Il y a quelques années, une demande de logement, quelle qu’en soit la formule, ne donnait aucun privilège du lieu de l’implantation du site d’affectation. Depuis 2010 avec le relogement massif, chaque opération est automatiquement suivie de contestations et d’émeutes.
C’est du moins le constat dans la wilaya d’Alger qui, tout en renouant avec le programme de relogement, vit au rythme des affrontements entre population et agents du maintien de l’ordre. La virée que nous avons effectuée hier nous a permis, en effet, de constater l’ampleur de la colère populaire marquée par la fermeture des routes comme c’est le cas à Triolet dans la commune de Bab El-Oued où la circulation automobile se faisait au compte-gouttes. L’axe principal de ce quartier était pratiquement bloqué depuis la veille.
Tout a commencé, nous a-t-on expliqué, quand des citoyens du quartier Carrière Jaubert, mitoyen à Diar El-Kef, ont manifesté leur mécontentement en plaçant des barricades au niveau dudit axe giratoire qui dessert Bab El-Oued vers les hauteurs sud et ouest de la ville. Motif : les protestataires n’étaient pas concernés par le relogement. Renseignement pris auprès des responsables de la wilaya chargés du programme relogement, “ils seront relogés lors des prochaines opérations et après étude des dossiers conformément à la procédure établie”. Les citoyens ne l’entendent pas de cette oreille et continuent d’imposer leur façon de voir les choses. En attendant de trouver une solution, le quartier de Bab El-Oued et ses environs était, hier, un endroit à éviter pour les automobilistes en raison des longs embouteillages créés par le mouvement de contestation.
Diar Echems : autre haut lieu de fronde. À notre arrivée vers la mi-journée, le chemin qui y mène est jonché de débris de bouteilles et de pierres. On nous avise de ne pas s’aventurer. En nous présentant comme journalistes, nous avons pu, sous protection d’un des représentants du quartier, avancer vers le théâtre des opérations. En contrebas de la cité, un nombre important de policiers surveillent le mouvement des émeutiers. Ces derniers les narguent par des jets de pierres. On nous montre des balles en caoutchouc en nous expliquant le danger que cela pourrait avoir sur les cibles humaines. La discussion commence par le pourquoi de cette situation. Chacun y va de sa version.
Nous conclurons que d’une manière générale, c’est plus la dispersion des familles sur plusieurs sites qui serait à l’origine de la protesta.
“Pourquoi ne pas nous reloger tous dans le même site ? Cette façon de faire va, comme on l’a déjà vu, engendrer des problèmes entre voisins qui ne se connaissent pas. Les exemples ont été démontrés à Tessala El-Merdja, à Birkhadem et à Birtouta où a eu mort d’homme, il y a une année. Les familles de Diar Echems se connaissent depuis cinquante ans et plus”, dira l’un
des intervenants. Son voisin renchérit : “Ce n’est pas l’éloignement que nous contestons mais plus la promesse non tenue des autorités. On nous avait promis que toutes les familles de Diar Echems seraient relogées à Seballa. Et c’est plus logique car c’est plus près pour la majorité des pères de famille qui travaillent aux environs du centre-ville d’Alger. Pourquoi nous a-t-on changé de destination ?” Pour un autre, les logements de Birtouta sont plus petits et mal finis. “Nos représentants ont convenu avec les autorités et notamment avec le wali délégué de Sidi-M’hamed sur le site de Seballa. Aujourd’hui, aucun responsable n’est venu nous voir.”
Au moment de quitter ces citoyens, nous remarquons une charge de policiers sur des jeunes en train de les caillasser. Pour avoir le cœur net, nous nous déplaçons vers le site de Birtouta que nous découvrons comme une très belle cité.
Un des agents de l’OPGI de Dar El-Beïda, maître de l’œuvre, nous fait visiter plusieurs logements de notre choix. Les appartements de types F3 et F4 sont, contrairement à ce qui a été dit, très convenables. Mieux que ceux des autres formules payantes.