La commune d’Aïn Bessam, sise à une vingtaine de kilomètres vers l’ouest de Bouira, qui était auparavant épargnée des actes de violence, se retrouve, ces derniers temps, confrontée à une véritable descente aux enfers. Il ne se passe pas un jour où l’on ne signale pas un acte d’agression, de vol ou de destruction de biens publics.
Pour les citoyens de cette localité, le climat d’insécurité qui règne ces derniers temps vient d’atteindre des limites intolérables. Ces derniers se disent incapables de supporter le sentiment d’insécurité qui prévaut actuellement dans leurs cités. Pratiquement chaque jour, c’est le même scénario qui se répète, vol de magasins et de maisons, rackets, agressions, bagarres et la liste est encore longue.
Le dernier malheureux événement en date est, sans contexte, celui qui remonte au dimanche dernier, au niveau du quartier Aradh-Saleh, le plus peuplé de l’agglomération. Cet événement montre l’ampleur de ce phénomène qui prend des proportions très alarmantes. En effet, un enfant de 12 ans a été mortellement poignardé par un autre adolescent ayant presque le même âge. La victime avait rendu l’âme quelques minutes juste après son évacuation à l’hôpital. 24 heures après ce terrible accident, un autre jeune de 23 a été violement poignardé par un enfant d’à peine 15 ans, à l’intérieur d’un kiosque du quartier El Corse, après une simple rixe verbale entre les deux.
La victime a été évacuée vers les urgences de l’hôpital de ville, avant d’être transférée aux services de réanimation de l’hôpital de Tizi-Ouzou, où elle demeure à ce jour. Les citoyens lancent ainsi un véritable cri de détresse pour le renforcement du dispositif sécuritaire au niveau de cette localité, notamment au niveau des quartiers dits « chauds » de la ville, et même au niveau des établissements scolaires. Des élèves et des enseignants sont souvent rackettés ou harcelés par des bandes de délinquants déchaînés. « Plusieurs cas d’agressions suivis de vol avec violence ont été signalés au cours de la semaine dernière.
Nous sollicitons l’ouverture d’autres postes de police et la multiplication des patrouilles pour sécuriser la localité et sa population, qui vit malheureusement sous la menace de bandes des malfaiteurs qui imposent leur loi. Cette situation ne peut plus durer !», se désole Samir, un jeune citoyen de la localité, avant d’ajouter : « Notre localité dispose de plusieurs centres de sécurité, on pourra compter la sûreté de Daïra, la caserne de la BMPJ, la compagnie et la brigade de gendarmerie nationale, ainsi qu’une nouvelle sûreté urbaine. Ses unités de sécurité, avec tous les moyens dont elles disposent, sont apparemment incapables de faire régner l’ordre public ! Quelles sont les véritables causes de cette flambée soudaine des actes de violences ? Comment se fait-il que les armes blanches et la drogue se vendent en plein air, au vu et au su de tout le monde ? Pourquoi les vendeurs de drogues ne sont pas interpellés ? ».
C’est l’avis, en tous les cas, de tous les citoyens qui y habitent. Aucun quartier de la cette localité n’est malheureusement épargné de ce fléau sans cesse grandissant. Des résidents déplorent l’insécurité qui règne en ces lieux, surtout à la tombée de la nuit, où le défaut de l’éclairage peut engendrer la dégradation de l’aspect sécuritaire de la cité (vols et agressions).
35 cas d’agressions enregistrées en deux mois
Il faut dire que l’insécurité prend des proportions alarmantes dans plusieurs quartiers de la ville. Il ne se passe pas un jour sans qu’on entende parler d’un vol, d’une agression à l’arme blanche ou même d’un meurtre. Selon des sources hospitalières, près de 35 cas, victimes d’agressions, de blessures volontaires ou de violences, ont été recensées durant le premier trimestre de l’année en cours. Les victimes sont âgées entre 9 et 70 ans, et ils sont majoritairement du sexe masculin.
Notre source ajoute qu’il existe bel est bien d’autres cas non signalés, notamment des agressions commises à l’encontre des femmes et de jeunes filles. Ces dernières n’osent pas déclarer leurs malheurs à cause des pressions familiales et des tabous de la société. Autre forme de délinquance, qui semble prendre de l’ampleur, le vol des magasins et le racket de certains commerçants. La scène la plus récente remonte à la soirée du 9 de ce mois, où deux magasins de la rue Mohammed Toumi, ont été cambriolés en une seule nuit.
Les malfaiteurs avaient, en effet, usé un cric de voiture pour forcer les rideaux des magasins. Bilan, plusieurs objets de valeurs ainsi qu’une importante somme d’argent ont été dérobés. Les bureaux de poste et de banque sont également les lieux de prédilection des voleurs, où des dizaines de salariés et de retraités ont été ciblés. La plupart de ses agressions ont été commises dans les quartiers populaires de la ville, réputés pour être des quartiers chauds, à l’image des quartiers, Les tours, Aïn-Bouakez, Zmala et El-Corse. Cependant, la violence n’est plus l’exclusivité de ses quartiers populaires et défavorisés, car elle s’est brutalement généralisée à toutes les cités, y compris au centre-ville.
« Les agressions, les vols, le port d’armes blanches et la toxicomanie sont devenus monnaie courante à Aïn Bessem. Je pense que c’est de la responsabilité de tout le monde, et pas seulement des services de sécurité. C’est aux parents de suivre et de protéger leurs enfants, aux enseignants et aux acteurs de la société civile locale de sensibiliser et d’encadrer cette jeunesse et bien sûr c’est aux policiers et aux forces de l’ordre de traquer les délinquants et les trafiquants de drogue dans la région. Les riverains doivent s’organiser efficacement pour barrer la route à ce fléau ! », suggère Moussa, un enseignant du moyen.
Oussama. K.