Réduction des importations : Les limites d’une politique

Réduction des importations : Les limites d’une politique

Les tours de vis budgétaires remettent au goût du jour les ajustements lancés en 2016 et 2017, lesquels se sont soldés par une faible moisson et économies.

Il est probable que des tours de vis budgétaires soient introduits dans l’élaboration de l’avant-projet de loi de finances 2020. L’été s’annonce dur pour les budgétaires, tant il est vrai que l’actuel gouvernement, pris en tenailles entre la tentation de coups de rabot et une légitimité politique qui fait défaut, semble se rendre à l’évidence que les positions financières vont en se fragilisant, nécessitant des arbitrages de fond se rapportant essentiellement à la consolidation des finances publiques et à la réduction des déficits budgétaires et courants.

Les quelques mesurettes prises ces dernières semaines laissent transparaître une velléité d’un retour au rabotage des dépenses d’équipement et aux restrictions des importations. L’un dans l’autre, ces tours de vis budgétaires remettent au goût du jour les ajustements lancés en 2016 et 2017, lesquels se sont soldés par une faible moisson et économies, voire par un trou d’air qui a grippé le moteur de croissance.

D’où le retour dès 2018 aux politiques d’investissement budgétaire, financé essentiellement par les tirages de la planche à billets. Ce retour à la politique dépensière n’a pas permis de renouer avec la croissance puisque celle-ci était d’à peine 2%, alors qu’au plan des comptes extérieurs, les restrictions des importations ont eu une faible incidence sur la balance commerciale et des paiements plus globalement. Sur le fond, les précédents gouvernements s’étaient concentrés sur des postes de dépenses peu significatifs, alors que l’actuel Exécutif risque de rééditer les mêmes échecs avec, dans le viseur, l’objectif de réduire la valeur des importations des collections SKD-CKD, des céréales et de la poudre de lait.

L’actuel Exécutif recule sur certaines politiques avantageuses en espérant un retour sur investissement en matière de recettes fiscales, mais il semble perdre de vue que les véritables économies possibles se situent au niveau de deux postes essentiels ; l’équipement et les services.

Au-delà des comptes visibles inscrits sur le devis des importations, la balance des services n’a pas été jusqu’ici ciblée par les mesures de restriction à l’importation, mais qui présente un déficit chronique annuel de 10 milliards de dollars en moyenne. L’équipement pèse, quant à lui, pour plus d’un tiers dans la structure des importations. Les importations des équipements et des services sont sensibles à plus d’un titre, étant donné qu’elles conditionnent la croissance et certains équilibres sociaux.

Des coupes drastiques dans ces deux postes pourraient avoir un impact significatif sur l’activité de bien des secteurs et entraîneraient, par là même, un coût social inévitable, notamment en termes de chômage. C’est dire que les arbitrages tant au plan des dépenses qu’en matière d’importations sont pour le moins complexes et sensibles. Cela dit, il est peu probable que les mesures prises jusqu’ici aient un quelconque impact sur la balance des paiements, à défaut d’une stratégie de réformes structurelles et ambitieuses, lesquelles exigent une légitimité politique parfaite pour leur mise en application.

Ali Titouche