Réduction des importations : Quel impact sur le marché de la consommation ?

Réduction des importations : Quel impact sur le marché de la consommation ?

En quatre mois, de janvier à avril 2019, les réserves de changes du pays ont reculé à 72,6 milliards de dollars contre 79,88 milliards de dollars à la fin de l’année 2018, soit une baisse de 7,28 milliards de dollars. Cette chute brutale des avoirs de l’Algérie en devises provoque une forte inquiétude au sein de l’Exécutif et relance de plus belle les controverses autour des risques sur l’insolvabilité du pays. Pour atténuer un tant soit peu cette tendance baissière des réserves algériennes en devises, le gouvernement, censé pourtant gérer uniquement les affaires courantes, décide de réduire les importations.

Les nouvelles mesures de restriction prises depuis peu ciblent essentiellement les produits alimentaires, les médicaments et autres biens non alimentaires, à l’instar des collections SKD-CKD destinées à approvisionner les ateliers de montage automobile. On s’arrête surtout sur les importations de produits alimentaires étant donné leur impact direct sur l’approvisionnement du marché et leurs répercussions, par conséquent, sur le citoyen. La réduction des importations a ainsi touché les céréales, le lait et les produits laitiers, les sucres, les tourteaux de soja et les légumes secs. Durant les cinq premiers mois de l’année en cours, les importations globales de l’Algérie se sont établies à 18,6 milliards de dollars. Les catégories des produits importés qui ont contribué à la baisse de la facture alimentaire sont, en effet, les céréales (1,153 milliard de dollars), les produits laitiers (619,16 millions de dollars) et les sucres (324,04 millions de dollars). L’on s’interroge, cependant, sur les conséquences d’une telle mesure sur le marché national. Un déséquilibre entre l’offre et la demande sur ces produits n’est pas à écarter.

Comment peut-on couvrir les besoins des citoyens pour tous ces produits ? Certes, les structures concernées ont pris leurs dispositions à l’avance en constituant des stocks suffisants, disent-elles, pour faire face à la demande pendant quelques mois. C’est le cas de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) qui se prémunit souvent contre tout épuisement des stocks en important des quantités avec lesquelles il alimente les minoteries durant des mois. Néanmoins, si on continue à rationaliser les importations des céréales et une fois ces réserves céréalières épuisées, deux paramètres importants conjugués à la fermeture de 45 minoteries, le marché risque de subir de sérieuses perturbations dans les jours à venir. Il ne faut pas se voiler la face, l’Algérie n’est pas encore capable d’atteindre son autosuffisance en céréales, notamment en blé tendre. Notre pays recourra toujours à l’étranger pour répondre à la demande nationale.

Autant de solutions qui demeurent conjoncturelles. Or, notre pays a besoin de réformes structurelles, de résolutions définitives, d’une véritable stratégie à même de libérer l’Algérie du joug des importations. Cela passe impérativement par une production nationale renforcée et encouragée, portée par des agriculteurs ayant bénéficié de tous les avantages et des mesures incitatives leur permettant de prouver leurs performances en matière de rendement et de productivité. Le même constat peut être établi pour la poudre de lait. La solution à cette problématique reste également la production locale du lait cru. L’Algérie ne peut dépendre sempiternellement des pays d’outre-mer pour satisfaire ses besoins en la matière. La décision de rationaliser les approvisionnements du marché en produits pharmaceutiques a été, en outre, prise par les pouvoirs publics.

Le ministère de la Santé a été instruit, compte tenu de l’érosion des réserves de changes, de réviser à la baisse ses dépenses en médicaments. Ce qui a engendré une tension sur quelque 250 médicaments, toutes classes thérapeutiques confondues. Ainsi, la maîtrise des importations à laquelle aspire le gouvernement dépendra en réalité du niveau de diversification de l’économie nationale et de la compétitivité du produit algérien. Notre pays n’a pas encore rempli ces deux conditions pour concrétiser cet objectif. Il est clair que l’ambition gouvernementale est d’arriver, à terme, à rééquilibrer la balance commerciale, mais l’exercice n’est pas aussi facile, parce qu’une telle perspective dépend toujours des recettes en devises, plutôt que de l’action de l’Exécutif en matière de régulation des importations. 

B. K.