Réduction des importations de kits d’assemblage automobile : La ministre de l’Industrie tente de rassurer les investisseurs étrangers

Réduction des importations de kits d’assemblage automobile : La ministre de l’Industrie tente de rassurer les investisseurs étrangers

Rachid Beldi

Les mesures introduites dernièrement par le gouvernement pour réduire de la facture d’importation des kits CKD-SKD, destinés à l’assemblage de véhicules, sont « transitoires», a indiqué hier la ministre de l’Industrie et des Mines, Djamila Tamazirt, citée par l’APS.

Cette démarche a pour objectif de « réajuster la balance des paiements et d’apporter des correctifs à même de mieux orienter le dispositif d’incitation, dédié à la filière automobile », a-t-elle précisé lors d’une audience qu’elle a accordée à l’ambassadeur d’Espagne en Algérie, indique la même source. Mme Tamazirt a apporté cette précision à l’ambassadeur d’Espagne en Algérie, à qui elle a accordé une audience pour le rassurer et, à travers lui, l’ensemble des investisseurs étrangers, que l’Algérie respectera ses engagements avec ses partenaires, tout en réitérant la volonté du gouvernement algérien de poursuivre l’accompagnement du secteur du montage automobile, en « pleine mutation », pour arriver à une industrie automobile intégrée, rapporte encore l’agence officielle. La première responsable du secteur de l’Industrie a donc décidé de sortir du mutisme qu’elle observait religieusement depuis la décision prise, fin mai, par son département de réduire la facture d’importations des collections CKD-SKD en recourant à un plafonnement de 2 milliards de dollars à dépenser en 2019 par les quatre entreprises retenus, en l’occurrence le groupe Renault, Sovac, Tahkout Manufacturing Company (Hyundai) et Gloviz (Kia). 

La ministre d’un gouvernement chargée pourtant des affaires courantes s’est toutefois prononcée pour rassurer le chef de la diplomatie espagnole en Algérie, ainsi que les investisseurs étrangers dans notre pays, alors que les premiers concernés par le plafonnement opéré par cette mesure, à savoir le quatuor des opérateurs, n’ont eu vent de la décision, à fort impact sur leur activité et leur plan de charge, qu’à travers une correspondance qui les a mis devant le fait accompli. Un document de surcroît signé par un secrétaire général par intérim au niveau même ministère, et qui a démissionné juste après cette mission «spéciale» qu’auraient refusée ses confrères.

Outre le plafonnement à 2 milliards de dollars du montant alloué pour l’importation des kits CKD-SKD, le département de Mme Djamila Tamazirt a opté pour une révision nettement à la baisse du nombre de modèles autorisés à l’assemblage en Algérie pour le porter à 16 seulement.

A cet effet, une correspondance n’a pas tardé à être transmise, le 30 mai, par le même département aux services des Douanes algériennes, les instruisant d’entamer l’application des nouvelles mesures. Cette correspondance rappelle le contenu du document concernant le montant alloué à chacune des quatre usines retenues par le gouvernement, ainsi que les modèles que celles-ci pourront assembler. Elle précise aussi que chaque opérateur doit consacrer 50% de son montant à des modèles dont la cylindrée est inférieure à 2 000 cm3. Dans le cas de l’usine Renault Algérie Production, ce sont 660 millions de dollars qui ont été attribués pour l’assemblage des Renault Symbol et Clio 4 ainsi que de la Dacia Sandero Stepway, alors que Sovac Production a bénéficié de 600 millions de dollars pour quatre modèles (VW Golf et Caddy, Skoda Octavia et Seat Ibiza) contre 380 millions de dollars pour Gloviz (Kia) pour assembler les Picanto.

Pour rappel, les importations algériennes de collections CKD-SKD servant à l’assemblage automobile ont atteint 1,234 milliard de dollars durant les quatre premiers mois de l’année 2019, contre 1,025 milliard de dollars à la même période de 2018, soit une hausse de près de 20,36 %, selon les chiffres livrés par la direction des études et prospectives des Douanes (DEPD). Le plus gros de cette facture a été consommé par les usines spécialisées dans l’assemblage des véhicules de tourisme, soit 928,07 millions de dollars entre janvier et avril de l’année en cours contre 882,44 millions de dollars à la même période de 2018, en hausse de 45,63 millions de dollars (+5,17%), a précisé la DEPD. La plus grosse hausse a été enregistrée dans l’assemblage des véhicules de transport de personnes et de marchandises, avec une facture qui a augmenté de plus de 100%, se chiffrant à 306,64 millions, contre 143,41 millions de dollars, soit une progression de 163,23 millions de dollars (+113,82%), a ajouté la même source.