Réfugiés africains et syriens, Les responsables s’en lavent les mains

Réfugiés africains et syriens, Les responsables s’en lavent les mains

De plus en plus nombreux, les réfugiés africains et syriens ne laissent plus personne indifférent. Hier, dans la wilaya de Béjaia, des organisations de la société civile sont sorties dans la rue pour exprimer, haut et fort, leur solidarité avec ces milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, vivant dans des conditions difficiles.

Cette action initiée, entre autres, par le MDS, la Laddh, le Collectif des étudiants de Béjaïa et Amnesty International a drainé une centaine de personnes. Le laisser aller des autorités publiques devant leur situation dramatique a été dénoncée et l’urgence de leur prise en charge a été mise en avant.

Cette action, une première, intervient alors que ces réfugiés vivent depuis des mois, voire des années, dans des conditions difficiles, partout sur le territoire national. Faut-il rappeler à cet effet, qu’aucune wilaya n’est épargnée et que ces réfugiés se sont dispersés à travers le pays en quête d’un minimum pour survivre. La plupart d’entre eux recourent à la mendicité.

Certains sont victimes de dépassements, d’agressions, voire même de viol. A Alger, à titre d’exemple, les citadins ont fini par s’y habituer et ce, compte tenu de leur nombre important. Pis encore, ces réfugiés s’installent, chaque jour que Dieu fait, dans les principales artères et placettes, sans que leur présence ne fasse réagir les autorités publiques. A la nuit tombée, ils se réunissent dans des endroits où ils passent la nuit afin de se prémunir contre le risque d’agressions.

Item pour la wilaya de Tizi Ouzou, ou la présence des réfugiés africains est devenue un véritable phénomène qui suscite incompréhension et curiosité parmi les habitants. Mais le point qui mérite d’être relevé est la réaction des Algériens par rapport à ce flux migratoire. Certes, des comportements de mépris sont souvent signalés, mais la solidarité affichée par les citoyens n’est pas à occulter.

D’ailleurs, ces mêmes réfugiés n’auraient jamais recouru si massivement à la mendicité en choisissant les lieux les plus fréquentés tels que les gares routières, les marchés et les établissements publics pour demander quelques dinars, s’il n’étaient pas assurés de la générosité affichée à leur égard.

En fait, les Algériens ont toujours manifesté de la sympathie pour ces familles. Outre l’argent, des dons en nourriture, en habillement et en couvertures leur sont souvent offerts. Dans un marché populaire de la capitale, un père de famille, nigérien, approché par nos soins, a reconnu qu’il n’a jamais eu  » faim depuis qu’il est en Algérie « . Il a toutefois exprimé des regrets quant à l’impossibilité de trouver du travail pour subvenir dignement aux besoins de sa famille.

On apprend que dans la région de Médéa, de nombreux réfugiés travaillent dans des chantiers privés, au noir et sont très mal payés. Aussi, le problème de l’hébergement continue à se poser. Un problème qui devient une véritable urgence, sachant que la saison hivernale approche et que ces familles ne peuvent passer la nuit à la belle étoile indéfiniment.

A leur arrivée, des réfugiés syriens ont été hébergés dans un centre de transit à Alger. Mais ce centre, apprend-on, ne peut abriter tous les réfugiés qui affluent sur l’Algérie, dont la plupart fuient la guerre et la misère. Interpellé, la semaine dernière, sur le sort de ces réfugiés, la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Mounia Meslem, a annoncé depuis In Guezzam à Tamanrasset, qu’une feuille de route sera bientôt élaborée pour une meilleure prise en charge de ces migrants africains en Algérie.

« Le gouvernement se réunit régulièrement pour élaborer une feuille de route opérationnelle pour résoudre les problèmes des migrants africains en leur fournissant des locaux pour les regrouper et une prise en charge alimentaire et sanitaire avec la contribution de tous les secteurs », a-t-elle affirmé.

Elle a également précisé que « les migrants africains n’ont pas encore le statut de réfugiés, car ce n’est pas à l’Algérie de dire qu’ils sont ou non des réfugiés », ajoutant que « ce sont des migrants issus de pays africains voisins et amis ». De son côté, la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, a affirmé que « tous les enfants des migrants présents en Algérie, ont le droit d’être scolarisés ».

M. A. C.