«Il y a des principes qui ne sauraient être marchandés…»
La position de la France dans le conflit du Sahara occidental demeure confuse et mérite d’ «être clarifiée», a déclaré le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz.
Comme il fallait s’y attendre, le président français a réitéré le soutien de son pays au plan d’autonomie marocain lors de la visite qu’il a effectuée au Maroc. Avec de légères nuances tout de même.
Ce qui n’a pas échappé à la vigilance des responsables sahraouis. Très attendu sur la question du Sahara occidental, François Hollande avait déclaré que «le plan d’autonomie présenté par le Maroc constitue une base sérieuse et crédible en vue d’une solution négociée à la question du Sahara» tout en soulignant que la France soutenait les démarches du secrétaire général des Nations unies pour parvenir à un règlement politique, mutuellement acceptable sur la base des résolutions du Conseil de sécurité. «L’impasse actuelle est préjudiciable à tous. S’il y a un argument de plus qu’il faut ajouter, c’est bien celui de la crise au Sahel qui rend encore plus urgente la nécessité de mettre fin à cette situation», avait-il ajouté. Une position jugée entre deux chaises. La position de la France dans le conflit du Sahara occidental demeure confuse et mérite d’«être clarifiée», a déclaré le président sahraoui Mohamed Abdelaziz, dans un entretien accordé à l’APS. «Les principes de la démocratie, des droits de l’homme et du droit à l’autodétermination ne peuvent faire l’objet de «marchandage»… Nous aurions aimé qu’il (François Hollande., Ndlr) nomme les choses par leur nom. Il y a des principes qui ne sauraient être marchandés…», a indiqué le secrétaire général du Front Polisario. La position de la France est-elle finalement restée figée? «Il existe un changement «positif» dans la position de la France, dans la mesure, a-t-il précisé, où le président Hollande avait insisté, lors de son intervention du 4 avril dernier au Parlement marocain, sur la nécessité de résoudre le conflit du Sahara occidental», a estimé le président de la Rasd qui a tenté de sensibiliser le chef de l’Etat français à la veille de sa visite au Maroc à travers une lettre ouverte. «La position adoptée par la France devant ces événements (processus de décolonisation du Sahara occidental, résolutions de l’ONU…, Ndlr) nous avait franchement surpris et déçus, parce que nous pensions qu’elle ne reflétait pas les meilleures traditions et valeurs républicaines qui ont fait de la France une nation inspiratrice des luttes des peuples pour la justice et la liberté et le berceau de la nation même des droits de l’homme», a écrit Mohamed Abdelaziz. La réaction du locataire de l’Elysée n’a pas été à la hauteur de ses espérances. La prochaine réunion du conseil de sécurité aura valeur de séance de rattrapage. «La prochaine réunion du Conseil de sécurité sera un test pour les Nations unies et les Etats influents, notamment la France», a souligné Mohamed Abdelaziz. Ce pays «continuera à protéger le Maroc qui est accusé de tant de violations ou bien verra-t-on un changement de sa position?», s’est-il interrogé. «La crédibilité des Nations unies, aujourd’hui, réside précisément dans la résolution du conflit sahraoui dans la mesure où il s’agit du dernier cas de décolonisation» a-t-il précisé. La balle est désormais dans le camp du Conseil de sécurité. La France osera-t-elle? Réponse dans moins de quinze jours.