Rebondissement dans l’affaire de Tibhirine

Rebondissement dans l’affaire de Tibhirine
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ANNONCÉE HIER, LA VOLONTÉ DU JUGE FRANÇAIS EN CHARGE DE L’AFFAIRE DES MOINES DE TIBHIRINE, ASSASSINÉS PAR LES GROUPES ISLAMIQUES ARMÉS EN 1996, DE SE RENDRE EN ALGÉRIE «POUR PRATIQUER UNE AUTOPSIE SUR LES CRÂNES DES SEPT VICTIMES VIENT RELANCER LA POLÉMIQUE SUR CETTE SCABREUSE AFFAIRE, ET RISQUE DU COUP D’ENVENIMER SÉRIEUSEMENT LES RELATIONS ALGÉRO-FRANÇAISES, DÉJÀ TRÈS TENDUES DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES.

Ce n’est pas bien sûr parce que les autorités algériennes se reprochent quoi que ce soit dans cette histoire – plusieurs témoignages ont déjà établi les faits, mais plutôt parce qu’il s’agit d’un précédent qui touche directement à la souveraineté de l’Etat, sur lequel il ne serait pas facile de céder, surtout venant d’une instance judiciaire française. Cette annonce fait suite à une série d’événements politiques et judiciaires qui ont ponctué les rapports sinueux entre l’Algérie et la France qui commençaient à prendre une tournure grave, depuis notamment l’interpellation, en octobre dernier, de l’ancien ministre de la Défense, le général Khaled Nezzar en Suisse, suite à une plainte déposée par une association proche de la mouvance islamiste, avant de culminer sur cette sortie inattendue du juge français. Et il est aussi important de souligner la coïncidence avec l’arrestation d’un ancien dirigeants du FIS dissous, sur le territoire français, Mourad Dhina, par Interpol sur demande de l’Algérie… Cette grave évolution du dossier ne peut être perçu que comme un coup dur pour l’autorité de l’Etat algérien et le silence du gouvernement, signe de faiblesse. Puisqu’aucune réaction officielle n’est encore venue éclairer l’opinion sur ce que les autorités entendent faire, aucun commentaire de la classe politique, d’habitude prompte à conjecturer sur le thème – plutôt propagandiste – de la criminalisation de la colonisation. Aussi, au-delà du souci des juges français de faire éclater la vérité sur cette affaire, cette annonce ne peut être déconnectée du contexte politique régional et international dans lequel évoluent nos deux pays : des élections importantes qui approchent en Algérie et en France, évolution incertaine de la situation dans les régions du Maghreb et du Moyen-Orient, montée fulgurante des mouvements islamistes dans ces pays, ouvertement encouragée par les capitales occidentales… C’est pour toutes ces raisons que l’Etat algérien est justement appelé à faire montre de vigueur et d’intransigeance, en ne fermant pas les portes aux juges français, puisque, comme l’expliquent les juristes algériens, une convention paraphée par les deux parties permet à ces magistrats d’accéder à ce genre de procédure sur notre territoire, mais en sachant défendre son autorité sur son propre territoire, en gérant pareille situation sans laisser des plumes.

LARBI BALTA