Le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, a été l’invité d’une conférence-débat organisé vendredi à Washington par le Think tank américain Center for Strategic and International Studies (CSIS), qui a été consacré à l’Algérie et aux transformations politiques en cours en Afrique du nord et au Moyen-Orient.
Clôturant sa visite aux Etats-Unis, cette conférence a été tenue en présence de membres de ce centre de réflexion, de représentants du département d’Etat, d’universitaires américains, de représentants d’organisations non gouvernementales et de la presse internationale. Après avoir fait une rétrospective politique et économique sur l’Algérie, le chef de la diplomatie algérienne a souligné que les nouvelles réformes engagées sont consacrées par six lois organiques, promulguées jeudi et dont il a donné un bref aperçu, et la prochaine révision de la Constitution prévue pour le 2e semestre 2012. L’Algérie, a-t-il souligné, s’est tracée trois objectifs fondamentaux : le renforcement du champ démocratique, l’amélioration de l’environnement économique pour stimuler l’investissement local et étranger et la diversification de l’économie. Interrogé par le directeur du programme du Moyen-Orient au CSIS, M. Jon Alterman, sur la contribution que pourrait apporter l’Algérie à la Libye pour y rétablir durablement la paix, M. Medelci a souligné qu’avec ce pays, l’Algérie ambitionne de construire le Maghreb où un nouveau système politique est en train de se mettre en place. Si la coopération ne sera pas de nature financière étant donné que la Libye est un pays riche, « elle peut être très importante sur le plan politique », a-t-il estimé. Considérant que les événements connus par ce pays sont un véritable «séisme» qui ne va pas être sans conséquence à l’avenir, M. Medelci a fait valoir que la réconciliation entre les Libyens était impérative et que l’Algérie, de par son expérience en la matière, pourrait apporter sa contribution si la partie libyenne le demandait. Pour le ministre, «la volonté est présente dans les pays du Maghreb à construire et à donner sa chance à cet espace régional afin de mieux intégrer leur économie et mieux coordonner leurs actions avec les pays tiers. »
A une question sur les perspectives des rapports entre l’Algérie et le Maroc, M. Medelci a affirmé que les relations sont « quasi-normalisées », ajoutant que les deux pays veulent avoir « des relations normales et, pourquoi pas, privilégiées dans le futur ». A ce propos, il a souligné que depuis une année, un système de coopération bilatérale a été mis en place dans des domaines sensibles, citant notamment les accords passés en matière de l’énergie, l’agriculture, les ressources en eau, l’éducation et la jeunesse et les sports. L’Algérie et le Maroc « sont inscrits dans une perspective d’amélioration de leurs rapports », a-t-il avancé. A la question de savoir si une coopération sécuritaire dans la région était prévue entre l’Algérie et le Maroc, M. Medelci a répondu que la sécurité était « fondamentale » car tous les pays ne peuvent rien faire s’ils n’arrivent pas à lutter contre le terrorisme. Cependant, a-t-il tenu à préciser, il y a d’autres aspects dangereux tels que le trafic de drogue et celui des armes « qui alimentent également l’insécurité. »
A une autre question soulevée par une représentante d’une ONG américaine qui lui demandait si la mission d’observateurs de la Ligue arabe en Syrie n’était pas une forme d’ingérence, le ministre a considéré que la situation dans ce pays arabe était telle qu’une médiation était nécessaire. En effet, a-t-il soutenu, « il était de la responsabilité de la Ligue arabe dont la Syrie est membre fondateur, d’entreprendre le rôle de médiateur pour éviter, justement, l’ingérence », ajoutant qu’il y a « quelques chances que la solution soit arabe. »
Il est à souligner que le Think tank CSIS, basé à Washington, conduit des études politiques et des analyses stratégiques sur de nombreux sujets en relation avec la politique, l’économie, la sécurité, la finance, la technologie et l’énergie. Parmi les membres de son conseil d’administration figurent notamment Henry Kissinger, ex. secrétaire d’Etat américain, et Zbigniew Brzezinski, l’ancien conseiller national de sécurité de l’ex-Président américain Jimmy Carter.
Les partis islamiques déjà présents dans la vie politique en Algérie
Le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, a déclaré à Washington que les partis islamiques étaient déjà présents dans la vie politique de l’Algérie et qu’une éventuelle victoire de ce mouvement dans les prochaines élections législatives « ne constitueraient pas un événement ».
Le chef de la diplomatie algérienne a tenu ces propos lors d’une conférence-débat organisé par le prestigieux Think tank américain Center for Strategic and International Studies (CSIS), qui a été consacré à l’Algérie et aux transformations politiques en cours en Afrique du nord, en présence de membres de ce centre de réflexion, de représentants du département d’Etat, d’universitaires américains, de représentants d’organisations non gouvernementales américaines et de la presse internationale. Interrogé par un professeur de l’université John Hopkins sur une éventuelle victoire d’islamistes lors des prochaines élections législatives en Algérie, et ce, à l’instar d’autres pays de la région, M. Medelci a répondu que « l’islamisme est déjà une réalité en Algérie », rappelant que les partis de cette obédience sont présents au parlement depuis une vingtaine d’années ainsi qu’au gouvernement depuis plus d’une décennie.
Contrairement à l’Algérie où les partis islamiques font déjà partie de la vie politique depuis plusieurs années, a-t-il poursuivi, les organisations politiques islamiques qui sont sorties victorieuses des récentes élections parlementaires dans des pays de la région, étaient, dans un passé récent, « interdites et non reconnues dans ces mêmes pays et étaient privées de toute action politique. » En conséquence, a ajouté le ministre, en cas de victoire des partis islamiques dans les prochaines élections en Algérie, « cela ne constituera pas un événement. » A la question d’un autre participant qui demandait au ministre si l’Armée algérienne interviendrait pour interrompre le processus, en cas d’une victoire de ces partis, M. Medelci a souligné que l‘armée algérienne « est une armée républicaine qui respecte les règles du jeu de la Constitution algérienne ».
En outre, a-t-il encore précisé, « l’islamisme en Algérie n’est pas une perspective car il y est déjà et que le système politique algérien a déjà, depuis plusieurs années, intégré et admis de donner la place aux islamistes ». Néanmoins, a-t-il ajouté, la loi de la réconciliation nationale instaurée suite à la tragédie nationale créée par le terrorisme « a tracé une ligne rouge » qui a été prise en compte par la nouvelle loi sur les partis qui interdit le retour de toute personne responsable de l’exploitation de la religion ayant conduit à la tragédie nationale de fonder un parti politique ou de participer à sa création. Pour M. Medelci, c’est la volonté populaire qui avait voté pour la loi de la réconciliation nationale laquelle a instauré cette ligne rouge et qu’il fallait, en conséquence, s’en inspirer dans l’élaboration de la nouvelle loi sur les partis politiques. Au cours de cette conférence-débat, les participants ont également interrogé le ministre sur la vision de l’Algérie vis-à-vis des bouleversements politiques qu’ont connus plusieurs pays arabes, la question syrienne, les relations entre l’Algérie et le Maroc et les réformes économiques.