Le fait de condamner les événements tragiques du 17 Octobre 1961, constitue un signal fort en direction de l’Algérie, ses dirigeants et son peuple
Depuis que François Hollande a été porté au pouvoir, la vision de la France semble avoir changé en matière de politique étrangère et de rapports avec l’Algérie.
Alors que son prédécesseur s’était montré intransigeant, voire hostile à l’égard de l’Algérie et de son peuple, en refusant d’aborder «les sujets qui fâchent», notamment ceux relatifs au lourd passé colonial de la France et à la repentance, François Hollande semble, lui, plus proche des thèses algériennes et compte beaucoup sur la visite officielle qu’il effectuera, à partir de demain en Algérie, pour relancer le dialogue entre Paris et Alger. Dès son élection, en mai dernier, le nouveau président a clairement fait entendre que la vision de la France en matière de politique étrangère allait changer et qu’elle nourrissait de nouvelles ambitions aux plans européen et méditerranéen. S’agissant de l’Algérie et se démarquant des discours haineux prônés par la droite, l’ancien leader du Parti socialiste s’est déclaré favorable à un partenariat d’exception entre la France et l’Algérie «qui ont beaucoup de choses en commun», dit-il, et qui doivent travailler ensemble pour consolider davantage leurs liens et relancer leur coopération à tous les niveaux. Le fait de se prononcer sur les événements tragiques du 17 Octobre 1961 à Paris et surtout de les condamner, constitue, déjà, une avancée et un signal fort en direction de l’Algérie, ses dirigeants et son peuple. Même si des responsables politiques avaient, auparavant, dénoncé les massacres du 8 Mai 1945, qualifiés de génocide et de crime contre l’humanité, c’est la première fois qu’un président français rompt le silence et reconnaît, officiellement, la responsabilité de la France. Cette dernière en a commis des centaines, voire des milliers tout au long des 132 années de guerre injuste qu’elle avait menée contre l’Algérie. Officiellement, on parle d’un million et demi de martyrs mais, selon certains historiens, ce sont près de 10 millions d’Algériens qui auraient été massacrés durant la colonisation. Leur seul et unique tort, était de réclamer l’indépendance de l’Algérie. Les Algériens en ont fait, d’ailleurs, un préalable et ont exigé réparation dans toutes leurs discussions avec leurs homologues français, non pas en exigeant une quelconque indemnisation, mais en sollicitant de l’ancienne puissance coloniale, seulement qu’elle se repentisse et reconnaisse tous ses crimes qu’elle a perpétrés de 1830 à 1962 en Algérie. L’origine de la brouille émane, précisément, de cet entêtement et ce refus par la France d’assumer pleinement son lourd passé colonial, en présentant des excuses officielles au peuple algérien. Au lieu de cela, les hommes politiques, la droite plus particulièrement, continuent de faire la sourde oreille en vantant, au contraire, «les bienfaits de la colonisation» et «le passé glorieux de la France». L’ancien ministre des Affaires étrangères de Sarkozy, Bernard Kouchner qui n’était pas en odeur de sainteté avec l’ Algérie, à cause de ses prises de position et surtout de sa haine des Algériens, n’avait- il pas déclaré que «les relations entre la France et l’Algérie n’iraient mieux et ne se développeraient qu’après l’extinction de la génération de Novembre»? Il n’est pas le seul, un autre ministre du gouvernement Sarkozy, Gérard Longuet, pour ne pas le nommer, éprouve une telle haine envers l’Algérie, qu’il ne s’est pas gêné de faire un bras d’honneur au journaliste qui lui avait demandé de livrer ses impressions après la sortie du ministre algérien des Moudjahidine, demandant la repentance de la France et la reconnaissance de son passé colonial. L’Algérie veut renforcer ses relations et sa coopération à tous les niveaux avec la France. Le président Abdelaziz Bouteflika a balisé la voie. Ne faisant pas un préalable de la repentance et conscient que tôt ou tard les Français reconnaîtront leurs fautes et expieront leurs crimes, il compte sur la venue de François Hollande pour resserrer les liens entre les deux pays et relancer leur coopération grippée après cinq années de règne de Sarkozy.