Réfugiés originaires de Tartous, Alep et Homs Les Syriens envahissent rues et mosquées

Réfugiés originaires de Tartous, Alep et Homs Les Syriens envahissent rues et mosquées

Hier, une des familles syriennes réfugiées au square Port Saïd, en plein centre d’Alger, a sollicité notre aide. Venus de Tartous où les combats sont intenses entre l’armée syrienne et les insurgés, les réfugiés syriens dont le nombre ne cesse d’augmenter ont envahi Alger et ses mosquées.

Le père de cette famille, Abdoussalam Hannah Mahmoud, a raconté leurs souffrances et comment lui et sa famille, ainsi que beaucoup d’autres, ont regagné Alger. «Nous sommes originaires de Tartous, une ville côtière à 160 km de la capitale Damas. Dans cette ville, les manifestations anti-Assad ont débuté l’année passée, entre la fin du mois d’avril et début du mois de mai.

Tout le monde est sorti, à l’instar des autres villes syriennes, sauf bien sûr Damas et Alep, pour réclamer le départ du Président El Assad. Jusqu’ici tout allait bien, mais quelques jours après les manifestations, l’armée syrienne a assiégé toutes les voies menant à Tartous et commencé à tirer sur tout ce qui bouge», relatait hier le père, pleurant sur la situation actuelle de sa famille, de son pays et de ses proches.

L’homme ne sait plus quoi faire, il est responsable de cinq personnes et doit subvenir à leurs besoins. Le square est devenu un espace pour les Syriens qui ont sauvé leur peau et  regagné Alger par voie maritime, mais à quel prix. «J’ai payé une somme faramineuse pour sauver mes enfants et ma femme.

Je ne peux pas vous dire combien, mais des dizaines de milliers de livres que j’ai déboursés pour arriver en Algérie après une escale en Egypte et en Libye», ajoute ce père de famille. Cette dramatique situation des Syriens, qui n’ont pas encore le statut de réfugiés, n’a suscité, jusqu’à présent, aucune réaction officielle de nos responsables. En attendant, ils vivent de la charité des citoyens algériens.

A Birkhadem, les réfugiés syriens ont envahi les mosquées, à El Biar, ce sont les boutiques qui sont leur cible

A El Biar, selon plusieurs témoins, des réfugiés syriens, dans la majorité sont des femmes, se sont adressés aux propriétaires de magasins afin de les aider à survivre.

«Des femmes munies de plusieurs papiers et de passeports bleus (syriens), sont entrées et elles ont demandé aux clients et au propriétaire de leur donner de l’argent», nous a raconté une femme originaire de Scala. Rassemblés à l’entrée principale des mosquées de la commune de Birkhadem, les réfugiés syriens, surtout des hommes, ont sollicité avant-hier, juste après la fin de la prière du vendredi, les fidèles afin de les aider financièrement.

En possession de passeports bleus, ils ont demandé aux fidèles de les aider à se nourrir, d’autant qu’il ne leur reste plus rien. Selon une version, la plupart des réfugiés syriens actuellement en Algérie sont des gitans «hadjer». Un peuple qui connaît des mouvements migratoires à longueur d’année, cela confirme peut-être  comment un nombre aussi important de réfugiés syriens ont choisi l’Algérie au lieu d’autres pays limitrophes de la Syrie.

Ce sont donc des voyageurs. Revenons à la solidarité algérienne avec les réfugiés syriens. Beaucoup d’Algériens ont répondu favorablement à leurs doléances. Certains ont donné de l’argent, d’autres les ont carrément invités quelques-uns à partager la table du f’tour au moment de l’adhan. Des scènes de solidarité et de générosité à l’algérienne. Mieux, des associations à caractère non gouvernemental commencent à organiser l’aide humanitaire en direction de ces familles syriennes.

Les préparatifs vont bon train dans plusieurs villes du pays, là où des dizaines de familles syriennes ont accosté. A Jijel, Béjaïa, Oran et Sétif, les Syriens sont partout. Ils ont fui les combats et l’atrocité des groupes terroristes qui n’hésitent pas à massacrer la population et attribuer leurs méfaits à l’Etat syrien, comme ce fut le cas durant la décennie noire en Algérie. En plus des dons collectés pour ces familles syriennes, les associations d’aide humanitaire algériennes tentent, actuellement, de recenser ces Syriens afin de mieux s’organiser.

Il s’agit de connaître le nombre des réfugiés, cerner leurs besoins et proposer des solutions efficaces dans un cadre organisé. Même mobilisation chez le réseau Nada de défense et de protection des droits des enfants. Ce réseau est en contact avec les représentants du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en Algérie et d’autres parties pour déterminer l’axe d’intervention au profit des réfugiés syriens.

Sofiane Abi