Réda HAMIANI, un chef d’entreprise au carrefour de la politique et de l’économie

Réda HAMIANI, un chef d’entreprise au carrefour de la politique et de l’économie

Le président du Forum des chefs d’entreprise (FCE), Réda Hamiani qui était mardi l’ « Invité du Direct » de la webradio, Maghreb M a passé en revue l’actualité économique et politique du monde de l’entreprise. Extraits.

Le secret de la longévité de Réda Hamiani à la tête du FCE, c’est certainement le résultat d’une combinaison sans équivalent dans la vie publique nationale entre une très grande proximité avec le monde de l’entreprise et une connaissance approfondie du fonctionnement des rouages de l’Etat tirée notamment de son expérience gouvernementale. Ce qui explique sans doute que, contrairement à son élection précédente qui avait été beaucoup plus disputée, il était, jeudi dernier, seul candidat à sa propre succession; pour un nouveau mandat de 2 ans. La griffe Hamiani c’est aussi ,sans qu’on y est toujours pris garde, une organisation patronale dont l’influence dans le débat public au cours des 2 dernières décennies s’explique par sa nature plus proche du « cercle de réflexion » que de l’organisation de masse exclusivement soucieuse de la défense des intérêts de ses membres. Toujours doté du statut d’association et pas syndicat, la parole du FCE continue d’être entendue très au delà des milieux patronaux.

Un positionnement pas nécessairement très confortable. Surtout lorsque la représentation qui s’est élargie progressivement « par cooptation » à plus de 400 membres « tous producteurs et pas importateurs », ne trainant « aucune gamelle et capable de regarder leur interlocuteur public droit dans les yeux », exerce une pression croissante en faveur du renforcement des services rendus aux membres de l’association. C’est promis , l’une des priorités du prochain mandat sera l’assistance aux adhérents du FCE notamment dans le cadre de leurs relations avec l’administration, les services douaniers ou encore dans leur déploiement à l’international.

« Une absence totale de vision à long terme au sein des cercles dirigeants »

Le Président du FCE n’est pas très prolixe sur le chapitre de la doctrine. Il n’a jamais été tenant d’un « libéralisme sans borne », se dit attaché à la « dimension sociale » de l’économie et se méfie surtout de notre « modèle de croissance trop dépendant du pétrole et de la dépense publique » et qu’il s’agit d’orienter vers « plus de liberté de l’investissement et le renforcement des capacités productives nationales ».Même s’il se montre pour l’avenir « un peu moins alarmiste que le groupe Nabni » dont il juge les scénarii dévoilés au début de l’année « catastrophistes » , il regrette néanmoins « l’absence totale de réflexion et de vision à long terme » des cercles dirigeants nationaux : « Personne parmi les décideurs ne veut dessiner les contours d’une Algérie à l’horizon 2030 ».Il est pourtant « urgent de réfléchir » et les signaux d’alarme sont déjà présents avec la « disparition progressive de nos excédents financiers en raison du gonflement des importations et une croissance tirée vers le bas de puis 2006 par la baisse de la production pétrolière ».Ce qui, d’ailleurs, n’empêche pas Réda Hamiani d’apprécier « le style direct, sans ambages et très concret » d’Abdelmalek Sellal et le travail avec des « équipes dirigeantes actuelles plus pragmatiques que les précédentes et dont l’approche des problèmes économiques est marquée par plus d’empirisme ».

Le « carré magique » des tabous présidentiels

Avec néanmoins une réserve de taille, « une frontière qu’on n’arrive pas à franchir », celle du « carré magique » des tabous présidentiels .Au nombre de ces derniers, la lettre de crédit « sur laquelle la position du FCE reste inchangée ». Le 51/49 « qui ne sert à rien puis que le CNI instruit individuellement les dossiers et pourrait négocier au cas par cas avec les investisseurs étrangers » et pour lequel l’Algérie aurait avantage à s’inspirer de la Tunisie « qui a instauré une liberté totale d’investir mais qui interdit en même temps strictement de s’installer pour faire du commerce ».Ou encore la croissance irrésistible des transferts sociaux et des subventions qui sont en passe d’atteindre « 25 à 30% du PIB » au nom d’un « politique du chèque » qui a « chloroformé les algériens ». Comme exemple le plus édifiant, l’essence qui est « 7 fois moins chère que dans les pays voisins » et dont le prix devrait être augmenté de « façon progressive ».

« 18 secteurs éligibles à la relance »

Au titre des priorités de l’heure, le FCE est en phase avec le nouveau crédo du gouvernement sur l’endiguement des importations et l’encouragement de la production locale. Parmi « les 18 secteurs retenus par les pouvoirs publics et éligibles à la relance », celui de la pharmacie « donne de bons résultats ».On est passé de 15 à 30% de couverture des besoins nationaux. « On peut faire encore mieux à l’avenir , grâce à Saidal, au secteur privé et à des investissements en cours comme ceux de Sanofi ».L’expérience est « en cours de transposition dans le secteur de l’automobile » .A propos de l’industrie textile qu’il connait bien, Réda Hamiani observe avec curiosité et scepticisme « le volontarisme soudain des pouvoirs publics pour un secteur qu’on avait considéré comme condamné ».On essaie de « restructurer les entreprises publiques existantes , alors qu’on sait que ça ne marche pas ».On propose des « partenariats internationaux avec des groupes publics pour lesquels on a enregistré beaucoup de réponses polies ».Le seul résultat notable de cette stratégie est pour l’instant l’installation « d’un grand groupe turc qui pourrait pour la première fois permettre la production en Algérie de la toile pour Blue-jean. La fameuse Denim qu’on n’a jamais réussi à produire chez nous ».

La présidentielle et le climat des affaires

Le dernier baromètre du FCE qui tente de mesurer le niveau d’activité et les anticipations au sein des entreprises privées, en tenant compte de la production, des stocks et des carnets de commande, enregistre en novembre son plus bas niveau. Historique .Le Président du FCE l’attribue pour l’essentiel à un manque de visibilité sur les prochaines échéances politique « « C’est la première fois depuis longtemps qu’il subsiste autant d’incertitudes à près de 4 mois de la prochaine élection présidentielle ». Au fait, le FCE va-t-il s’exprimer en faveur d’un 4ème mandat pour le président Boutéflika ?. Les pressions dans ce sens ne manquent pas aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’organisation patronale elle-même .Réda Hamiani temporise : « Attendons d’abord que l’intéressé s’exprime sur ses intentions ». Pour lui, il continuera de plaider au sein des instances de l’organisation patronale pour que le choix d‘un candidat aux présidentielle constitue une option personnelle.