Même si l’actualité est dominée par le feuilleton du bras de fer engagé entre le ministre de la communication, Hamid Grine, et les responsables du quotidien arabophone El Khabar autour de la transaction commerciale entre eux et l’homme d’affaires, patron de Cevital, Issâad Rebrab, le président de la république, comme de coutume, n’a pas manqué d’adresser un message aux médias à l’occasion de la célébration de la journée internationale de la liberté de la presse.
Dans ce message dans lequel il a évoqué le rôle de la presse algérienne depuis sa naissance dans le feu de la révolution contre le colonialisme jusqu’à la décennie noire et sa lutte contre le terrorisme, Abdelaziz Bouteflika, au regard de la conjoncture difficile que traverse le pays a invité les médias dans leur diverses tendances à sensibiliser la société sur les enjeux de l’heure induits par la crise mondiale. Un message sibyllin comme pour leur suggérer de ne pas jouer aux cassandres, encore moins de cultiver le pessimisme. «Je suis convaincu qu’au regard de leur degré élevé de conscience nationale, les acteurs du secteur sauront contribuer à transmettre, par leurs idées et leur professionnalisme, l’image authentique de l’Algérie et à fournir au citoyen algérien un produit médiatique intègre, notamment dans le monde actuel marqué par la tyrannie des plus forts qui œuvrent à minimiser et à dévaloriser tout ce qui va à contre courant de leurs visions et de leurs intérêts, et le drame que vivent, depuis quelques années, certains pays arabes et musulmans en est la preuve édifiante », a déclaré le président de la république. «L’Algérie fait face aujourd’hui à de nouveaux défis, des défis induits par le saut qualitatif que nous nous devons de poursuivre et sur divers plans ainsi que d’autres imposés par la crise multiforme que traverse le monde », admet Bouteflika.
C’est pourquoi, il estime que les médias sont appelés à jouer un rôle primordial dans cette conjoncture cruciale. «Concernant les défis de la réforme nationale, le secteur de l’information dans notre pays fournira un service important à notre société en contribuant à expliquer l’impératif de la consolidation de l’Etat de droit et à convaincre de la nécessité de réhabiliter l’effort et le travail et de promouvoir la qualité, des valeurs qui permettent d’être au diapason des pays émergents parmi lesquels l’Algérie mériterait légitimement sa place », a-t-il dit. «Et dans ce contexte précisément, la crise pétrolière mondiale doit être un leitmotiv sur lequel doivent s’appuyer les forces vives dans notre pays, à leur tête les médias, pour faire aboutir le processus de réforme nationale », a-t-il encore ajouté.
Mais pas seulement : les médias sont aussi invités à sensibiliser sur les risques sécuritaires d’autant que le pays se retrouve dans une ceinture de feu, en témoigne les multiples arrestations et autres neutralisations des terroristes opérées par l’ANP aux frontières, sans compter les armés récupérées. «En revanche, les défis imposés par le monde d’aujourd’hui exigent de nous tous une prise de conscience et de la vigilance pour la sauvegarde de la sécurité de notre pays », souligne Bouteflika. De part, allusion sans doute à l’émergence de l’extrémisme, le président soutient que «de même que le pseudo choc des civilisations impose aujourd’hui aux forces vives du pays, dont les médias de déployer davantage d’efforts et de persévérance pour défendre l’Islam des lumières et la grandeur de la civilisation islamique face aux tentatives de certains de ternir l’image de notre sainte religion qui prône la paix et la tolérance, le savoir et le progrès».
Sur un autre registre, Bouteflika qui estime que « la corporation mérite respect pour ses sacrifices » est revenu sur la dernière révision constitutionnelle qui consacre selon lui la liberté d’expression dont nous célébrons ce mardi la journée internationale. «(…) nous avons veillé à travers la récente révision Constitutionnelle à conforter les droits des journalistes et la liberté de la presse sans autre restriction que celle du respect des constantes de la nation et à garantir aux journalistes le droit d’accès aux sources d’information dans le souci d’assurer aux citoyens le droit à l’information». Bouteflika prédit même une amélioration à travers la mise en place des mécanismes prévus à la faveur de la nouvelle loi sur l’information promulguée en 2012. «Nul doute que ce secteur se renforcera davantage à la faveur du lancement de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel pour devenir l’un des vecteurs de développement de l’action d’information conformément aux règles professionnelles et dans le respect de la loi. De même que l’établissement de mécanismes d’autorégulation pour la presse écrite, à la lumière de l’installation du Conseil d’éthique et de déontologie, confèrera davantage de sérénité aux professionnels de cette noble mission et à leur environnement afin de promouvoir les rapports entre les composantes de la société et entre les institutions pour favoriser une dynamique créative basée sur l’arbitrage d’une législation juste qui garantit à tous l’équité dans les droits et les devoirs et une éthique commune », conclut le texte.