Réduction des visas pour la Omra, La déroute des voyagistes

Réduction des visas pour la Omra, La déroute des voyagistes

Réunis hier dans un hôtel à Constantine, les membres du Syndicat national des agences de voyages-Est (SNAV- Est) ne savaient plus à quel saint se vouer pour sauver la saison de la «Omra» durant cette période de pic d’affluence (chaâbane et ramadhan) d’une grave déroute, jamais vécue par le passé, suite à la décision inopinée des autorités saoudiennes de réduire les quotas des pèlerins pour l’Algérie et tous les pays musulmans.

Les voyagistes algériens, qui survivent particulièrement grâce au petit pèlerinage (Omra), sont confrontés, depuis l’annonce de cette réduction des quotas, à une équation presque impossible à résoudre.

D’une part, il s’agit pour eux de trouver comment se faire rembourser des sommes dépensées auprès des hôteliers saoudiens et autres avances accordées aux compagnies aériennes (50% du prix du billet, selon certains voyagistes) et d’autre part, de quelle manière convaincre le pèlerin, qui ne manquera pas de venir aussitôt réclamer le reversement des frais payés, dont les voyagistes sont les premières victimes de cette décision imprévisible des autorités saoudiennes ?! Terrible désarroi.

Lors de leur réunion, hier, les représentants des voyagistes ont convenu de suivre la voie «diplomatique» pour sensibiliser la partie saoudienne, les autorités et les hôteliers de ce pays, «de la gravité de la situation qui met en péril toutes les agences de voyages».

Quoique tout le monde convient de la difficulté de la procédure, la restitution des acomptes versés aux hôteliers saoudiens et aux compagnies aériennes figure parmi les priorités de l’heure.

«La tâche n’est pas de toute aise pour les agences de voyages algériennes qui ne travaillent pas en ‘packaging’, méthode plus sûre qui consiste à payer un agent saoudien intermédiaire qui se chargera, de son côté, du règlement des questions financières, de la location des chambres pour les pèlerins, et qui ont donc payé la note directement auprès des hôteliers, sans contrat ni aucun document en contrepartie, d’où la difficulté de récupérer l’argent déboursé», reconnaît un gérant d’une agence de voyages à Constantine, M. Faouzi Brahimi.

D’autres proposeront la constitution d’un avocat étranger qui se chargera de défendre ce dossier. Alors que certains ont conseillé d’attendre encore 5 jours avant de prendre une décision définitive à ce propos, car même si l’on accorde, pour le moment, le visa au compte-gouttes, «aucune note officielle ne nous est parvenue au sujet d’une réduction du quota des pèlerins», soutiendrontils. En tout cas, dans cet horizon sombre, les voyagistes sont dans la tourmente.

«La Omra, c’est fini», s’exclame de son côté M. Nadir Belhadj, membre fondateur du SNAV. Non seulement ça, mais c’est la fin qui sonnerait aussi pour plusieurs voyagistes qui auront perdu dans cette affaire jusqu’à 7 milliards de centimes, ainsi qu’une crédibilité malmenée par l’humeur des Saoudiens, dont l’argument des travaux de rénovation de la grande mosquée de La Mecque aurait pu être annoncé un peu plus tôt, chose qui aurait permis ou donné la latitude aux professionnels du secteur de prendre leurs dispositions afin de faire face à la tournure des évènements.

«Le préjudice se situe, donc, sur deux plans, financiers et moral», comme tiennent à le souligner les voyagistes. Ces derniers souhaitent ainsi «une plus grande compréhension de la part des clients».

Au bout des débats, le président et le secrétaire général du SNAV-Est, respectivement M. Larbaoui Farid et Mekdad Zouhir, qui ont coprésidé la réunion d’hier, ont admis «qu’il faut aller vers l’organisation d’une rencontre nationale, probablement ce lundi», à laquelle devrait participer les représentants des six régions du pays: le Centre, l’Est, l’Ouest et les trois régions du Sud (Tamanrasset, Djanet et la boucle des Oasis).

«La décision de la démarche à adopter face à ce désordre de la Omra devrait être prise à ce niveau, souligne M. F. Larbaoui, d’autant qu’on aura à discuter par la même occasion de la réorganisation organique du syndicat».

A. Zerzouri