Les subventions et les transferts sociaux ont commencé à faire l’objet d’une étude destinée à examiner les conditions de réforme et de ciblage.
L’Exécutif serait favorable à un effort de réforme qui toucherait le sacro-saint poste des subventions et celui des transferts sociaux. Embourbé depuis quelques années déjà dans une polémique invoquant l’intention de l’État à remettre en cause sa politique sociale, le gouvernement ne faisait que repousser la fameuse réforme des subventions et des transferts sociaux.
Hier, le directeur de la prévision au ministère des Finances, Sidi Mohamed Ferhane, a soulevé un coin du voile des velléités du gouvernement qui semble vouloir reprendre ce chantier de réforme après avoir soufflé le chaud et le froid pendant plusieurs années.
Sur les ondes de la Radio algérienne, Sidi Mohamed Ferhane a indiqué que les transferts sociaux, qui, à eux seuls, consomment 3 500 milliards de dinars annuellement, ont commencé à faire l’objet d’une étude destinée à examiner les conditions de réforme et de ciblage des subventions.
Plus explicite, le directeur de prévision au ministère des Finances a souligné que sur la base d’une enquête de l’Office national des statistiques (ONS), relative à la consommation des ménages, il ressort que cette réforme devrait toucher en priorité, par le biais de taxes, les produits énergétiques (gaz, électricité et carburants) subventionnés à hauteur de 1 700 milliards de dinars pour la seule année de 2017. Il y ajoute les autres types de transferts sociaux qu’il évalue également à environ 1 700 milliards de dinars.
Ses propos rompent en tout cas avec le discours habituel qui tentait inlassablement de faire croire qu’une réforme des subventions serait synonyme d’une remise en cause de l’action sociale de l’État. Signe de ces interminables revirements du gouvernement sur une réforme aussi sensible que nécessaire, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, s’est permis, il y a quelques mois, un démenti pour le moins sévère, décoché à l’adresse du ministre des Finances, Abderrahmane Raouya.
Ce dernier s’est laissé prendre dans le filet de quelques confidences dites à la presse, laissant entendre que l’État allait faire table rase dès 2019 de ses politiques en matière de subventions et de transferts sociaux. Le patron du gouvernement n’a pas tardé à apporter sa précision, affirmant que l’année 2019 ne connaîtra aucun changement au plan de la politique sociale de l’État. L’Exécutif nourrissait sans relâche la confusion sur ses véritables intentions en la matière, même si le FMI a rapporté à maintes reprises que les autorités algériennes allaient reprendre dès 2019 leur politique d’assainissement des finances publiques.
Laquelle suppose que l’on revienne aux coups de rabot qui toucheraient plusieurs postes de dépenses, dont celui des subventions et des transferts sociaux. Les subventions aux produits énergétiques accaparent l’essentiel de l’engagement volontariste de l’État avec, au compteur, 1 500 à 1 700 milliards de dinars annuellement, alors que l’habitat mobilise une cagnotte de 470 milliards de dinars/an, la santé (320 milliards de dinars), le soutien aux familles et aux produits de base (450 milliards de dinars). En tout cas, l’Exécutif n’a plus le choix que de dégraisser le mammouth pour pouvoir rétablir l’équilibre des comptes publics.
Ali Titouche