Réformes politiques, Des consultations en vase clos

Réformes politiques, Des consultations en vase clos

Samedi 21 mai 2011. Il était 8h lorsque nous sommes arrivés au siège de la présidence de la République à El Mouradia pour assister à la première séance de consultations en prévision des réformes politiques.

La veille, nous avons été avisés de la nécessité d’arriver à l’heure indiquée à la Présidence pour récupérer les badges confectionnés sur accréditation préalable. Plusieurs journalistes étaient déjà dans la salle d’attente en attendant d’être autorisés à accéder à la salle de presse aménagée à cet effet. «Nous sommes arrivés ici à 7 h du matin», diront les équipes de la Radio nationale.

Celles de la télévision et de l’APS étaient là plus tôt. Mais l’attente fut longue pour les gens des médias qui arrivaient en masse à l’ouverture de ce rendez-vous politique. Outre la composition de l’instance de consultation présidée par Abdelkader Bensalah et ses deux coordinateurs Mohamed Ali Boughazi et Mohamed Touati et les invités de ce premier jour, les gens de la presse n’avaient aucune autre information sur la façon avec laquelle vont se dérouler les consultations.

Des informations au compte-gouttes

Réflexions journalistiques obligent, les représentants des médias étaient à la recherche de plus amples informations sur le rendez-vous. Un sujet qui a suscité moult interrogations au sein des groupes restreints qui se formaient à l’intérieur de la salle d’attente et dans le couloir.

Les informations parvenaient au compte-gouttes. «On espère qu’on aura l’occasion d’assister aux discussions en direct», se disaient les journalistes. «Non, on n’aura pas accès à l’intérieur de la salle. Peut-être un résumé, un communiqué ou une déclaration finale qui résumerait l’intitulé de la séance de consultation», répondent d’autres.

«Au fait, ça dure combien de temps ?» Les plus informés affirment que cela va dépasser un mois, voire 40 jours. «C’est trop», commente la majorité. «Eh oui, on prévoit plusieurs invités».

«On reste là toute la journée ?» «Oui, ça peut durer jusqu’à une heure tardive de la journée. On travaillera les jeudis et les samedis aussi. La commission ne siège pas les vendredis seulement», a-t-on appris sur place de la part des collègues. Des informations qui préoccupaient les gens des médias vu que le rythme de travail annoncé était assez chargé.

Pas de programme des invités

Entre-temps, les éléments de la présidence chargés de préparer l’opération étaient en train de vérifier l’identité des invités de la presse et remettaient les badges nominatifs pour certains et ordinaires pour la majorité. Les hommes des médias n’ont pas mis beaucoup de temps pour découvrir le lieu qui leur a été réservé.

Une grande salle équipée en matériel informatique et autres outils de travail au nombre très réduit et une cafétéria. De l’autre côté de la salle étaient installés un pupitre et des caméras. Les journalistes attendaient la suite des évènements en regardant les organisateurs qui faisaient des allers-retours pour s’assurer que tout est en place. «On peut avoir le programme des invités», demandent les journalistes. «Vous l’aurez dans un moment», répond M. Bekhouche, directeur de communication du Sénat.

Quelque temps plus tard, il revient avec un paquet de communiqués à la main. «Voici l’allocution du président de la commission en arabe et en français», dira-t-il en la distribuant aux journalistes. Aux environs de 11h, on demande aux journalistes de se mettre du côté aménagé pour les invités de la commission. Djamel Benadessalem, président d’El Islah, arrive et fait sa déclaration face à la presse.

4 minutes d’intervention et pas de questions

On apprend à cet instant que l’intervenant dispose de quatre minutes pour exposer un résumé des propositions qu’il a présentées devant la commission sans s’adonner au jeu des questions-réponses avec les journalistes. C’est à ce rythme que se sont déroulés les vint-cinq jours des consultations. Les journalistes arrivent le matin, assistent aux déclarations et font leur travail sur place ou dans les salles de rédaction. On autorise quelques déclarations en marge de la déclaration lorsqu’il s’agit des acteurs de la société civile.

La séance de l’après-midi commence à 15 h et parfois un peu avant lorsqu’il y a plus d’un invité. Certains médias ont fait la filtration des invités et préfèrent assister aux hommes politiques influents seulement. Les hommes des médias ne trouvent pas beaucoup d’interlocuteurs ni de réponses aux questions qu’ils souhaitent poser. La seule information autorisée est celle du programme des invités du lendemain. Même la liste portant les noms des intervenants n’est pas remise aux médias.

Le point de Boughazi chaque samedi

Tous les samedis, les hommes de la presse ont rendez-vous avec Mohamed Ali Boughazi, porte-parole de l’instance qui vient lire une déclaration récapitulative de la semaine précédente en répondant au nombre minimum des questions posées par l’assistance.

Nous avons assisté au défilé des chefs de partis politiques, des organisations des jeunes, des étudiants, de la société civile, des organisations et du monde juridiques et autres personnalités nationales pendant que les journaux relataient les informations sur le boycott des uns et des autres à ces concertations.

Mais aucune information n’a filtré sur le contenu de la liste des invités et sur les autres étapes qui suivront ces consultations ordinaires. Les déclarations de M. Boughazi restent aussi vagues sur ce sujet. Même l’arrêt des consultations de trois jours observé par la commission a été une surprise pour les gens des médias.

Le porte-parole de l’instance a expliqué que cette «pause» servira à des travaux internes. On n’en saura pas plus à la reprise des consultations qui a eu lieu à la clôture des assises sur la société civile.

N. B.