A défaut de pouvoir remonter le temps et de revoir la composante du bureau politique du FLN, chose que seul le congrès est habilité à faire, certains se contenteraient bien d’une telle aubaine, d’autant que cette «initiative» provient du président d’honneur du parti, Abdelaziz Bouteflika lui-même.
Le différend qui oppose le SG du FLN, Abdelaziz Belkhadem, à l’ancien ministre des Transports sous Chadli, Salah Goudjil, semble connaître son dénouement. L’initiative est loin d’être propre aux deux antagonistes, elle a été «inspirée» par le président de la République lui-même, comme l’affirme Mohamed Seghir Kara. Ce dernier soutient cependant que «les négociations sont à leur début et aucune décision ne sera prise sans consultation de la base», ajoutant que «cette réconciliation ne se fera pas pour de quelconques postes mais bien pour l’intérêt suprême du parti». Il est vrai que certains «généraux sans armée» du FLN perdraient à quitter le vieux parti et donc, à défaut de pouvoir remonter le temps et de revoir la composante du bureau politique du FLN, chose que seul le congrès est habilité à faire, certains se contenteraient bien d’une telle aubaine, d’autant que cette «initiative» provient du président d’honneur du parti, Abdelaziz Bouteflika lui-même. Le chef de l’Etat qui jusque-là a laissé faire, a dû, face à la menace des Islamistes, opposer son «veto» pour mettre fin à cette querelle de chiffonniers qui risque de faire s’imploser le parti. L’on chuchote d’ailleurs en coulisses, que des promesses avaient été faites aux uns et autres et que le tiers présidentiel sénatorial peut régler certaines divergences et bonifier les «plus sages». Au FLN, c’est le souci du devenir du parti qui motive une telle «réconciliation».
On soutient que ces retrouvailles «se font dans l’intérêt du parti, sans aucun autre calcul». Saïd Bouhedja abonde dans ce sens en déclarant que «les militants feront fi des querelles personnelles et s’engagent au profit du parti». Vrai argument illustrant le parfait militantisme ou faux alibi cachant les raisons d’un tel crépissage de chignon, la base du FLN semble avoir beaucoup changé au fil des guéguerres. Trop d’animosités minent les relations et avaient suscité des déchirures internes. En plus du régionalisme sévissant, le zaimisme sépare la base partagée entre Benflis et Belkhadem. Le pourrissement avait atteint son paroxysme. D’ailleurs, cela explique le geste du président de la République qui, en «intervenant» souhaite préserver ce parti «mythique». «La non réconciliation nuit atrocement au parti», nous confie-t-on. Mais, «comment se feront les négociations et sur quelle base ?», se demande-t-on, «est-ce sur fond de promesses et de marchandage ?» Vraisemblablement, celles-ci tournent autour des listes de candidature et leur révision, en contrepartie du retrait des listes indépendantes élaborées par les dissidents à travers les 48 wilayas du pays. La prise en charge des militants exclus en 2007 et cette fois-ci encore pour leurs «penchants» pour untel ou un autre courant, est aussi l’autre pomme de discorde. Si Belkhadem semble exiger le retrait desdites listes indépendantes qui risquent de porter préjudice au FLN, le deal sera pour les autres «de réviser les listes de candidature à travers les 48 mouhafadhas».
Belkhadem serait-il en mesure de répondre aux requêtes de Goudjil et honorer ses engagements pris vis-à-vis du chef de l’Etat ? L’ex-membre du BP et ancien ministre qui compte bien fructifier «son combat» en attendant le Senat dont le renouvellement est prévu pour décembre 2012, mettra-t-il son «orgueil» de côté ? Les listes à venir nous le diront bientôt, d’autant que le président de la République peut, grâce au quota que lui confère la loi dans le tiers présidentiel, reconnaître les siens. La base, véritable otage, continuera quant à elle à vivre sa condamnation de Sisyphe.
Par Azzedine Belferag