L’enjeu de taille, que représentait notamment le sol du Sud algérien, faisait que le gouvernement français essayait, par tous les moyens possibles, de ne pas céder cette partie du territoire algérien.
Les journalistes, venus nombreux à la conférence de Réda Malek, organisée par l’association machâal echahid au forum d’El Moudjahid à l’occasion du 49e anniversaire de la fête de la victoire (19 mars 1962), sont restés sur leur faim. Alors que tout le monde espérait arracher à l’ancien Chef du gouvernement quelques déclarations sur la situation politique et sociale que vit le pays, Réda Malek a fait savoir que “le sujet fera l’objet d’une analyse au moment opportun” et de préciser que “se prononcer sur quoi que ce soit serait mal à propos dans un contexte caractérisé par un brouhaha politique”.
Il faut aussi noter que la conférence-débat, annoncée depuis quelques jours avec le dernier témoin vivant des fameux accords d’Évian, a été limitée à une dissertation historique. Réda Malek, considéré comme la mémoire vive des négociations entre le FLN et les représentants du gouvernement français, a rappelé avec précision comment les négociateurs algériens ont, à maintes reprises, pris la situation en main face aux Français cherchant par tous les moyens à jouer sur le facteur de l’intégrité territoriale de l’Algérie.
“Ni la tactique de De Gaulle ni celle des ministres de son gouvernement, et encore moins celle de l’OAS, n’ont réussi en effet à faire aboutir les négociations comme ils le souhaitaient, tant le point lié à l’intégrité territoriale de l’Algérie était posé.
Les négociations étaient essentiellement basées sur trois points, à savoir : l’unité du peuple, l’indépendance totale, l’unité territoriale du pays dont les frontières ne devaient en aucun cas être changées”, a souligné le porte-parole de la délégation chargée des négociations. Et c’est justement en raison de ce dernier point que les négociations ont patiné durant une année.
L’enjeu de taille, que représentait notamment le sol du sud algérien, faisait que le gouvernement français essayait par tous les moyens possibles de ne pas céder cette partie du territoire algérien. “Mais, explique le conférencier, l’obstination de nos négociateurs, à qui il faut rendre un vibrant hommage, et les coups de boutoir de l’ALN sur le terrain ont fini par faire rendre l’ennemi à l’évidence”.
Ce n’est qu’en septembre 1961, après la condamnation internationale de la politique française, notamment suite au bombardement de la ville de Bizerte, que de Gaulle rappelle aux négociations, sans condition avec le FLN et en reconnaissant les limites territoriales de l’Algérie en incluant les départements de la Saoura et des Oasis ainsi que le port militaire de Mers El-Kebir. Pour Réda Malek, “la remise en question de l’intégrité territoriale de l’Algérie est toujours d’actualité”. Faut-il faire par-là une lecture sur ce qui se trame de manière récurrente à nos frontières ? Plus que possible.