Le manque d’évaluation est probablement l’une des défaillances les plus graves dans la gestion du dossier du développement local. A ce propos, le gouvernement semble prendre conscience que l’investissement local a besoin d’un vrai suivi et surtout superviser la gestion des walis, puisque ce sont eux les premiers responsables de ce dossier pour lequel l’Etat a dépensé des sommes colossales.
Dans ce cadre, des rencontres périodiques avec les walis de la République pour procéder à un examen global du dossier des investissements locaux, seront lancées prochainement par le département de l’Intérieur. C’est ce qui a été annoncé par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales Daho Ould Kablia dimanche dernier depuis Ain Defla. A ce propos, le ministre a expliqué que chaque rencontre regroupera périodiquement 4 à 5 walis et sera consacrée à un examen global du dossier des investissements locaux. Selon le ministre, ces rencontres sont d’autant plus importantes que le «gouvernement mise aujourd’hui sur l’investissement», soulignant que le wali «est le premier responsable de la réussite des investissements locaux dans le cadre de ses prérogatives au sein de la commission de wilaya». Selon des sources bien informées, ces réunions interviennent après une «instruction» du Premier ministre, Abdelmalek Sellal relative à l’évaluation du travail des walis après avoir reçu «des rapports noirs» sur la gestion de quelques walis. Le Premier ministre aurait même instruit des ministres à procéder à des visites «surprises» à quelques wilayas concernées par la défaillance en matière de gestion, sachant que certaines régions du pays connaissent comme un arrêt de temps en matière de développement.
Il est à noter que depuis des années, le mouvement dans le corps des walis ne manque pas et un probable nouveau changement est annoncé dans les coulisses, alors qu’il y a à peine trois mois, un mouvement partiel a touché, notamment cinq wilayas du Sud sans que la tension ne baisse. En 2007, les walis présentaient leurs bilans, notamment la gestion du budget local et les problèmes rencontrés dans le cadre des auditions organisées par le gouvernement. Une action qui n’a pas duré longtemps mais en principe une telle évaluation se fait au niveau du ministère de l’Intérieur. Ainsi, le gouvernement a décidé de tenir des réunions périodiques avec un nombre de walis, deux ans après le lancement des 48 fonds d’investissement de wilaya, en février 2011. De son côté, le Fonds national d’investissement se tourne de plus en plus vers le secteur privé. Il n’y a pas longtemps, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal avait réuni les walis au Palais des nations. Des instructions ont été données pour améliorer la relation entre les collectivités locales et les citoyens, mais apparemment sur le terrain la situation ne semble pas avoir progressé.
Il est à rappeler que le président Bouteflika avait déploré la défaillance de l’administration locale dans la prise en charge des efforts «considérables» de l’Etat en matière de couverture sociale et d’amélioration des conditions de vie des citoyens. Un constat qu’il a exposé dans un message adressé aux participants aux Assises nationales sur le développement local. Dans le cadre des réformes qu’il a lancées en 2011, le chef de l’Etat avait opté pour une tournée nationale du Cnes pour évaluer l’état du développement local, dont le constat est dur à entendre, notamment concernant les régions du Sud, selon des experts qui ont participé à cette mission, c’est une remise en cause du travail des walis chargés à la base de suivre la bonne application des projets, donc l’argent public versé pour améliorer le quotidien des citoyens. Il faut dire que le rôle des walis sera plus important dans la prochaine étape, mais tout se jouera sur le changement de mentalité en matière de gestion locale.
Par Nacera Chennafi