Réformes présidentielles,Les réserves de Louisa Hanoune

Réformes présidentielles,Les réserves de Louisa Hanoune
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«Les réformes annoncées par le président de la République lors de son dernier discours, pour bonnes qu’elles soient, n’auront aucun effet dans l’immédiat. Par conséquent, tous les risques sont réunis».

Ce réquisitoire a été fait hier par le Parti des travailleurs (PT) qui ne cache pas sa désapprobation aux projets annoncés par le chef de l’État. «Nous n’avons aucun doute sur les bonnes intentions de Bouteflika. Mais, il y a un décalage entre sa volonté (le président) et ceux qui sont chargés de mener ces réformes», a déclaré Louisa Hanoune lors d’une conférence de presse.



«Les réformes annoncées sont insuffisantes et ne comblent pas les déficits existants. On s’attendait à la dissolution de l’Assemblée populaire nationale. On s’attendait au limogeage du gouvernement et à l’autorisation des marches dans la capitale… Bref, dans ces réformes, il y a la forme et non le fond», poursuit-elle. Pour elle, «les véritables réformes, c’est d’abord l’édification des institutions élues par le peuple». «La situation d’aujourd’hui exige de nous des mesures beaucoup plus audacieuses», dit-elle. Abondant dans le même sens, la patronne du PT souligne qu’«on ne peut pas faire du neuf avec du vieux», allusion faite aux députés élus en 2007 avec un taux de participation de 37% et au staff gouvernemental qui a échoué, selon elle, à mettre en exécution le programme du président de la République. «Cette assemblée (APN) est illégitime et ne sert à rien. Elle est infestée par des microbes de la corruption et de la gangrène. A l’intérieur de cette institution il y a des gens qui confondent politique et affaires», peste Hanoune qui précise que «des institutions mortes ne peuvent pas produire un régime politique vivant». La première secrétaire du Parti des travailleurs réitère sa revendication qui consiste à aller vers une constituante. «La constituante est plus que jamais d’actualité. C’est une exigence incontournable. C’est le socle de tout un régime démocratique», argumentera-t-elle. Elle a mis en garde sur le risque «d’un coup d’Etat similaire à celui de 1965, si la révision de la Constitution est faite par une commission désignée». «On est contre cette commission. La constitution doit être soumise à un large débat. Si le peuple n’est pas associé dans l’élaboration des textes, il se retournera contre l’Etat», soutient-elle, affichant ses inquiétudes sur une éventuelle révision de la Constitution par le Parlement actuel. S’agissant de la révision de la loi sur les partis politiques, Louisa Hanoune, affirme que «l’administration ne doit pas s’ingérer dans les affaires internes des partis». «Le président dit que cette nouvelle loi définira le rôle et la mission des partis. Moi je dis qu’on ne peut pas changer la nature des partis. Ce n’est pas à l’administration de tracer leurs programmes et de leur imposer le principe de représentativité des femmes», dit-elle. Quant au code de wilaya, la première dame du PT affirme que «son parti aura son mot à dire au moment de la révision». Par ailleurs, Louisa Hanoune trouve «anormal» le fait que le président de la République n’ait pas évoqué, dans son discours à la nation, les mouvements de protestation qui s’intensifient à travers le pays et les émeutes de janvier dernier.

Hocine Larabi