( »Les katibats d’Aqmi activant dans la région limitrophe de la capitale, particulièrement celles basées à l’est d’Alger, dans la région de Boumerdès, marquent de manière sanglante leur réémergence sur la scène politico-médiatique.
Le nombre de leurs victimes s’alourdit de jour en jour et le pari sur le terrorisme résiduel a fait son temps. Aqmi, s’insère dans la confusion politique dans laquelle est plongé le pays pour s’incruster durablement dans une région hautement sensible : la Kabylie et son prolongement ; le centre du pays. Ces phalanges finiront, il faut malheureusement le craindre, par atteindre une autre fois la capitale. La cible des terroristes neutralisés la semaine écoulée aux alentours de la ville de Thénia pouvait être située dans la ville Thénia. Celle-ci pouvait être localisée ailleurs mais plus importante. En effet, il ne restait que quelques dizaines de mètres aux terroristes portant des ceintures d’explosif circulant à bord d’un véhicule – de marque Atos — lequel est transformé en bombe, s’ils n’avaient pas été neutralisés, pour déboucher sur la RN5. Pour rappel, c’est la famille de l’un des terroristes, originaire de Thénia, qui alerta les services de sécurité, indique une source proche de ces services. Une fois sur la RN5, cette caravane funeste aurait la possibilité de se diriger vers l’ouest où se situent des cibles potentielles ayant un impact politico-médiatique plus important ; comme le chef-lieu de wilaya de Boumerdès, la ville de Boudouaou.
Une question taraude les esprits des observateurs ; les terroristes savaient inévitablement que ce barrage de Thénia était permanent ; comptaient-ils en effet sur un nouveau système de dissimulation de l’explosif pour franchir les points de contrôle ? De plus, en cours de chemin, ils tomberaient inévitablement sur un ou plusieurs autres barrages. Ils ont probablement prévu le moyen de les franchir. Et pour cause, il est aisé pour un homme portant des explosifs sur lui de contourner le dispositif sécuritaire installé sur les axes routiers pour arriver éventuellement jusqu’à Alger. L’aide de réseaux de soutien lui est tout de même nécessaire. Et c’est précisément des réseaux de soutien que vient le plus grand danger. Le démantèlement de ces réseaux reste, pour diverses raisons, le point faible de la lutte anti-terroriste.
Surenchère par la violence
Concernant les commanditaires, Zemmouri et Thénia étant dans le territoire de la redoutable katibat El Arkam affiliée à Aqmi, il ne fait donc aucun doute que l’ordre est venu de cette katibat.
Les nouveaux émirs de cette phalange ont, probablement, chargé les seriates de Zemmouri, Leghata et des Issers de commettre cet attentat. L’explication est toute simple ; le véhicule transportant le terroriste et explosif a emprunté la route venant Zemmouri. Il a traversé le massif d’Ouled Ali, région entre le nord de Thénia et le sud de Zemmouri dont une grande partie est désertée par la population. Par ailleurs, les trois groupuscules cités plus haut sont, selon nos informations, conjointement impliqués dans le double attentat kamikaze qui a été perpétré la semaine écoulée à Bordj- Menaiel. Pour rappel, deux kamikazes se sont fait exploser en face du commissariat de cette ville. Le premier conduisant une camionnette Toyota Hilux chargée de plusieurs centaines de kilogrammes d’explosif s’est fait sauter pas loin du commissariat ratant son objectif de quelques dizaines de mètres. Au moment où des centaines de citoyens et policiers accoururent pour secourir d’éventuelles victimes, c’est-à-dire 35 minutes plus tard, un second kamikaze arriva conduisant une moto. Le plan d’attaque visait la foule pour tuer le plus grand nombre de civils ou d’agents de la police. Un policier identifia le kamikaze à moto et le neutralisa momentanément, le temps de donner l’alerte. Le courageux policier y laissa sa vie en accomplissant de manière héroïque son devoir. Malheureusement, l’explosion causa la mort dudit policier et d’un agent communal. 13 policiers et civils ont été blessés.
Le danger des bombes humaines
Il est clair que les terroristes ont constaté que les services de sécurité quadrillent bien le territoire et que les institutions sont assez bien protégées empêchant des kamikazes de faire de plus gros dégâts : les émirs passent donc à une nouvelle étape C’est connu, chez les islamistes radicaux, le leadership ne s’acquiert que par les plus grandes capacités génocidaires.
Ces derniers ont mis donc en place le double attentat kamikaze contre un même objectif. Plus grave, il semblerait que plusieurs nouvelles recrues, parfois non fichées par les services de sécurité, portent désormais des ceintures d’explosif. Par ailleurs selon une information non confirmée qui nous est parvenues il est fait état de l’acheminement d’un véhicule piégé pour exploser à Thénia à partir de Bouzaréah, ville de la périphérie d’Alger. Cette information soulève une autre question : Aqmi a-telle réussi à mettre en place un ou des réseaux de soutien dans la capitale ?
Attaquer le moral des populations
Il ne faut pas le cacher, l’attentat kamikaze de Bordj- Menaiel, ceux commis à l’aide de bombes artisanales dans les localités autour de la vallée d’oued Issers et la RN12 (Thénia–Tizi-Ouzou) et cette dernière tentative ont quelque peu perturbé le moral de la population. Nous avons maintes fois entendu de virulentes critiques contre les services de sécurité, accusés d’être laxistes. Par ailleurs, il ne faut surtout pas mépriser le flair des commanditaires des attentats. Ils ont choisi une période cruciale pour faire agir leurs groupuscules. Escomptant un impact conséquent, ils ont opté pour une période trouble au plan politique où le manque de communications des pouvoirs publics est évident pour agir violemment. De plus, la persistance de l’information sur le cheminement des armes venant de la Libye n’est pas faite pour rassurer les citoyens. En dernier lieu, les chefs terroristes ont choisi cette période précédant le mois sacré du Ramadan pour légitimer au sein de la mouvance des salafistes, le meurtre.
Abachi L.