Beaucoup de zones d’ombre entourent cette affaire
Qu’y a-t-il donc de compromettant dans ces vidéos? Merah entretenait-il réellement des liens avec les services de renseignements français, avant? Le père Merah a-t-il subi des pressions pour se rétracter?
Nouveaux rebondissements dans l’affaire Mohamed Merah. Après avoir dessaisi l’avocate Zahia Mokhtari du dossier, le père du tueur au scooter, Mohamed Benalal Merah, a saisi, hier la justice algérienne pour exiger la restitution de vidéos filmées durant le siège de l’appartement à Toulouse et qui seraient en possession de son ex-avocate.
Le père a, par ailleurs, précisé avoir déposé, hier au tribunal d’El Harrach, dans la banlieue d’Alger, une requête pour «la désignation d’un huissier de justice chargé de la restitution des documents et vidéos de l’affaire Merah». Le plus curieux, c’est que cette subite réaction de restitution des vidéos, intervient moins de 24 heures après les déclarations de Me Mokhtari qui, dans une déclaration à l’AFP, n’écartait pas une manipulation de Merah par les services français.
D’ailleurs, même l’ex-avocate de Benalel Merah n’en revenait pas de la décision de son client: «J’ai été victime d’une trahison de la part du père Merah (…) J’ai cru en cette affaire et je l’ai acceptée dans des moments difficiles car les vidéos que j’avais visionnées m’avaient convaincue», a-t-elle dit, en se référant à deux vidéos qui auraient été enregistrées lors des 32 heures où Mohamed Merah avait été cerné par la police dans son appartement toulousain avant que l’assaut ne soit donné. Selon une retranscription de ces vidéos qu’elle cite, il serait apparu que Mohamed Merah avait été manipulé par les services de renseignements français et s’affirmait certain de finir exécuté par les forces de l’ordre. Qu’y a-t-il donc de compromettant dans ces vidéos? Merah entretenait-il réellement des liens avec les services de renseignements français, avant? Le père Merah a-t-il subi des pressions pour se rétracter? Aucune piste n’est à écarter d’autant plus que quelques jours après sa mort, des informations faisaient état de liens «étroits» entre Mohamed Merah et les services des renseignements intérieurs (Dcri). C’est le cas de l’ancien patron de la DST, Yves Bonnet, qui affirmait dans un entretien à la Dépêche du Midi, que «ce qui interpelle, quand même, c’est qu’il était connu de la Dcri non pas spécialement parce qu’il était islamiste, mais parce qu’il avait un correspondant au Renseignement intérieur. Or, avoir un correspondant ce n’est pas tout à fait innocent. Ce n’est pas anodin». Ce qui serait compromettant dans les vidéos, dont le quotidien Echourouk avait publié quelques «bribes», c’est le fait que Mohamed Merah ait été manipulé par son propre ami, un certain Zouheir, qu’il pensait être un djihadiste, alors qu’en réalité c’était un agent des services du renseignement français. «Je suis innocent. Je découvre que mon meilleur ami Zouheir travaille pour les services secrets français», dirait Merah dans cette vidéo-testament où il se filme lui-même peu avant d’être tué par la police. Zouheir, ferait partie de l’équipe qui tentait alors de négocier sa reddition alors qu’il était enfermé dans son appartement, à Toulouse (sud-ouest de la France). Merah, à en croire les extraits de la vidéo, entretenait de bons rapports avec Zouheir.
Dont acte: «Tu m’as envoyé en Irak, au Pakistan et en Syrie pour aider les musulmans. Et tu te révèles finalement un criminel et un capitaine des services français. J’aurais jamais cru ça», lance Merah à l’adresse de Zouheir. «Va en enfer espèce de traître», ajoute-t-il. «Vous allez me tuer sans aucune raison. C’est vous qui m’avez entraîné dans cette situation. Je ne te pardonnerai jamais.» Autant d’indices révélateurs qui auraient motivé la décision du père de Mohamed Merah de dessaisir son avocate. Une façon peut-être de protéger sa famille en France.