Red Sea Film Festival 2025 : deux œuvres algériennes dans la course au prestigieux prix Yusr

Red Sea Film Festival 2025 : deux œuvres algériennes dans la course au prestigieux prix Yusr
Red Sea Film Festival 2025

Le paysage cinématographique algérien s’apprête à rayonner sous les projecteurs d’un des festivals les plus en vue du monde arabe. Alors que la 5e édition du Red Sea International Film Festival ouvre ses portes à Djeddah le 4 décembre prochain, deux œuvres algériennes aux univers diamétralement opposés mais profondément ancrés dans leur époque ont sélectionné pour y représenter la créativité nationale.

D’un côté, les terreurs intimes et collectives d’un passé traumatique explorées à travers le prisme du film d’horreur. De l’autre, les choix déchirants d’une femme moderne face à son avenir. Ces deux films, Roqia de Yanis Koussim et El’Sardines de Zoulikha Tahar, embarqueront les festivaliers dans un voyage cinématographique qui transcende le simple divertissement pour interroger la mémoire et les aspirations de l’Algérie contemporaine.

Roqia, un film d’horreur algérien où l’exorcisme rencontre la mémoire de la décennie noire

Dans Roqia, Yanis Koussim ose un mariage audacieux entre le genre horrifique et le drame historique. Le film plonge le spectateur en 1993, au cœur d’une période sombre, à travers le personnage d’Ahmed, un jeune homme amnésique suite à un accident de voiture. Le récit se construit autour d’un vide troublant, non seulement Ahmed ne reconnaît plus son village ni sa famille, mais il découvre avec stupeur l’absence de son index droit. Ce détail physique prend une dimension glaçante lorsque l’on apprend que l’exorciste, personnage central de cette roqia, porte la même mutilation.

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Koussim utilise cette trame surnaturelle pour aborder les séquelles psychologiques de la violence. Il explique que son film est une tentative de confrontation avec les traumatismes de la jeunesse durant les années de plomb. « Quand on ne traite pas les traumatismes vécus par les Algériens, peut-être que ce qui les a causés revient — non pas comme une menace, mais en arrière-plan« , confie-t-il. Et d’ajouter : « Il faut travailler sur ce traumatisme. Roqia n’apporte pas une solution, mais expose le problème. » Porté par les interprétations d’Ali Namous, Akram Djeghim et Mostefa Djadjam, ce long métrage est en compétition officielle pour le prestigieux prix Yusr du festival.

El’Sardines de Zoulikha Tahar, le portrait sensible d’une femme entre devoir et désir d’ailleurs

À l’opposé de l’atmosphère oppressante de RoqiaEl’Sardines de Zoulikha Tahar plante son décor dans le quotidien et les choix cornéliens de la vie moderne. La mini-série suit le parcours de Zouzou, une femme tiraillée entre le poids des obligations familiales qui l’enchaînent à son milieu et l’appel irrésistible d’une expédition scientifique qui lui offre la promesse d’un ailleurs et d’une réalisation personnelle.

Tahar y explore avec finesse les tensions entre tradition et aspiration individuelle, entre l’enracinement et l’évasion, à travers le regard d’un personnage féminin complexe et résolument actuel. Cette sélection au Red Sea Film Festival offre une vitrine internationale à une narration intimiste qui résonne avec les questionnements d’une génération.

Red Sea Film Festival 2025 : une plateforme d’exception pour le cinéma nord-africain

L’édition 2025 du Red Sea International Film Festival, qui se tiendra jusqu’au 13 décembre dans le quartier historique d’Al Balad à Djeddah, affiche une programmation résolument tournée vers la diversité. Avec 108 films originaires d’une soixantaine de pays, l’événement consacre un focus particulier au cinéma du Maghreb. Cinq films représentant l’Algérie, la Tunisie et le Maroc seront présentés, offrant un panorama de la vitalité créative de la région.

Parmi ces œuvres figure le film tunisien The Voice of Hind Rajab de Kaouther Ben Hania, une œuvre poignant qui retrace les dernières heures d’une fillette palestinienne. Cette sélection maghrébine, aux côtés d’une majorité de premières mondiales, confirme le rôle du festival saoudien comme carrefour essentiel de la cinématographie mondiale et comme tremplin incontesté pour les cinémas arabes.

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La sélection de Roqia et El’Sardines au Red Sea International Film Festival marque une étape significative pour le cinéma algérien. Elle démontre sa capacité à produire des œuvres à la singularité affirmée, capables de dialoguer avec l’histoire complexe du pays comme avec les enjeux sociétaux actuels. Entre l’exorcisme des fantômes d’un passé douloureux et la cartographie des dilemmes contemporains, ces deux films embarqueront le public de Djeddah dans un double voyage, au plus profond de l’âme algérienne et sur les rivages de ses questionnements universels.