L’affaire des cinq cadres de la Compagnie nationale algérienne de navigation (Cnan) refait surface. Un nouveau procès s’ouvre aujourd’hui près du tribunal criminel de la Cour d’Alger.
En première instance, mardi 16 mai 2006, le tribunal criminel d’Alger avait rendu son verdict : le P-DG de la Cnan, Ali Koudil, et quatre de ses proches collaborateurs, Mohand Amokrane Ammour, Kamel Ikhadadene, Salah Zaoui et Mustapha Debah ont été condamnés à 15 ans de prison ferme.
Un verdict qui avait soulevé, selon les observateurs, plus de zones d’ombre que des éléments de réponses sur le naufrage des deux navires, le «Béchar» et le Batna.
Deux tragiques incidents survenus le 13 novembre 2004 lors de la fameuse tempête qui a frappé Alger. Il faut dire que cette sentence a été prononcée sur la base de deux enquêtes conduites par deux ministères en l’occurrence les Transports et la Justice.
Pour la défense, la condamnation est décidée en violation du Code maritime algérien. Celui-ci stipule: «tout commandant qui prend la mer ou tente de prendre la mer avec un navire insuffisamment armé et tout armateur qui met à la disposition d’un commandant un tel navire sont susceptibles de sanctions. Si de ce fait, il y a mort d’homme et perte de navires, et si l’événement était prévisible, la sanction pourrait être la détention maritime».
C’est pourquoi, la Cnan avait qualifié la sentence de la justice d’inique et que les inculpés avaient été condamnés à tort. La même compagnie ne comprend pas comment une seconde enquête n’a pas été ordonnée. Pour elle le bon sens aurait été de recourir à une enquête nautique.
Selon elle, la justice s’est appuyée sur des témoignages douteux et des fausses déclarations. D’autant que des enquêtes similaires émanant, cette fois-ci, des services de la Gendarmerie natioanles avaient révelé d’importants soupçons en direction des gardes-côtes ainsi que de l’Entreprise portuaire d’Alger (EPA). Aujourd’hui, plusieurs paramètres plaident pour la réouverture du procès.
Il s’agit essentiellement, de trois points et non des moindres : la situation de la juge de l’époque, la responsabilité de la direction du port au moment des faits ainsi que les documents techniques en possession de la défense qui contredisent de fond en comble les arguments de l’accusation.
Primo : La magistrate qui a jugé l’affaire aurait été relevée de ses fonctions juste quelques semaines après avoir été nommée présidente de la cour de Boumerdès. Ce changement de parcours laisse planer des doutes. Secundo : le directeur du Port d’Alger d’alors qui a été appelé à d’autres fonctions juste neuf mois après la tragédie est, sans contexte, un signe fort que l’affaire n’avait pas divulgué tous ses secrets.
Tertio : une foultitude de documents techniques contredisent point par point les arguments avancés au cours du premier procès les arguments de l’accusation. C’est pourquoi, la défense avait promis en mars dernier, de faire de nouvelles révélations sur cette affaire lors du prochain procès, pour peu que celui-ci ne soit pas une nouvelle fois, renvoyé sine die.
Amokrane Hamiche