La position de l’Algérie face à la virtualité d’une intervention militaire au Nord-Mali est trop subtile pour que nous puissions la comprendre.
C’est pour cela que notre gouvernement ne prend pas la peine de nous l’expliquer. Ceux qui n’ont pas le privilège d’accéder “aux sources officielles qui ont requis l’anonymat” sont alors réduits à guetter les déclarations de Laurent Fabius et d’Hillary Clinton pour tenter de saisir la profondeur du point de vue national.
Après avoir été opposé à cette intervention, notre pays s’est donc montré plus compréhensif. Il convient finalement d’une solution militaire aux conditions que soit préalablement tentée une solution politique, que son armée ne soit pas sollicitée pour opérer hors de nos frontières et que nulles troupes étrangères ne stationnent ou transitent par notre territoire.
Mais à part cela, l’Algérie a participé, à Bamako, à une réunion autour des aspects stratégiques concernant l’intervention au Nord et à une réunion d’experts pour la définition de ses aspects opérationnels. Ce qui nous replonge en plein mystère.
Malgré cela, et aux dires des analyses “sourcées” des confrères, Hillary Clinton se serait déplacée à Alger pour enregistrer notre position et pour nous dire qu’elle la comprend. Et tout en signalant l’utilité de notre expérience “unique” et le caractère déterminant de notre potentiel de lutte antiterroriste, elle serait repartie sans rien nous demander de spécial. Du coup, les pressions de moyenne puissance de la France perdraient de leur effet devant la compréhension de l’hyperpuissante Amérique. Il faudrait donc noter la réalisation diplomatique qui aboutit à redessiner, à notre avantage, le rapport de force international autour de l’idée d’intervention au Nord-Mali. N’est-ce pas ?
Sauf que l’intervention a été décidée.
La France l’a voulue, l’État malien, malgré son piteux état, l’a demandée, la Cédéao, malgré la faiblesse de ses moyens, s’y prépare et le Conseil de sécurité l’a avalisée. En en précisant les délais de préparation.
Du point de vue international, “la solution politique” préconisée par l’Algérie est donc bien dépassée. Pour l’Europe et pour les États-Unis, le Nord-Mali est bien en phase de se transformer en base terroriste. Et s’il y avait moyen de “solution politique” avec Al-Qaïda, il l’aurait justement démontré. Douze des concessions unilatérales ne sont pas parvenues à nous soulager de la menace et de la nuisance des groupes islamistes. Seule l’efficacité coûteusement accumulée de nos forces de sécurité a permis de réduire progressivement la capacité de nuisance des groupes islamistes qui continuent à faire ce qu’ils peuvent en matière de crimes.
Bien sûr, la question Azawad est une question politique. Qui appelle certainement “une solution politique”. Mais maintenant qu’Ansar Eddine est homologué pour s’exprimer dans la presse algérienne, voici ce qu’a déclaré son porte-parole qui vient de concéder une interview à un site algérien d’information : “Ceux qui veulent combattre Al-Qaïda doivent se tourner vers la religion et là, se demander s’ils doivent combattre Al-Qaïda, la religion.”
Il paraît que pour la paix au Sahel, il serait incontournable de négocier avec ce partenaire. Comme “la réconciliation” avec les éléments du GSPC le fut pour la paix en Algérie.
M. H.
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