Mohammed Boudiaf, qui s’en souvient ? Ceux qui ont fait leur son projet de société et qui ferraillent sans relâche pour le réaliser, ceux qui militent pour que la vérité sur son assassinat soit faite, ceux qui viennent chaque 29 juin depuis 1993 se recueillir sur sa tombe au carré des martyrs à El Alia et les jeunes du MJIC qui, vingt ans après son assassinat, regardent Khaled Nezzar dans les yeux et l’interpellent.
Ce matin, à El Alia, Khaled Nezzar, qui était membre du Haut Conseil d’Etat (HCE), présidé alors par feu Mohamed Boudiaf, a été pris à partie par des jeunes militants du MJIC qui lui ont reproché sa responsabilité partagée avec les islamistes dans ce que vit le pays. Surpris par une interpellation à laquelle il ne s’était certainement pas préparé, Khaled Nezzar a répondu qu’il avait tout dit dans ses livres. « Moi j’ai tout dit, je vous conseille de lire mes livres », a-t-il rétorqué.
Cet échange entre les militants du MJIC et le général à la retraite a eu lieu en marge de la cérémonie de recueillement sur la tombe de Boudiaf. Rappelons que Mohammed Boudiaf, qui rompit son long exil à Kénitra au Maroc pour voler au secours de la république prise d’assaut par l’hydre islamiste, a présidé le haut conseil d’Etat de janvier 1992 à juin 1992, plus exactement jusqu’à ce jour fatidique du 29 juin où il fut assassiné alors qu’il prononçait un discours à Annaba.
La commission d’enquête mise sur pied pour faire la lumière sur son assassinat avait conclu à un acte isolé commis par le dénommé Boumarafi, un lieutenant du GIS ( groupement d’intervention spéciale ). La justice a repris à son compte cette thèse de l’acte isolé, laquelle ne convainc ni la famille du défunt ni une large partie de l’opinion algérienne.
Dahbia Laceb
