Plusieurs associations appellent depuis vendredi 05 mai 2017 l’Algérie et le Maroc à « assumer leurs responsabilités » et accueillir les réfugiés syriens bloqués à la frontière commune. Dans un communiqué, Human Rights Watch (HRW) a invité les deux pays à traiter les demandes d’asiles de ces réfugiés et de leur offrir des services appropriés pendant le traitement de leurs dossiers. Des associations maghrébines, syrienne et palestinienne de l’émigration ont quant à elles avertit sur le risque de violations des droits humains, estimant que cette situation est la conséquence l’approche « du tout-sécuritaire » adoptée à la frontière.
Un groupe de 55 réfugiés syriens est retenus depuis le 18 avril 2017 à zone frontalière située près de la ville marocaine de Figuig. Ils sont « pris au piège dans une zone désertique près de la frontière, où ils dorment à la belle étoile et sont dans l’incapacité de demander l’asile », a déclaré Human Rights Watch.
Syrian refugees stranded at border in squalid conditions as Morocco& Algeria squabble over responsibilities @hrw https://t.co/XnGIgv3NMi
— Sarah Leah Whitson (@sarahleah1) 5 mai 2017
Cette association explique sur la base de plusieurs témoignages que ces réfugiés sont arrivés à la frontière après avoir quitté la Syrie, traversé la Libye pour arriver en Algérie.
Les autorités marocaines ont accusé publiquement l’Algérie d’avoir expulsés ces demandeurs d’asile vers le Maroc. Le ministère algérien des Affaires étrangères a dénoncé des « allégations mensongères » visant « nuire à l’Algérie », accusant à son tour le pays voisin d’avoir tenté d’expulser ces réfugiés vers le territoire algérien.
« Alors que les autorités algériennes et marocaines se querellent pour déterminer lequel des deux pays doit accueillir les Syriens, des hommes, des femmes et des enfants sont pris au piège dans une zone désertique près de la frontière », a regretté HRW.
Cette ONG a ensuite appelé les autorités des deux pays à « assumer leurs responsabilités » en envisageant des « demandes de protection en fonction des préférences des demandeurs d’asile syriens » et « veiller à leur garantir un accès aux services nécessaires ».
« Coupables de non-assistance »
D’autres associations marocaines, algériennes, tunisiennes, syrienne et palestinienne ont également exprimé leur solidarité avec ces demandeurs d’asile. Dans un communiqué conjointement signé, ces organisations ont accusé les deux autorités de « non-assistance à des personnes en danger ».
« Les autorités des deux pays passent aujourd’hui leur temps à se renvoyer la responsabilité sans venir en aide à ces réfugiés. Elles sont coupables de non-assistance à personnes en danger », lit-on.
Les cosignataires de ce communiqué ont ensuite avertit contre de « graves violations des droits humains » que peut susciter « la militarisation des frontières algéro-marocaines ».
« Depuis plusieurs années, les deux armées chassent les migrants sub-sahariens d’une frontière à l’autre. Et aujourd’hui, en flagrant délit d’atteinte aux droits des réfugiés et de la Convention internationale de Genève relative à la protection des réfugiés, elles bafouent le plus élémentaire des droits humains : celui d’accueillir des demandeurs d’asile fuyant la guerre dans leur pays », rajoute-t-on.
Ces associations estiment ainsi que ces cas sont « les conséquences de l’approche du tout-sécuritaire imposée aux peuples de la région, qui aspirent à un Maghreb des peuples ouvert, solidaire et démocratique ».
Elles sont ains exigés « des autorités marocaines et algériennes d’assurer la protection des réfugiés, de les accueillir dignement, et de leur garantir instamment l’acheminement des vivres et des soins », interpellant « les instances internationales pour une solution rapide dans le respect du droit et des conventions internationales ».