L’opposition politique a fait, hier, l’objet de critiques acerbes de la part du président de l’APN, Abdelaziz Ziari.
Pour lui, si les partis de l’opposition ont tourné le dos à l’instance des consultations sur les réformes, dirigée par Bensalah, c’est beaucoup plus parce qu’ils ne veulent pas se mettre en compétition tant ils n’ont pas de programmes alternatifs à proposer.
Aussi, ajoute-t-il, si l’opposition a le droit de contester la forme choisie, à savoir l’installation de la commission Bensalah, elle ne doit pas, en revanche, démissionner de la scène politique. “La forme choisie, qui n’est pas un modus operandi unique, peut être contestée, certes, mais le fond des consultations est plus important, car il s’agit de faire avancer le processus démocratique dans notre pays”, a-t-il commenté, sur les ondes de la radio chaîne III. M. Ziari juge ainsi que les partis qui nient et refusent les consultations “ne travaillent pas pour l’intérêt de l’Algérie”. En sa qualité de troisième personnalité politique sur l’échiquier de l’état, il appelle les frondeurs à tenir des tables rondes entre eux et que leurs propositions seront tout aussi entendues et prises en compte, pourvu qu’elles convainquent la majorité. Cependant, M. Ziari n’a pas dit où et comment les partis de l’opposition peuvent tenir ce genre de rencontres. Encore faut-il qu’elles soient autorisées ? Poursuivant ses diatribes, le président de l’Assemblée nationale n’a pas hésité à désigner l’opposition de “faible” en matière de programmes et de projets de société. “L’opposition est faible, elle n’arrive pas à proposer des solutions dans plusieurs domaines tels que l’emploi ou encore la dépendance excessive et dangereuse de l’Algérie vis-à-vis de la rente pétrolière.” Pour M. Ziari, les représentants de l’opposition doivent désormais se démarquer de leur syllogisme du “poussez-vous qu’on s’y mette”, s’ils veulent réellement s’imposer et convaincre le peuple à les élire. “Quand les partis politiques sont discrédités, le peuple ne va pas aux urnes.” D’où son appel à la valorisation de tous les partis là où ils se trouvent. Aussi faut-il, selon lui, “dépasser tous les atavismes”. Reprenant une phrase de feu M’hamed Yazid, M. Ziari se lamente sur le fait que “nous étions dans un système de parti unique et que nous nous retrouvons aujourd’hui dans un système de parti unique !”.
Contestation sociale : “C’est une accumulation de non-dialogue”
Concernant les réformes politiques engagées par le chef de l’état, M. Ziari, qui a pris part aux consultations, aux côtés du président de son parti (FLN) reçu par la commission Bensalah, a réitéré son opposition à l’élection d’une assemblée constituante, et à la limitation des mandats présidentiels. “Depuis l’Indépendance, nous n’avons jamais prêché la limitation des mandats. La seule fois que cette tendance s’est imposée ce fut en 1996, dans un contexte conjoncturel”, a-t-il rappelé.
également en ce qui concerne la constituante, M. Ziari juge que ce type d’organisation n’est plus de mise tant que l’Algérie ne sort pas d’une crise comme ce fut le cas en 1962, ou encore au lendemain de la tragédie nationale. Il considère que l’Algérie dispose d’institutions donc “nous n’avons aucune raison d’aller vers une constituante”. S’agissant de la révision de la Constitution, le président de l’APN juge qu’“il faut d’abord mettre un terme au discrédit”, avant de procéder à sa révision. Lequel discrédit se traduit, selon les propos de M. Ziari, entre autres, par le manque de dialogue avec le front social.
à ce titre, M. Ziari reconnaît clairement qu’“il y a problème de fonctionnement dans la gouvernance”. D’où son appel à ouvrir le dialogue et une concertation avec tous les fonctionnaires, jugeant au passage que le député n’est pas chargé de régler les problèmes d’une corporation de fonctionnaires. M. Ziari, qui déclare son soutien aux syndicats autonomes, s’interroge : “pourquoi les différents syndicats ne fonctionnent pas à temps plein ?”. Pour M. Ziari, l’embrasement du front social n’est que le résultat d’une “accumulation de non-dialogue”. Le Cnes n’a pas été épargné par M. Ziari, qui appelle désormais à “faire travailler” cette institution, jugeant que l’Algérie est sortie de l’ère des injonctions.
Dans la foulée, M. Ziari ne manque pas de lâcher cette boutade jusque-là pas chère à lui : “on a besoin d’un état sérieux !”. La suite de l’intervention de l’invité de la chaîne III n’est que littérature…