Réalisation des programmes de logements,Tebboune s’attaque aux retards

Réalisation des programmes de logements,Tebboune s’attaque aux retards

«Les entreprises doivent être au fait des nouvelles technologies utilisées dans le domaine du Btph»

Le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Abdelmadjid Tebboune, a réuni, jeudi dernier, les représentants des entreprises nationales de construction. Il y a été question du retard dans la livraison des logements, de la relance du programme Aadl, de la hausse des prix. Reste à savoir si les autres formules (logement social, LSP…) sont touchées…

Comment passer des capacités nationales actuelles qui sont de 80.000 logements réalisés annuellement aux besoins qui sont de 200.000 logements/an? C’est toute la question qui a dominé la rencontre du ministre avec les entrepreneurs nationaux.

La veille, il avait abordé le problème avec l’ambassadeur de Chine qu’il avait reçu au siège du ministère en lui rappelant que les entreprises de son pays, opérant dans notre pays, doivent «renforcer et mobiliser tous les moyens pour réaliser les différents programmes de logements en Algérie afin de ne pas recourir aux sous-traitants». Le ministre évalue à seulement 56% le taux de réalisation du programme de logements inscrits au plan quinquennal à deux années de son terme. Il reste cependant optimiste et compte faire passer ce taux à 75% d’ici la fin de l’année 2013. Les causes de ces retards sont connues des professionnels. Elles se répartissent en quatre grandes catégories.

Il y a d’abord les aléas climatiques sachant que tous les chantiers y sont exposés au moins dans la partie gros oeuvres. Viennent ensuite les caprices du marché des matériaux de construction marqués par les irrégularités dans les approvisionnements, notamment en ciment. A ce sujet, le ministre a déploré la faiblesse du recours par bon nombre d’entreprises de «centrales à béton de grande capacité». Il a même regretté que «la construction en Algérie soit toujours artisanale». Dans cet ordre d’idées, le ministre a insisté auprès des entreprises publiques. «En vous regroupant, vous allez pouvoir améliorer vos parts de marché et vos capacités de réalisation. Cela nous permettra aussi de mieux vous encadrer», leur a-t-il recommandé. Ce qui influe forcément sur la productivité et donc sur les coûts en plus des retards enregistrés.

Partenariat et savoir-faire

Il est impératif, comme a ajouté Tebboune, que «les entreprises doivent être au fait des nouvelles technologies utilisées dans le domaine du Btph».

Pour cela la solution ne peut être trouvée que dans le cadre d’un partenariat que doivent nouer nos opérateurs avec des entreprises étrangères. Ce qui permettrait même d’atténuer, quelque peu, les effets de cette autre cause, la plus importante, qui est le manque de main-d’oeuvre en général et de la main-d’oeuvre qualifiée en particulier. Toutes les entreprises du bâtiment font face à ce problème. Enfin, il y a cette cause, en amont, marquée par toutes les procédures inhérentes aux lancements des chantiers qui vont de la régularisation administrative des assiettes jusqu’à l’accord de la Protection civile en passant par le permis de construire et même des «vices cachés» comme le déplacement de pylônes électriques ou, dans certains cas, le relogement d’indus occupants du site. Sans oublier le paiement, dans les délais, des factures.

Toutes ces tracasseries administratives peuvent causer des retards avant même le premier coup de pioche. A ce propos, le ministre de l’Habitat a tenu à rassurer les entrepreneurs que son département veillera désormais à trouver des solutions à tous les problèmes qu’ils rencontrent sur le terrain. Dans ce registre, il leur a annoncé la prochaine création d’une direction du contentieux en lieu et place du service qui existe actuellement. Une direction qui aura pour mission de lever les obstacles à l’origine du ralentissement de la cadence que subissent les chantiers. L’autre point fort abordé par le ministre, au cours du point de presse tenu à l’issue de la réunion, a été la relance du programme de la location-vente avec 150.000 nouveaux logements. Un programme qui sera lancé «avant la fin de l’année» a précisé le ministre. Tout en ajoutant que «les programmes Aadl seront relancés sous la même forme avec une actualisation car leur élaboration initiale remonte à une dizaine d’années et les données ont changé depuis notamment en matière de prix». Toutefois, le ministre a tenu a préciser que cela se fera «sans toutefois affecter le bénéficiaire».

Batigec et son mégaprojet de Draria

Nous avons voulu obtenir l’avis d’un entrepreneur sur les difficultés énoncées par le ministre. Nous avons, pour cela, approché le P-DG de Batigec, Achour Mokrane, dont l’entreprise réalise, entre autres programmes, le mégaprojet de 2684 logements, de la formule LSP, étalés sur une superficie de 10 ha à cheval sur le territoire de deux communes, celle de Draria et Saoula. Un projet hors normes comptant pas moins de 3000 emplois. «Tous les points que vous me citez et qui ont été abordés par le ministre s’agissant des retards, nous les subissons comme toutes les autres entreprises du pays. Nous y faisons face avec détermination et optimisme. Nous mettons tous nos moyens et notre énergie pour livrer le projet à la fin de l’année. Nous étudions même la possibilité de fractionner les livraisons par îlots au fur et à mesure de leur achèvement. Si nous obtenons l’accord préalable des autorités évidemment» nous répond ce P-DG. A notre question sur la hausse des prix annoncée par le ministre pour les nouveaux logements Aadl et ses répercussions sur les autres formules, le P-DG de Batigec se veut rassurant. «Nous n’avons pas été saisis sur ce point mais je ne pense pas que nos souscripteurs puissent être touchés par cette hausse du fait de l’antériorité de leur engagement» a-t-il répondu. Est-ce que les souscripteurs de la formule LSP sont astreints à la même vérification par le fichier national que ceux de l’Aadl? «Bien sûr, répond M. Achour, mais ce n’est pas notre rôle. C’est la CNL qui opère ce contrôle qui reste constamment actif». Comme on peut le constater, la production du «négatif», délivré par les domaines n’exclut pas le contrôle via le fichier national. C’est dire toute la complexité du processus de réalisation et de distribution des logements.