Les Algériens choisiront-ils la résignation? Ce serait mal les connaître que de faire pareille prévision
Les Algériens choisiront-ils la résignation? Ce serait mal les connaître que de faire pareille prévision. Il leur reste les mécanismes de la démocratie. Mais là…
La communication du gouvernement sur les questions liées à la rationalisation des dépenses ou au rationnement de la consommation est quelque peu parasitée par la tendance manifeste à reporter l’inéluctable décision de coupes budgétaires ou de révision du programme de subvention de certains produits de consommation courante. Les spécialistes de la chose économique sont unanimes à dire que la récession est inévitable, puisque le principal investisseur, c’est-à-dire l’Etat, devra ronger son frein au plus tard à l’horizon 2017. La machine s’enrayera, le carnet de commandes publiques se réduira comme une peau de chagrin, impactant l’activité des entreprises, donc le marché de l’emploi.
Une hausse du taux de chômage aggravera la situation des ménages qui seront confrontés à une inflation record induite par la baisse des subventions. Pris entre le marteau et l’enclume, les Algériens réagiront sans doute mal à une pareille perspective, laquelle passe pour être le scénario du pire. Un futur aussi négatif ne sera certainement pas pour arranger le gouvernement, en mal de solutions pour remédier à une crise d’ores et déjà annoncée. Les tenants de cette approche, pour le moins pessimiste de l’évolution économico-financière du pays, expliquent leur scénario par l’absence en temps de vaches grasses de réformes économiques et financières nécessaires pour donner à l’économie nationale les moyens d’affronter une situation de baisse des prix du pétrole. Durant près de 15 années, l’essentiel des investissements était assuré par l’Etat
Des dizaines de milliards de dollars ont été dépensés dans le Btph, sans que l’effet d’entraînement souhaité ne vienne prendre le relais de l’Etat à travers des IDE orientés vers l’industrie et les services. Et pour ne pas arranger les choses, le gouvernement s’est lancé dans une course à la subvention de sorte que les transferts sociaux atteignent des pics inégalés. La loi de finances complémentaire de 2015 ou celle de 2016 doit contenir immanquablement des dispositions restrictives, tant au niveau des investissements publics qu’au niveau des transferts sociaux. Au jour d’aujourd’hui, le spectre des interventions sociales de l’Etat est on ne peut plus large et donne au gouvernement une petite marge avant de «toucher l’os».
De plus, la traque à la fraude dans le commerce extérieur et l’obligation d’utiliser le chèque dans les transactions financières ramèneront assez de liquidités dans les circuits financiers officiels, ce qui amortira sans doute les effets de la baisse des prix du pétrole.
Cet argument est avancé par les plus optimistes qui y ajoutent les quelques grands projets engageant des géants de l’industrie mondiale, ce qui contribuera à booster les investissements privés et agir positivement sur l’emploi et plus généralement sur la dynamique économique nationale. Le meilleur scénario serait donc que l’Algérie puisse compenser le manque à gagner, conséquence de la morosité du marché énergétique mondial.
Nous en sommes au tout début du parcours, ce qui explique les propos en demi-teinte des ministres qui se montrent offensifs dans la lutte contre le gaspillage, mais très prudents sur les aspects en rapport avec le pouvoir d’achat des Algériens, appelé certainement à prendre un sérieux coup. La première crainte du gouvernement tient dans la réaction de la rue qui peut être violente.
Tout le monde a encore en souvenir les émeutes qui ont éclaté un peu partout, après la hausse subite des prix de l’huile et du sucre. Même si la situation nationale et régionale n’est plus la même et que les Algériens prennent au sérieux le fait dé bénéficier d’une précieuse stabilité en ces temps de troubles à la frontière, il reste difficile de prévoir l’attitude de la société face à une dure crise économique. Les Algériens constatent quotidiennement, à travers leurs écrans de télévision, toutes les conséquences sociales néfastes des crises que vivent beaucoup de pays européens. La Grèce, l’Espagne, le Portugal et même la France, traversent une période difficile. Entre la résignation et la lutte politique, en usant des mécanismes qu’offre la démocratie pour changer de politique, les peuples de ces pays ont opté pour la voie pacifique.
Les Algériens, choisiront-ils la résignation? Ce serait mal les connaître que de faire pareille prévision. Il leur reste les mécanismes de la démocratie. Pour cela, ils ont les échéances de 2017 et 2019. Mais tout le monde sait en Algérie que ce mécanisme n’est pas assez huilé. C’est toute la question et c’est surtout la grande crainte des dirigeants du pays.