour la production des ruches et d’essaims sont de l’ordre de 30% avec un plafonnement à 1,5 million de dinars. Autant d’aides qui incitent de plus en plus les porteurs de projets d’investissement à s’intéresser à l’activité d’apiculteur.
En revanche, les embûches sont nombreuses à freiner l’élan de la filière apicole. A cet égard, les apiculteurs rencontrés au festival du miel de Bouzguene (Tizi Ouzou) regrettent les lenteurs énormes dans l’application des mesures d’aide sur le terrain. C’est le cas d’un jeune agronome ayant opté pour l’investissement dans la production de miel et de pollen et qui attend ses subventions pour la trentaine de ruches qu’il a acquises ainsi qu’un matériel d’élevage alors que son projet est opérationnel depuis plus d’une année. Les banques sont les premières à être pointées du doigt par ces dizaines de jeunes apiculteurs qui leur reprochent les retards énormes dans l’exécution des ordres de paiement à leur profit émanant des services agricoles.
En aval, les contraintes qui empêchent l’avènement d’une filière apicole performante et compétitive, se posent en matière de la régulation du marché des produits apicoles qui demeure sous la prédominance des pratiques informelles, ce qui favorise en conséquence la multiplication des cas de fraudes et de tricheries sur la qualité des produits proposés à la vente.
Mourad Allal (L’Éco n°96, du 16 au 30 septembre 2014)