Abdelkader Bensalah, l’actuel président du Sénat, serait-il « la personnalité nationale » qui pilotera les réformes politiques du président Bouteflika ou bien sa mission se limitera à la conduite des consultations avec les partis politiques et les personnalités nationales ?
Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lors du Conseil des ministres tenu lundi, s’est étalé avec d’amples précisions sur le programme de réformes annoncé dans son discours à la nation du 15 avril dernier. Il a fixé et clarifié les grandes lignes de ses profondes réformes tout en avançant cette fois-ci l’échéance et le schéma que devraient suivre leurs mises en oeuvre.
Mais le nouveau projet du chef de l’État requiert, selon lui, le concours d’une «personnalité nationale» afin de lui donner corps et se concrétiser dans les délais requis, et ce, en consultation avec les partis politiques et les personnalités nationales. «Ceux-ci, seront largement consultés sur toutes les réformes politiques à promouvoir. Dans ce cadre, des rencontres seront bientôt entamées sous la direction d’une personnalité nationale que je désignerai à cet effet.
Ces consultations politiques seront notamment l’occasion de recueillir les vues et propositions des partis et des personnalités sur l’ensemble des réformes annoncées, et notamment sur la prochaine révision de la Constitution», lit-on dans le communiqué du Conseil des ministres. Bouteflika désignera ensuite une commission «compétente» qui recevra les propositions et suggestions des partis et personnalités pour préparer le projet de révision de la Constitution.
Une fois son travail achevé, cette commission présentera au président le projet de réforme de la Constitution dont la «mouture finale» sera soumise à l’APN. Si le projet de révision «se révèle profond», le peuple devra, «après le Parlement», se prononcer sur la Loi fondamentale par la voie d’un «référendum transparent».
Par ailleurs, le gouvernement aura la responsabilité de «préparer, à la lumière des vues et propositions des partis et personnalités nationales», les projets de lois découlant du programme des réformes politiques.
S’agissant du calendrier de mise en oeuvre de ces réformes, le chef de l’État a précisé que la totalité de ces réformes devra être sur le bureau de l’Assemblée populaire nationale au plus tard au début de sa prochaine session d’automne, afin qu’elles soient débattues et votées par l’actuelle législature.
Mais, pour mener à bon port toutes ces réformes, le président a annoncé qu’il désignerait «une personnalité nationale », battant en brèche les allégations qui avaient fait état qu’il aurait déjà confié cette mission au département ministériel de Dahou Ould Kablia. Dans le communiqué du Conseil des ministres, publié par l’APS, l’identité de «la personnalité nationale» sur laquelle Bouteflika souhaiterait s’arc-bouter pour concrétiser ses réformes est restée inconnue.
Peu de temps après, un communiqué de la Présidence désigne Abdelkader Bensalah comme l’homme sur lequel le choix est porté pour conduire les consultations avec les partis et personnalités politiques. «Dans le cadre du cheminement des réformes politiques qu’il a explicité ce jour, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a désigné Abdelkader Bensalah pour la conduite des consultations avec les partis politiques et les personnalités nationales», lit-on dans ce communiqué.
Mieux encore, le communiqué précise que les consultations politiques que Bensalah animera seront l’occasion de recueillir les vues et propositions des partis politiques et des personnalités nationales «sur l’ensemble des réformes annoncées », notamment sur la prochaine révision de la Constitution.
Cela revient à dire que «la personnalité nationale» qui devrait piloter les réformes politiques du président serait l’actuel président du Sénat. Partant de là, la confusion s’installe, car rien ne précise si la mission de Bensalah se limitera à la conduite des consultations avec les partis ou se verrat- il chapeauter la totalité des réformes prévues par le président ?
La question pourrait susciter, sans nul doute, moult interrogations et découragerait encore plus une grande partie de la classe politique qui a déjà exprimé ses mécontentements et son insatisfaction quant aux réformes politiques contenues dans le discours à la nation du 15 avril dernier.
Sans aucun doute, le choix de cette personnalité qui n’a jamais été outre qu’en accointance avec les décisions du sérail ne rassurerait aucunement l’opposition, à l’instar du FFS, du RCD ainsi que du PT et du MSP à un degré moindre, qui sont persuadés qu’il est insensé de faire du neuf avec du vieux.
Indubitablement, Bensalah ne serait pas, à leurs yeux, l’homme qui pourrait avoir le génie de fédérer le maximum de formations et personnalités politiques nationales, si divergentes soient-elles, autour du nouveau projet politique du chef de l’État, mais celui qui incarne le pouvoir. Après avoir été élu député FLN de 1977 à 1987, Abdelkader Bensalah a été nommé ambassadeur en Arabie Saoudite puis porte-parole des affaires étrangères jusqu’en 1993.
À la même année, Liamine Zeroual le désigne parmi les membres de la Commission du dialogue national. En 1994, il a été nommé président du Conseil national de transition (CNT), avant qu’il ne préside le RND. Président de l’APN de 1997 à 2002, Bensalah a été appelé par Bouteflika à prendre les rênes du Sénat suite au décès de Mohamed- Chérif Messaâdia.
Hamid Mohandi