Ce lundi 16 juin 2025, un vote de l’Assemblée populaire nationale (APN) a scellé un changement important dans le système de retraite algérien. Le texte qui vient d’être adopté introduit une dérogation notable à l’âge légal de départ pour un corps professionnel bien particulier.
Cette décision ne relève pas du simple ajustement administratif, elle traduit une volonté politique affirmée, au plus haut niveau de l’État.
Dans l’hémicycle du Parlement, l’adhésion a été nette. Les députés ont approuvé un projet de loi complétant la loi 83-12 du 2 juillet 1983, modifiant ainsi les conditions de départ à la retraite dans le secteur éducatif.
Réforme du système de retraite en Algérie : honorer l’engagement présidentiel
Intervenant peu après le vote, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Fayçal Bentaleb, a mis en lumière la portée politique de cette réforme. Selon lui, l’abaissement de l’âge de la retraite constitue « la concrétisation de l’engagement du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, envers la communauté éducative, en reconnaissance de son rôle central dans la formation des générations ».

🟢 À LIRE AUSSI : Recrutement des enseignants : Saâdaoui annonce la reprise des concours
Le ministre a insisté sur le caractère volontaire de cette mesure. Loin d’imposer une sortie anticipée, la nouvelle disposition donne aux personnels concernés la liberté de choisir. Prolonger leur mission ou se retirer avec trois années d’avance sur le calendrier habituel. Une flexibilité qui, selon lui, doit permettre à chacun d’agir « avec responsabilité et en toute sérénité ».
Détails de la réforme : qui est concerné par cette dérogation ?
La réforme ne touche pas l’ensemble des salariés algériens, mais cible exclusivement les travailleurs du secteur de l’éducation nationale. Elle s’applique de manière claire et encadrée, selon les critères suivants :
- Pour les hommes : départ à la retraite possible dès 57 ans (contre 60 ans auparavant).
- Pour les femmes : départ possible à 52 ans (au lieu de 55 ans).
Les concernés sont les enseignants du primaire, moyen et secondaire. Mais aussi les inspecteurs, les directeurs d’établissement et les surveillants généraux.
🟢 À LIRE AUSSI : Revalorisation des pensions de retraite en Algérie : l’ONR dénonce un « mutisme préoccupant »
Il est important de préciser que cette réduction ne peut pas être cumulée avec l’abattement d’âge déjà prévu pour l’éducation des enfants. Comme le stipule l’article 8 de la loi sur la retraite.
Implications et perspectives : une mesure attendue, à la portée symbolique forte
Ce geste législatif arrive dans un contexte où les revendications de reconnaissance morale et sociale de la part du personnel éducatif sont fortes. En intégrant cette disposition au cadre légal, l’État entend répondre à une attente structurelle tout en matérialisant une promesse de campagne.
La mesure a été saluée par une partie des représentants du secteur comme un signe de respect et de confiance envers un corps professionnel fondamental pour l’avenir du pays. Mais elle soulève aussi des questions sur la gestion des effectifs, le renouvellement des postes, et le coût budgétaire à moyen terme.
Une première pierre dans l’adaptation du système de retraite ?
Cette réforme spécifique pourrait-elle annoncer d’autres ajustements à venir dans le système de retraite algérien ? Si le ministre n’a rien laissé filtrer sur d’éventuelles extensions à d’autres corps de métier, ce geste ciblé pourrait marquer le début d’un assouplissement progressif du cadre légal. En particulier pour les secteurs jugés essentiels ou éprouvants.
En attendant, cette avancée juridique est désormais actée. Elle donne aux professionnels de l’éducation un nouveau choix. Qui leur permet d’envisager leur fin de carrière avec davantage de maîtrise. Dans un cadre mieux adapté à leur réalité.