Reçus hier par l’instance de consultations sur les réformes politiques: Les académiciens sceptiques

Reçus hier par l’instance de consultations sur les réformes politiques: Les académiciens sceptiques
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Constituante, la décentralisation effective, la bonne gouvernance et « l’Algérianité » comme quatrième constante nationale sont, en substance, les recommandations formulées par des enseignants et des académiciens d’universités nationales, à l’issue de l’audience qui leur a été accordée par la commission Bensalah.

Après avoir reçu des représentants de formations politiques, d’organisations syndicales, des représentants de la société civile de divers horizons ainsi que certaines personnalités nationales, la commission désignée par le président de la République Abdelaziz Bouteflika pour mener le processus de consultations sur les réformes politiques a eu sa dernière audience avec un groupe d’enseignants et d’académiciens d’universités nationales.

À l’issue de l’audience qui leur a été accordée par la commission Bensalah, chacun des professeurs et intellectuels s’est prononcé lors d’un point de presse sur les aspects et les questions abordés avec les membres de l’Instance consultative.

Mais vraisemblablement, le manque de crédibilité de la commission Bensalah, la décentralisation, la démocratie participative et le recours à la Constituante comme ultime moyen d’engager une vraie transition politique et comme seul moyen de lancer un véritable processus démocratique, sont en substance les points de convergence entre la grande majorité de ces professeurs.

Pr. Bahloul : « la fin d’un régime, suppose une Constituante »

Le professeur Mohamed Bahloul, économiste et directeur de l’Idrh d’Oran, qui dit avoir pris le risque de répondre favorablement à l’invitation de la commission Bensalah, a insisté sur deux points, à savoir, l’insuffisance des consultations et l’impératif d’organiser un congrès national sur l’État-nation algérien.

« Cet espace d’échange, de discussion et de consultations sur les réformes politiques est à saluer, mais cela demeure largement insuffisant », at- il affirmé précisant que « la nation réclame un débat populaire et profond basé sur l’inclusion de toutes les forces politiques sociales et culturelles de ce pays afin d’enraciner la démocratie ». Il faut, poursuit-il, « un congrès national sur l’État-nation algérien afin de redimensionner et refonder l’État-nation par rapport au paradigme de la citoyenneté.

Le paradigme qui dit : le devoir citoyen d’obéir au gouvernant, suppose le droit de le choisir ». Aux dires de Mohamed Bahloul, ce congrès devrait avoir quatre points à l’ordre du jour, en l’occurrence la définition du contrat social, de la philosophie constitutionnelle et des mécanismes de la transition politique ainsi que la mise en place d’une commission d’expert et de politologues qui aura pour principale mission la rédaction de la nouvelle constitution. « Mais, il ne faut pas jouer avec les mots. La fin d’un régime, suppose une Constituante », a-t-il conclu.

Pr. Dourari : « appréhensions sur le sort du rapport final »

De sont côté, Abderrezak Dourari, professeur de l’enseignement supérieur en sciences du langage à l’Université d’Alger a estimé que « la démarche de la commission de consultations sur les réformes politiques est, en réalité, très lourde par rapport au risque d’une explosion sociale qui guette à l’heure actuelle notre pays ».

« Ce que nous appréhendons, ajoute le professeur, c’est que le rapport final de la commission aurait le même sort que celui qui a été réservé aux rapports du feu Mohand Issaâd sur la réforme de la justice et sur les événements de la Kabylie, le rapport sur la réforme du système éducatif et de celui de Missoum Sbih sur l’administration ».

Par ailleurs, le professeur soutient que le vrai problème ne réside nullement dans l’élaboration d’une nouvelle Constitution, mais de faire soumettre, notamment, le pouvoir exécutif à l’application des lois. Pour ce faire, il préconise la mise en place d’une commission de contrôle de l’application de la constitution. Une commission qui devrait être ouverte sur toutes les sensibilités politiques nationales.

Pr. Aberkane : « Une décentralisation effective et responsable, un impératif »

Dans sa déclaration à la presse, Abdelhamid Aberkane, Professeur de réanimation, au CHU Ben-Badis de Constantine a mis l’accent sur la nécessité de mettre en évidence les véritables préoccupations du peuple algérien afin de conférer à ces consultations plus de crédibilité.

Pour cet Ancien ministre de la Santé et de l’Enseignement supérieur, il est plus qu’impératif de redonner la confiance aux Algériens en mettant en place des mécanismes administratifs et politiques crédibles qui prennent les rênes de la transition politiques. « Les nouvelles lois doivent prendre en considération la décentralisation effective et responsable des décisions et donner plus de chances aux nouvelles compétences au niveau local et national », a-t-il martelé.

Guechi El-khier : plaidoyer pour la bonne gouvernance

Pour sa part, Guechi El-khier, doyen de la faculté de Droit et des Sciences Politiques de Sétif a indiqué que les réformes politiques doivent s’inscrire dans le cadre de la bonne gouvernance constitutionnelle recommandé.

Pour ce faire, il préconise l’instauration d’une démocratie participative et la décentralisation de l’administration, le renforcement du rôle du Parlement, l’indépendance de la justice, la liberté de la presse ainsi que le contrôle constitutionnel.

Pr. Belabid : « l’Algérianité » comme quatrième constante nationale»

À l’issue de sa rencontre avec les membres de la commission Bensalah, Ali Belabid enseignant de l’Ecole polytechnique d’architecture et d’urbanisme (Epau) a plaidé pour l’ajout de ce qu’il a nommé « l’Algérianité » comme quatrième constante nationale dans la nouvelle constitution. Il a plaidé également pour l’officialisation de Thamazight et pour une prise en charge sérieuse pour les régions du Sud et de la Kabylie. Deux régions, aux dires de Ali Belabid, qui sont à l’heure actuelle en danger.

Hamid M.