Réforme de l’école, Les solutions « radicales » de Benghebrit

Réforme de l’école, Les solutions « radicales » de Benghebrit

A la veille de l’annonce des résultats du baccalauréat, la nouvelle ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, veut rassurer parents, élèves et enseignants par des solutions temporaires déjà envisagées par son prédécesseur. Lors d’un entretient accordé au journal électronique Tout sur l’Algérie (TSA), la ministre a répondu à plusieurs questions relatives à la réforme de son secteur.

Ainsi, répondant à une question relative au bilan établi quant au déroulement des épreuves, la ministre a indiqué que  » de manière générale, nous sommes plutôt satisfaits de la façon dont l’examen du baccalauréat s’est déroulé sur le plan organisationnel. Il y a eu des moyens colossaux et une mobilisation quasi-sociétale pour encadrer cet examen et assurer sa crédibilité « .

Par ailleurs, s’agissant du taux de réussite que prévoit le ministère de l’Éducation, MMe. Benghabrit a indiqué que  » des débats et des controverses ont eu lieu, ces dernières années, autour des taux attendus. Ceci étant, il est tout à fait normal qu’on puisse faire des prévisions « . Tout en ajoutant  » nous avons les moyens pour faire des approximations à partir du suivi des résultats et du contrôle continu. Nous pouvons faire des projections à partir de l’analyse des cinq dernières années et voir les tendances par filière. Et nous aurions pu faire cela si on n’avait pas la pression que l’on a subie « .

Pour ce qui est de reconduire le seuil des cours l’année prochaine, la ministre a exclut cette possibilité.  » Cela a pu se faire par le passé pour des raisons exceptionnelles, liées au contexte de grève qui a amené à tronquer la progression des disciplines. Il n’est pas question que cela devienne un acquis, car se serait porter atteinte au fondement du système éducatif et à la préparation des générations futures », a-t-elle martelé.  » La valeur du baccalauréat algérien devra être non seulement préservée mais bonifiée.

Nous devons rompre avec ce qui a été pratiqué ces dernières années, pour un examen aussi vital, d’autant plus que cette étape est décisive pour l’avenir de nos élèves « a-t-elle soutenu. Tout en assurant,  » à mon arrivée, les jeux étaient faits pour cette année. Pour la prochaine année, il n’y aura pas de seuil quel qu’en soit le prétexte.

Il faut savoir que l’élève algérien engrange au maximum – sans les grèves – un nombre de 28 semaines d’enseignement/apprentissage par an contre 36 à 40 semaines dans d’autres pays « . Concernant la problématique de la surcharge des classes, M. Benghabrit a indiqué que son département  » compte près de 26 000 établissements. Le problème de la surcharge des classes touche entre 4 et 5% de la totalité de nos établissements scolaires « .

 » Devant cette situation, le recours à la double vacation s’impose à l’école primaire dans certaines villes où il y a un programme important de réalisation de zones d’habitations nouvelles « . a-t-elle affirmé. Tout en assurant,  » le programme de réalisation en cours nous permettra, à la rentrée, de résoudre en partie cette situation.

Nous tendons, déjà, vers des classes de 20 à 25 élèves. Le droit constitutionnel à l’éducation de nos enfants doit être respecté « . De surcroit, répondant à une question relative à la raison pour laquelle le système éducatif est moins performant que celui des autres pays maghrébins, la ministre a remis ça au dos du type de colonisation qu’a connu l’Algérie, qui, selon elle, très différent de celui de ses voisins.

Sur un autre sillage, la conférence nationale de l’éducation aura lieu les 20 et 21 juillet pour l’évaluation du processus de dialogue autour de la réforme du système éducatif, a eu sa part de l’interview. Ainsi, s’agissant des grandes lignes de cette réforme, la ministre a fait savoir que  » la réforme a souffert d’un déficit de communication.

Ainsi, nous nous proposons d’y remédier et de réaliser des plateaux-télé avec nos cadres et nos experts. Ils seront chargés de dialoguer, d’informer et de sensibiliser sur cette réforme. Initiée par le président de la République, celle-ci proposait une évaluation extrêmement fine, pertinente et ciblée. La Commission nationale de la réforme du système éducatif a travaillé en 2000. Ensuite, la réforme a été mise en œuvre à partir de 2003 avec un certain nombre d’actions sans que l’opinion publique, y compris les acteurs du système dont les enseignants, ne perçoivent, peut-être, la cohérence d’ensemble « .

 » Dans cette réforme, nous avons d’abord la refonte pédagogique. Au sein de la Commission nationale de la réforme, il était entendu que le grand problème se posait en matière d’acquisition de compétences au bout d’un itinéraire de scolarisation. Partant de ce constat, la Commission est allée dans les détails en disant, par exemple, que si l’élève a des difficultés en matière de maîtrise langagière, c’est parce que la langue scolaire posait problème en termes d’apprentissage.

On a fait des progrès gigantesques là aussi. Ensuite, nous avons la formation des enseignants où de gros investissements ont été consentis par l’État « , a-t-elle soutenu. Pour ce qui est des attaques dont a fait objet la nouvelle ministre, elle a indiqué  » je pense qu’ils ont peut-être été surpris d’avoir dans ce secteur, une personne comme moi. Le fait d’être femme et de ne pas être dans le moule les a perturbés « .

 » J’avais l’impression qu’il y avait une guerre sainte autour de la protection de la langue. Seulement, la réalité est tout autre. Tout l’enseignement se fait en langue arabe « , a-t-elle soutenu. Enfin la ministre a conclut cette intervention médiatique en saluant les réactions positives et de solidarité de la part de larges segments de la société algérienne envers l’approche que je défends.  » N’est-ce pas un signe de bonne santé et d’optimisme pour l’avenir de notre pays ? « , a-t-elle martelé.

Lila Soltani