Les nouvelles mesures pour la rentrée scolaire 2014-2015 visant l’amélioration de la qualité de l’enseignement sont très attendues par les syndicats du secteur. Ces derniers, qui ont participé aux assises sur l’évaluation des réformes du secteur, estiment nécessaire de revoir un certain nombre de points relatifs à l’aspect pédagogique pour combler les lacunes enregistrées.
« Nous avons une vision globale sur les changements à opérer », a indiqué le président du Conseil national des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest), Nouar Larbi. Il propose l’« allégement » de certaines matières enseignées dans le cycle primaire qu’il faut, selon lui, « inculquer comme valeurs et notions et non pas comme des matières au sens propre du terme ». Cet « allégement indispensable » doit être accompagné par une autre mesure visant « à donner plus d’importance aux matières scientifiques et à l’enseignement des langues ». Nouar Larbi estime nécessaire de « revoir l’enseignement des langues en Algérie » et regrette que les Algériens « ne maîtrisent aucune langue à 100% ». Le deuxième aspect à soigner est relatif à « la formation des enseignants » de tous les paliers. « Les programmes ont changé et les méthodes d’enseignement également, alors que les enseignants n’ont bénéficié d’aucune formation sérieuse pour pouvoir accompagner de manière efficace les réformes du secteur », a-t-il constaté. La formation doit également toucher les inspecteurs de l’éducation dans leur rôle d’évaluation du rendement des professeurs. Un avis partagé par l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (UNPEF) qui constate « une faiblesse » de la formation des formateurs, notamment « l’annulation des écoles techniques et leur remplacement par des instituts supérieurs ». L’amélioration de la situation des enseignants en les dotant d’un « statut social respectable » est à même de contribuer à la réussite de ce projet. L’UNPEF place le problème de la surcharge des classes comme priorité. « C’est un problème épineux vu que le nombre d’élèves par classe a atteint 45, voire 50. La moyenne nationale avancée par le ministère n’est pas suffisamment convaincante pour nous », objecte Messaoud Amraoui, porte-parole du syndicat. La suppression du seuil des cours annoncée chaque année à l’approche des examens de fin d’année est également fortement revendiquée par les syndicats. « C’est un scénario qui se répète chaque année. Nous avons besoin d’une décision courageuse pour l’annuler définitivement », estime Amraoui, précisant que les conséquences de l’application du seuil sont fâcheuses car « elle influe directement sur le niveau des élèves ». « Le taux important de redoublants constaté chez les élèves des premières années moyenne et secondaire est le résultat de l’application de ce seuil car les élèves passent à un niveau supérieur sans achever les programmes », explique-t-il. L’UNPEF plaide aussi pour « le changement des méthodes d’enseignement et l’instauration de l’approche par compétence, y compris dans le secondaire ». « Le déroulement des examens doit également être revu », estime l’Unpef. Pour le président du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane, l’évaluation des réformes après 10 ans d’application a été une « étape » longuement revendiquée par les syndicats pour « définir les lacunes et trouver les moyens d’aller de l’avant ». Il rappelle que toutes les orientations des assises nationales sur le secteur vont être appliquées à partir de 2015 et 2016. Pour lui, il est important de « réhabiliter la notion de travail » dans le secteur, d’éliminer le seuil des examens qui « a fait des ravages » et enfin d’assurer un équilibre entre le volume horaire et le programme de manière à permettre aux enseignants et aux élèves de mieux souffler.
Nouria Bourihane