À l’approche de la 11e Conférence des Parties de la Convention-Cadre pour la Lutte Antitabac (CCLAT), deux anciens directeurs de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) lancent un avertissement : ignorer la réduction des risques pourrait coûter 100 millions de vies d’ici à 2060. Cet appel, publié par Clearing the Air (EINPresswire, le 4 novembre 2025), invite les gouvernements à adopter une approche pragmatique pour intégrer les alternatives au tabac dans les politiques de santé publique.
Derek Yach, architecte des politiques antitabac de l’OMS dans les années 1990, et Tikki Pang, ancien responsable de la recherche en politiques de santé à l’OMS, signent cette tribune aux côtés de Chris Snowdon (Institute for Economic Affairs) et Peter Beckett (Clearing the Air). Ils plaident pour une révision profonde de la CCLAT, afin de permettre l’intégration des produits à risque réduit – tels que les produits du tabac chauffé, la vape ou les sachets de nicotine – dans les stratégies nationales.
Les auteurs dénoncent une tendance à durcir les restrictions sur ces alternatives, alors que leur efficacité est démontrée dans plusieurs pays. Ils alertent : les pays à revenu faible et intermédiaire, risquent de subir des décennies de pressions sanitaires et économiques si ces mesures ne sont pas adoptées rapidement. « La réduction des risques n’est pas une théorie, mais une stratégie éprouvée qui sauve des vies », affirment-ils.
Des exemples qui parlent
- Japon, Corée du Sud, Italie, Pologne, Allemagne : adoption massive des produits du tabac chauffé.
- États-Unis, Royaume-Uni, Russie, Roumanie : la prévalence du tabagisme baisse rapidement à mesure que des millions de personnes se tournent vers des alternatives moins risquées.
- Suède, Norvège, Danemark, Islande : usage généralisé du snus et des sachets de nicotine, avec des taux de cancer parmi les plus bas au monde. Ces pays démontrent que le comportement humain peut être réorienté de manière plus sûre lorsque différentes alternatives sont disponibles.
À l’inverse, dans des pays comme l’Indonésie, la Chine, l’Égypte, la Jordanie, les taux de tabagisme masculin dépassent encore 45 %.
Un appel au courage
Les auteurs invitent les gouvernements à dépasser les dogmes et à s’inspirer des approches pragmatiques déjà adoptées pour d’autres crises sanitaires.
Pour l’Algérie, où le tabagisme reste élevé et pèse lourdement sur la santé publique et l’économie, intégrer les produits sans fumée dans les politiques nationales constituerait une avancée majeure pour réduire les maladies liées au tabac et alléger la charge sur le système de santé.
