Les vacances d’été étaient minutieusement préparées non pas en fonction du budget qui leur était alloué mais en fonction du dépaysement, en termes de curiosités.
Depuis 50 ans les Français ont vécu au-dessus de leurs moyens et même largement au-dessus de leurs moyens. Ils ont dépensé sans compter et nous ne parlons pas des citoyens «hyperfriqués» qui circulent en jet privé, achètent des îles de rêve et passent leurs vacances à l’autre bout du monde sous les cocotiers. Le Français moyen avait, en période de vaches grasses, un job bien payé et sa femme travaillait. Le couple possédait deux voitures.
Grâce aux crédits bancaires, il pouvait acheter ou faire construire une seconde résidence généralement au bord de l’eau, pour se ressourcer loin du tumulte des grandes villes. Il ne se privait de rien, allait au restaurant une fois par semaine quand ce n’était pas deux.
Les vacances d’hiver étaient sacrées. Les Français ne rateraient pour rien au monde ces moments de détente privilégiée où leurs enfants, en contact avec la nature, pouvaient s’amuser comme des fous. Quant aux vacances d’été, elles étaient minutieusement préparées non pas en fonction du budget qui leur était alloué, mais en fonction du dépaysement, en termes de curiosités. On estime qu’un Français sur 20 a visité New York, qu’un Français sur 10 s’est rendu à Djerba ou à Marrakech et au moins un Français sur 2 a séjourné dans un pays étranger d’Europe ou d’Asie. Les loisirs ont toujours tenu dans les familles une place de choix. Un concert, un film en première vision ou une nouvelle pièce de théâtre faisaient invariablement courir les Français.
C’est à partir du premier choc pétrolier et des mesures contraignantes qu’il a imposées sur la vie de tous les jours, que les Français et, partant, les Européens ont commencé à prendre conscience qu’ils vivaient sur un nuage rose et qu’il était temps d’en descendre.
Le réveil est brutal. Il faut composer avec la réalité, la toucher du doigt, la voir en face et faire avec elle. Le chômage et la précarité qui frappent le Vieux Continent ne sont pas une fatalité, mais la conséquence d’un système délétère qui a montré toutes ses limites.
Les riches comme les pauvres sont aujourd’hui logés à la même enseigne …
I.Z