Rebaïne reprend contact avec ses militants à Constantine

Rebaïne reprend contact avec ses militants à Constantine

Jeudi dernier, au centre culturel Rachid Ksentini de Constantine, Ali Fawzi Rebaïne a visiblement cherché à mieux se recadrer auprès des cadres du parti et de la base militante même s’il était quelque peu parvenu à obtenir l’essentiel lors de la dernière université d’été de Ahd 54.

Il est vrai que l’homme politique avait besoin de remettre un peu les pieds sur terre et plus particulièrement reprendre langue avec une base de laquelle il s’est sensiblement éloigné, compte tenu de sa décision de se porter candidat à la dernière élection présidentielle.

Le score très peu flatteur réalisé avait, est-il besoin de le souligner, fourni l’opportunité à quelques-uns de ses détracteurs de dénoncer une forme de césarisme dans sa manière de diriger le parti.

La nécessité de revenir à un exercice de la chose politique loin de l’élitisme duquel il s’est senti tenu lors de la dernière campagne électorale et le recours à un discours plus terre-à-terre et en phase avec les aspirations des Algériens, autrement dit d’un potentiel électorat et, surtout, compte tenu des réalités du terrain, ont conduit Ali Fawzi Rebaïne à évoquer, lors de la rencontre régionale de ce jeudi, des thèmes plus simples et forcément porteurs ou du moins illustratifs du discours populiste des représentants de partis qui se revendiquent de l’opposition.

Ramenant tous ses arguments à l’absence de volonté politique chez tous les régimes qui se sont succédé depuis l’avènement du multipartisme, le chef de file de Ahd 54 considère que toutes les difficultés que n’ont cesse de traverser les Algériens ont leur solution.

«Il aurait seulement suffi que tous ceux qui ont dirigé le pays hier et ceux qui le dirigent aujourd’hui aient une volonté politique authentique de créer les conditions idoines de relance de l’économie et, ce faisant, de richesses… elles-mêmes créatrices d’emplois et, forcément, pouvant conduire à la résorption du chômage».

Rebaïne suggérera le lancement de grands et cohérents programmes de développement qui tiendraient compte évidemment des besoins essentiels des populations, de l’amélioration de leur cadre de vie et le droit des Algériens au logement, au travail qui ne seraient pas tributaires des hydrocarbures au sujet desquels il s’étonne, dans la foulée, de «l’indexation arbitraire des grandes lignes des lois de finances à un baril de pétrole à 20 ou 30 dollars et pourquoi pas à 50, voire 60».

En revenant en puissance donc aux préoccupations sociales des masses, le leader de Ahd 54 réactive un thème qui, il n’y a pas longtemps, faisait recette mais ne convainc plus personne aujourd’hui comme celui d’un «SNMG indexé sur le coût de la vie», en se questionnant toutefois : «Encore eut-il fallu savoir par quel miracle les institutions es qualité de l’Etat affirment disposer de moyens d’évaluation du coût de vie de nos compatriotes», expliquant sa pensée ainsi : «Nul n’ignore la dramatique, pour ne pas dire tragi-comique, fluctuation des prix dans un pays où, malgré les subventions, l’effacement des dettes des agriculteurs et tous les programmes ad-hoc, la pomme de terre est inaccessible pour la majorité des Algériens».

L’angle d’attaque obtenu, Ali Fawzi Rebaïne enchaînera sur la prochaine rentrée sociale, laquelle «…ironie du sort, va coïncider avec le mois de Ramadhan, la rentrée scolaire et encourager, donc, toutes les spéculations possibles».

Le premier secrétaire de Ahd 54 ne pense pas que du bien du dernier festival panafricain même s’il affirme ne pas être réfractaire à la manifestation en tant que telle mais ne s’épargne pas des interrogations autour de dépenses somptuaires engagées pour un évènement dont l’Algérie aurait pu se passer, laissant comprendre par effet subliminal que les milliards dépensés auraient certainement mieux servi ailleurs.

En fait, Rebaïne donne l’impression d’un homme qui est vite repassé dans une opposition qu’il veut plus populaire que populiste, un camp qui lui a quand même permis une certaine audience avant que cette aura ne s’effiloche lors des deux dernières élections présidentielles.

Les turbulences qui ont secoué le parti avant la tenue de l’université d’été auront, en tout état de cause, servi d’électrochoc salvateur, en ce sens qu’il s’est vite repositionné auprès des siens.