Recours aux prêts sur gage,flambée des prix,surconsommation ,La face cachée de l’algérie

Recours aux prêts sur gage,flambée des prix,surconsommation ,La face cachée de l’algérie

Les Diar El Rahma feront le plein

Près de 2 millions de ménages nécessiteux vont bénéficier de colis alimentaires alors que d’autres pourront rompre le jeûne dans des restaurants ouverts pour la circonstance.

C’est parti pour 30 jours de jeûne. Les plus nantis pourront dépenser leurs sous sans compter pour afficher leur statut, alors que ceux qui n’ont que leurs yeux pour pleurer compteront sur la générosité des pouvoirs publics et celle des initiatives privées, pour que leur soit garanti un repas chaud: l’incontournable et traditionnelle chorba du Ramadhan.

Le mois sacré débute donc sur un air de déjà-vu. La modification des habitudes alimentaires et la tendance des Algériens à la surconsommation pendant cette période fait surtout la part belle aux spéculateurs de tout poil. Les prix flambent. Les Algériens de plus en plus nombreux tentent tant bien que mal de faire face à ce contexte si particulier qui module leur mode de consommation. Il a pour effet psychologique de pousser à la gloutonnerie et à une alimentation anarchique (sucreries, limonades, zlabia, kelb ellouz…) qui peuvent avoir un effet néfaste sur leur santé lorsqu’ils ne font, par contre, aucun cadeau à leur porte-monnaie. Poussant bon nombre de familles à avoir recours aux prêts sur gages pour faire face à des dépenses qui prennent l’allure de comportements ostentatoires. Un autre indice qui atteste que la société algérienne a désormais revêtu les oripeaux de la société de consommation dont les effets pervers ont laissé sur le carreau des ménages qui se chiffrent aujourd’hui par centaines de milliers…Un autre créneau pour des établissements bancaires qui se transforment en palliatif à une précarité rampante qui affecte de plus en plus une catégorie de consommateurs qui ne s’en cache pas. «J’ai recours à cette opportunité tous les ans pour faire face à l’augmentation des prix des produits de consommation qui a lieu pendant le mois de Ramadhan. Cela me permet de jeûner dans la dignité…», nous a confié une mère de famille rencontrée dans une de ces banques qui s’adonne au type de «transaction». Pour les autres, près de 2 millions de ménages nécessiteux (1,8 million selon la ministre de la Solidarité nationale Souad Bendjaballah) vont bénéficier de colis alimentaires alors que d’autres pourront rompre le jeune dans des restaurants ouverts pour la circonstance.

Le ministère de la Solidarité «a consacré une enveloppe financière de 570 millions de dinars (57 milliards de centimes) au profit des personnes nécessiteuses à travers le pays durant le mois de Ramadhan», a déclaré au début du mois de juillet Belkacem Aït Saadi, le secrétaire général du ministère de la Solidarité nationale et de la famille. Une paupérisation rampante que rien ne semble vouloir arrêter et que le mois sacré met au grand jour. Rappelons qu’un peu plus d’un million de ménages ont bénéficié de la «générosité» des pouvoirs publics pour pouvoir affronter le mois de Ramadhan de l’année 2013, synonyme tous les ans de dépenses plus importantes que d’habitude et d’une flambée des prix qui met à mal les petites bourses.

Les chiffres officiels, communiqués en 2012 par le ministère de la Solidarité ont fait état de près d’un million et demi de familles dans la précarité, à être contraintes d’avoir recours à ce type d’opération pour faire face aux exigences, d’ordre culinaire, imposées par ces trente jours, sacrés, de jeûne. Des interventions qui consistent à introduire une dose de charité chaque année. Elles n’apportent aucune solution pérenne et n’agissent pas de manière efficiente sur l’érosion du pouvoir d’achat ou sur la délicate question de l’emploi et du chômage, qui demeurent des facteurs importants de cette malheureuse situation.

Ces actions a priori généreuses, ne servent pas à atténuer la misère et la souffrance psychologique dans lesquelles sont plongés des millions d’Algériens. Il est à souhaiter que le prochain Ramadhan se passe autrement.