Le retour aux sources n’est pas un vain mot au village d’Aït Mahiou, au douar Ikdjan, dans la commune de Tifra. Trois jours durant, la population de ce village a renoué avec les traditions ancestrales, faites de solidarité et d’entraide pour le bien-être commun.
Le week-end dernier sera vraisemblablement inscrit dans les annales de ce village qui a longtemps souffert d’une division née pour l’essentiel à partir d’un conflit de générations. Entre les anciens et les jeunes, le courant ne passe presque plus, donnant lieu à une léthargie, avec des conséquences incalculables sur le vécu des villageois. Saisissant l’occasion de la célébration de la Journée internationale de l’arbre, l’association sociale du village a réussi le pari, non seulement de nettoyer le cimetière du village, de reboiser la forêt, et le périmètre du stade du village et de le débarrasser de tous les débris qui jonchent ses ruelles, mais aussi et c’est là l’essentiel, de remobiliser les habitants et recréer chez eux les anciennes habitudes ô combien utiles pour un cadre de vie digne.
«Jadis notre village était cité comme exemple en matière de solidarité et de sérieux, sous les commandes de Radam Lakhdar, ‘Allah Irahmou » mais par la suite, notre communauté s’est disloquée par incompréhension. Ces dernières années, un vent d’espoir a soufflé sur notre village qui recouvre son esprit conquérant», indique le président de l’association du village, Nadir Slimani. La mobilisation des jeunes et des moins jeunes était ce week-end une réalité qui n’a de valeur que de susciter l’espoir d’un avenir meilleur. D’ailleurs, alors que les actions de volontariat étaient en cours, on parlait d’autres projets tous aussi utiles les uns que les autres pour la communauté. Le captage d’une source d’eau, la réhabilitation de la fontaine du village à la réputation pour son eau tiède en hiver et fraîche en été, l’achèvement du stade du village, autant de projets que l’association s’est assignée comme objectifs. Ce week-end était une occasion de réunir les anciens pour une action commune.
Sihali Lahcen, Rassoul Yahia, Hamou Slimani ont pris part aux cotés de Lounis Allaf, Sihali Madani, Djamel, Salim Jugurtha pour ne citer que ceux-là pour d’abord reboiser le massif forestier de l’Akfadou, puis planter des arbres antiérosion autour du stade du village pour limiter les glissements de terrain et enfin faire le lifting des ruelles du village. Autant les adultes que les jeunes, tout le monde a mis la main à la pâte. Il le fallait d’autant plus que cela encourage la cohésion et la solidarité à toute épreuve. Après le discours de circonstance prononcé par l’ex-président de l’association, les enfants, filles et garçons, ont été invités à tour de rôle à planter des arbres avec le concours de la Conservation des forêts de Chemini.
Un geste qui montre toute l’attention qu’accordent les «anciens» à la nouvelle génération en matière d’éducation environnementale, mais aussi celle liée à la réhabilitation des valeurs qui ont permis, durant les années de plomb, à la population de ce village de résister aux affres de la guerre et de la famine. Et pour couronner le tout, les enfants volontaires ont bénéficié d’une excursion au lac Noir. Une manière de leur signifier que tout effort est récompensé.
Ceci sur fond de cours sur l’environnement et les chants, oeuvre du poète Madani Sihali. Un grand bravo à l’association sociale du village Aït Mahiou! Un grand bravo aux habitants de ce village qui vient de réussir un exploit, mettant de côté les rancunes individuelles pour laisser place à l’espoir d’une union qui ne peut que profiter à la communauté et servir d’exemple aux générations futures! Une manière de leur dire que rien n’est possible sans solidarité, sans partage et sans l’entraide dans aussi bien les moments euphoriques que les moments les plus difficiles.