Des dégats immenses qui coûteront beaucoup d’argent
La collecte des armes n’est pas la tâche la plus facile qui attend les autorités libyennes.
Huit mois de guerre ponctuée par des bombardements de l’Otan ont fini par mettre la Libye à genoux. Les nouvelles autorités doivent déblayer les débris de la destruction et se lancer dans la reconstruction. La tâche est redoutée par le numéro deux du Conseil national de transition, Mahmoud Jibril. En Jordanie, il a qualifié de mission quasi impossible la reconstruction de la Libye. «La reconstruction de la Libye ne sera pas une tâche facile. C’est la Mission impossible de Tom Cruise, a déclaré M. Jibril, en référence à un célèbre film américain, lors d’une session du Forum économique mondial qui se réunit sur les rives de la mer Morte en Jordanie. Jibril s’est dit soulagé après la mort jeudi de l’ancien homme fort de Libye, Mouamar El Gueddafi. «Je me sens soulagé et j’ai le sentiment de renaître, c’est aussi simple que cela», a-t-il dit. Pour M. Jibril, la stabilité et l’ordre dans le pays doivent être restaurés, ce qui nécessite la collecte des armes dans les rues (…) qui n’est pas une opération aisée. «Nous devons également initier un processus de réconciliation. Sans cela, nous ne pouvons rien faire», a-t-il ajouté. Il a réaffirmé que les premières élections après la libération du pays devraient se tenir dans un délai maximum de huit mois. Début septembre, le CNT avait publié une feuille de route vers une nouvelle Libye libre, qui prévoit la mise en place, un mois après la libération, d’un gouvernement de transition chargé d’organiser en huit mois des élections générales et de remettre ses pouvoirs à une Assemblée élue. Les nouvelles autorités de la Libye proclameront solennellement aujourd’hui la libération du pays.
Sa mort marque la fin définitive du règne de M. El Gueddafi, qui aura duré plus de 40 ans. Désormais, le pays va devoir s’atteler à la tâche de réconcilier les factions politiques, de contenir les menaces que font peser sur la stabilité les derniers fidèles du régime d’El Gueddafi, et de former un gouvernement par intérim.
Mais des craintes subsistent sur un retour rapide à la stabilité. La mort d’El Gueddafi affecte la capacité des loyalistes car ils n’ont plus d’objectif politique, a déclaré Akrm Houssam, chercheur au Centre national pour l’étude du Moyen-Orient.
Toutefois, ils pourraient encore lancer des opérations à petite échelle pour venger la mort de leur leader, a-t-il ajouté.
Concernant la guerre en Libye, «on ne peut pas affirmer qu’elle soit totalement achevée» mais elle est sur le point de s’achever, car les partisans d’El Guedafi ne vont pas abandonner maintenant, estime Sayed el-Lawendi, politologue au sein du Centre Ahram pour les études politiques et stratégiques.
La réconciliation serait un processus difficile et un gouvernement provisoire doit comprendre toutes les parties de la société, a relevé Houssam. Il a indiqué que le CNT ne serait pas dissous immédiatement après la formation d’un gouvernement de transition, estimant que le CNT risque de perdre sa légitimité sans une transition démocratique.
Le CNT a beaucoup de défis, dont la situation de sécurité, puisqu’il est confronté à d’éventuelles violences entreprises par les militants d’El Gueddafi, a averti Lawendy. La reconstruction de la Libye, détruite par une guerre de sept mois, ne sera pas facile, a-t-il ajouté.
Selon Lawendy, il est certain que la période de transition sera marquée par une rivalité pour le pouvoir, mais les puissances occidentales aideront à surmonter les obstacles. «Le processus de transition pourrait être plus long que prévu, notamment du fait que la Libye a une spéciale nature tribale. La rivalité des tribus devrait affecter le développement politique et la révision des lois et des politiques», a indiqué Lawendy.