Le siège du ministère des Affaires étrangères
L’Algérie prend des initiatives sur d’autres dossiers tout aussi primordiaux pour l’intérêt du pays et qui ont une connotation internationale avérée.
Alger est la destination de nombreux diplomates étrangers. Il ne se passe pas un jour, ces derniers temps, sans que la capitale ne reçoive des ministres des Affaires étrangères des quatre coins du monde. De la France à l’Italie, en passant par l’Ethiopie et la Norvège, il est clairement établi que l’Algérie joue désormais dans la cour des grands. L’ensemble des hôtes du Palais d’El Mouradia et du siège du gouvernement saluent son leadership dans la région d’Afrique du Nord et du Sahel.
La gestion «magistrale» du dialogue inter-malien et l’entame encourageante des négociations entre acteurs de la crise libyenne ont, en effet, donné une aura particulière à la diplomatie algérienne qui, de fait, donne à l’Algérie une grande visibilité politique dans la planète.

Ainsi, ce statut de pays-phare dans la région oblige l’Algérie à prendre des initiatives sur d’autres dossiers tout aussi primordiaux pour l’intérêt du pays, mais qui ont une connotation internationale avérée. Celui des prix du pétrole constitue, à plus d’un titre, une absolue priorité. Ainsi, quelques semaines après avoir dépêché des envoyés spéciaux dans diverses capitales pétrolières de pays membres de l’Opep, mais aussi extérieurs à l’organisation, les premiers retours d’écho son très encourageants, a indiqué hier le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra. La visite du ministre norvégien des Affaires étrangères était justement l’occasion pour sonder un partenaire majeur dans cette opération, au sens où la Norvège est l’un des plus gros producteurs hors-Opep. Reçu par le Premier ministre et les ministres des Affaires étrangères et de l’Energie, l’hôte d’Alger, Borge Brend, a exprimé la position de son pays par rapport à la proposition d’Alger de faire ressortir une position commune de tous les pays producteurs de pétrole, indépendamment de l’Opep, à l’effet de redresser les cours de l’or noir.
L’initiative d’Alger repose sur une logique de partenariat entre tous les acteurs énergétiques. Elle «ne vise pas à créer une approche producteurs contre consommateurs», explique Ramtane Lamamra. Le dossier avance donc bien et la sensibilisation d’un grand pays comme la Norvège est un grand pas, estiment de nombreux observateurs. Il reste que la complexité de cette question exige beaucoup de temps et de patience. L’autre signe de l’efficacité de la démarche d’Alger en rapport avec les prix du pétrole tient dans la visite du ministre angolais du Pétrole. Arrivé hier pour un séjour de deux jours, Jose Maria Bothelo de Vasconcelos s’est entretenu avec son homologue algérien sur le marché des hydrocarbures. Cette prise de langue avec un important producteur africain, illustre le poids pris par Alger dans la gestion de ce dossier sensible qui revenait traditionnellement à l’Arabie saoudite par le truchement de l’Opep.
Ces deux visites seront suivies par beaucoup d’autres, soutiennent de nombreux observateurs qui constatent que l’approche «originale» de l’Algérie sur le sujet est de nature à reconfigurer le marché pétrolier mondial, sans altérer les intérêts des uns et des autres. Le propos est d’éviter une révolution, tout en appelant à un maximum de responsabilité de la part de tous les pays producteurs.
Au même titre que le concept de «dialogue inclusif» et celui de «déradicalisation», l’Algérie est en train d’imposer son empreinte sur l’épineux chantier de la diplomatie économique. Cela consolide la crédibilité de sa diplomatie et lui confère une position stratégique dans la conduite des dossiers internationaux, les plus difficiles. Et pour cause, le dialogue entre les pays Opep et hors Opep qui se construit doucement et sûrement attire certainement les regards de toutes les capitales. Réussir un pareil pari, serait réécrire l’histoire de l’énergie sur terre. On n’en n’est pas encore là, mais il est évident que les prémices d’une démarche consensuelle à l’échelle du monde entier qui préserve les intérêts des pays producteurs et des pays consommateurs prennent forme à Alger, ces derniers jours.
Un dossier aussi «balaise» rend l’Algérie plus attirante pour les «petites» nations, sensibles à la «générosité» diplomatique de l’Algérie. Le partenariat inter-Etats et la promotion de la coopération Sud-Sud, n’auront jamais été aussi proches de la concrétisation, maintenant que l’Algérie ait accédé à un niveau où les grandes puissances lui vouent un grand respect. De plus, on notera la visite officielle du Premier ministre éthiopien qui a parrainé avec son homologue algérien, la signature de trois conventions.
Il est entendu que toute cette aura diplomatique finira, un jour ou l’autre, par servir les intérêts de la question du Sahara occidental qui est la grande priorité de la diplomatie algérienne.