L’historien français, spécialiste de la Guerre d’Algérie, Benjamin Stora, a indiqué dans un entretien accordé à l’APS, diffusé hier, qu’il s’attendait des «prochains gestes» du président Hollande qu’il pourrait aller vers un discours dévoilant la nature «répressive» du système colonial, «ou de rencontres avec des acteurs de la guerre d’Indépendance, ou des Français ayant participé à la bataille pour l’Indépendance (…)».
«Il y a encore beaucoup de choses à dire, à faire sur la période de la colonisation. Mais ce travail a déjà commencé depuis de nombreuses années par les historiens des deux rives, et surtout par les nouvelles générations de chercheurs qui dévoilent les vérités sur cette histoire», a-t-il souligné, estimant que les présidents français et algérien devront tenir compte de tous ces travaux.
Le 17 octobre dernier, le président François Hollande avait affirmé que la République reconnaissait «avec lucidité» la «répression sanglante» qui s’était abattue sur les Algériens le 17 octobre 1961 à Paris, une déclaration saluée par les autorités algériennes.
L’historien reconnaît également, dans un entretien accordé à l’AFP, que la société algérienne est animée par «une exigence de vérité» sur son histoire, non seulement sur la guerre menée par la France de 1954 à 1962, mais sur 130 ans de colonisation française de l’Algérie.
Ce professeur à l’université Paris 13 a été récemment consulté par le président François Hollande sur la dimension mémorielle de sa visite attendue demain et jeudi en Algérie et plus généralement sur le Maghreb. Les «questions mémorielles ont pris beaucoup d’importance depuis l’année 2005 qui a marqué le grand tournant.
Avant, ce préalable n’était pas aussi vivement posé dans les rencontres officielles franco-algériennes mais, depuis l’adoption en 2005 de la loi sur la colonisation par l’Assemblée nationale française (dont un article très controversé puis supprimé en 2006 évoquait «le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord»), les enjeux de mémoire ont pris une grande place en Algérie»,
a déclaré Benjamin Stora, soulignant que «les Algériens attendent la reconnaissance des exactions commises, au niveau de celle ouverte par la présidence de Jacques Chirac avec la condamnation des massacres de Sétif et Guelma en 1945». La reconnaissance des atrocités coloniales ne signifie pas repentance, selon cet historien estimant que «la repentance est rarement prononcée en Algérie».
A. M.