Réforme scolaire : l’écueil politique

Réforme scolaire : l’écueil politique

Si l’on en croit l’ambiance chaleureuse qui a marqué la clôture de la rencontre tutelle-syndicat, l’Éducation nationale aurait levé l’hypothèque sociale qui entrave, depuis longtemps, le débat sur l’école. Même si ce succès du dialogue n’est pas nécessairement confirmé le 16 novembre, il émet le message que le traitement des questions professionnelles ne passe pas, nécessairement, par la perturbation du rythme scolaire. D’ailleurs, la ministre l’a immédiatement pressenti, déclarant qu’“il est temps de passer aux préoccupations pédagogiques”.

Cette tâche ne sera cependant pas moins aisée. Pour deux raisons au moins : d’une part, les promoteurs de l’hégémonie islamiste montrent quotidiennement leur résolution à maintenir l’école dans l’état actuel qui garantit l’expansion continue de leur idéologie (ils l’ont surtout montré au lendemain de la conférence sur l’éducation de cet été) ; d’autre part, l’État n’est pas en mesure de promouvoir un quelconque projet qui viendrait contrarier les plans hégémoniques de l’islamisme. Il l’a montré à plusieurs occasions. En concédant de ramener l’intérêt appliqué aux prêts Ansej au taux zéro, au prétexte que c’était “riba” de payer le loyer de l’argent emprunté, en se hâtant de s’engager contre la dévolution d’un éventuel rôle pédagogique à la “derdja”, en bloquant une loi pour la défense de l’intégrité physique des conjoints, parce que des élus, minoritaires, ont braillé leur désaccord, en renvoyant un ministre qui a contrarié les intégristes sur la question du commerce des alcools…

Bien plus que la télévision et bien plus que la mosquée, l’école constitue un enjeu capital pour le programme de régression culturelle en cours. Là, l’islamisme n’agit que sur des consciences qui se soumettent volontairement, par faiblesse ou paresse intellectuelle ou psychologique, à son emprise ; ici, ce sont des générations entières d’esprits vierges qui sont livrées à son action systématique de formatage mental. Sans compter que la famille, aujourd’hui majoritairement imprégnée du caméléonisme bigot, se garde bien de réagir à l’endoctrinement scolaire de l’enfant. Souvent, elle le relaie.

En gros, il s’agit d’apprendre aux enfants à gober, sans rechigner, les prescriptions de l’enseignant-prêcheur. Pratiquement, comme mesures d’accompagnement, les autres matières, les matières “scientifiques” comprises, viennent, par leurs procédés pavloviens, habituer l’élève à absorber passivement le “savoir” qu’on lui sert. Jusqu’en fin de cycle, où l’on réalise la prouesse de lui “apprendre” la philosophie, sans penser à le faire réfléchir aux questions existentielles…

La volonté réformatrice de la ministre n’est pas en cause. Et le défi est d’autant plus admirable que l’on connaît la nature du régime sous lequel elle compte réhabiliter la fonction scolaire.

M. H.