Réduction de la facture des importations: Les mesures inopérantes du gouvernement

Réduction de la facture des importations: Les mesures inopérantes du gouvernement

Les comptes extérieurs du pays souffrent de l’incapacité de l’Exécutif à trouver la parade face à une facture d’importation qui continue à caracoler en tête avec plus de 46 milliards de dollars.

En 2018, la facture d’importation n’a baissé que de 198 millions de dollars, une piètre performance une année après l’entrée en vigueur des fameuses restrictions à l’importation ayant touché près de 900 produits. Après quasiment cinq années de crise financière, née de la dépression du marché pétrolier en juin 2014, et qui s’était soldée par le tarissement des ressources en dinars et une forte contraction des réserves en devises, les comptes extérieurs du pays souffrent de l’incapacité de l’Exécutif à trouver la parade face à une facture d’importation qui continue à caracoler en tête avec plus de 46 milliards de dollars.

Fin décembre 2017, le gouvernement Ouyahia annonçait son intention de soumettre une large liste de biens et consommables à des mesures de restriction à l’importation. Il avait jugé que les licences d’importation initiées par Abdelmalek Sellal, aussitôt épousées par Abdelmadjid Tebboune, étaient inefficaces, voire incapables d’enrayer le renchérissement de la facture d’importation. À partir de janvier 2018 et durant une année, près de 900 produits allaient être suspendus à l’importation. Dans les détails, le dispositif du gouvernement Ouyahia portait sur des dispositions à caractère tarifaire contenues dans la loi de finances 2018, dont l’élargissement de la liste des marchandises soumises à la taxe intérieure de consommation (TIC) au taux de 30%, pour 10 familles de produits finis, ainsi que le relèvement des droits de douane pour 32 familles de produits finis.

D’autres mesures, à caractère quantitatif, sont venues muscler le dispositif, à savoir, entre autres, la suspension provisoire à l’importation de 45 familles de produits finis et la mise en place d’un contingent quantitatif pour les véhicules automobiles. La Banque d’Algérie avait, à son tour, verrouillé l’acte d’importation en instituant l’exigence d’une domiciliation bancaire préalable et dont la couverture financière a été portée à 120% du montant de l’opération. L’efficacité de ces mesures a été à nouveau remise en cause par l’institution d’une surtaxe appliquée à 1 095 biens et consommables et dont le taux d’imposition oscille entre 30 et 200%.

Six mois après sa figuration dans la loi de finances complémentaire 2018, cette surtaxe, appelée “droit provisoire additionnel de sauvegarde”, n’est entrée officiellement en vigueur que depuis peu, après publication des textes d’application et de la liste des produits assujettis. Il n’est pas sûr que cette nouvelle façon de faire puisse donner des résultats puisque l’essentiel des produits concernés par cette taxe, à quelques exceptions près, sont des biens de consommation ne représentant que près d’un tiers de la facture d’importation. Cette taxe est programmée pour au mieux augmenter en valeur les recettes de la fiscalité ordinaire.

L’ambition gouvernementale est d’arriver à terme, à rééquilibrer la balance commerciale, mais rien n’est moins sûr, car un tel objectif tient au niveau des recettes en devises plutôt qu’à l’action du gouvernement en matière de régulation des importations. Encore une fois, la maîtrise des importations à laquelle aspire le gouvernement dépendra en réalité du niveau de diversification de l’économie nationale et de la compétitivité du produit algérien. En la matière, force est de constater, qu’à ce stade, il n’y a pas plus d’efforts que lorsque les premiers slogans du renouveau économique ont vu le jour durant le début des années 2000.

De surcroît, les réformes structurelles, qui peuvent permettre de dégager des économies sur la structure des importations, sont systématiquement repoussées par un gouvernement privilégiant les solutions de facilité. En témoigne la faible moisson en économies pendant 2018 avec, au compteur, 138 millions de dollars de baisse de la facture d’importation, comparativement à 2017. Sur la balance des services, le gouvernement ne s’est également que peu ou prou investi, alors qu’elle représente un déficit de l’ordre de 10 milliards de dollars en moyenne par an et qui impacte directement l’évolution des réserves de changes.

En somme, au-delà des discours et des intentions, c’est maintenant que se joue le match de la solvabilité du pays, qui ne tient désormais qu’aux 79 milliards de dollars de réserves de changes.

Ali Titouche