Real Madrid, les Verts, FAF, Nedjma, Mobilis sont les acteurs d’un projet qui aurait pu être l’événement sportif de l’année en Algérie. Mais il semble que les intérêts personnels ont pris le dessus, ce qui a mis la venue des Merengues en Algérie au centre d’une véritable guerre de communiqués où les attaques et les règlements de compte prennent le pas.
Après avoir raté l’organisation de la rencontre Algérie – Real Madrid, le 21 juillet dernier, pour des raisons que le P-DG de l’opérateur de téléphonie mobile ATM Mobilis, initiateur du projet, n’a pas trop expliqué, se limitant juste à dire que des parties et des personnes ont «tenté de parasiter l’affaire», le premier responsable de cette société nationale est revenu de nouveau à la charge. Ainsi, hier lors d’un point de presse relatif au bilan de son entreprise, M. Saâd Damma a abordé bien évidemment le projet de ce match qui a fait tant saliver les uns et fait couler beaucoup d’encre dans la presse pour d’autres, au moment où les férus de la balle ronde se demandaient : ce match aura-t-il lieu un jour ? comme ce fut le cas en 1982 à la veille du Mondial Espagnol où l’Algérie s’était qualifiée pour la première fois. A l’époque d’ailleurs, c’était le dernier match amical à Alger, gagné (2 à 1) par les coéquipiers de Rabah Madjer dans un stade du 5-Juillet archicomble, avant de s’envoler en stage. Cette fois, le P-DG de Mobilis annonce que ce «fameux» match aura lieu le 18 mai 2014 et qu’un contrat entre l’opérateur algérien et le club madrilène sera signé entre les 13 et 15 août prochains dans la capitale espagnole même. Pour donner du crédit à son projet , M. Damma évoquera les appuis des pouvoirs publics à cette initiative à travers le ministère de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, le ministère de la Jeunesse et des Sports et même le Premier ministre ! Puis, sans aller dans les détails, bien que tout le monde l’aura deviné, M. Damma s’attaque à la Fédération algérienne de football (FAF) et à son président Mohamed Raouraoua, affirmant qu’il «n’avait pas de leçon de nationalisme à recevoir de quiconque et qu’il n’a jamais transféré aucun dinar hors de l’Algérie», avertissant dans la foulée que des «lignes rouges ne doivent pas êtres franchies».
Evidemment, la réponse de la FAF ne s’est pas fait attendre puisque quelques heures après la sortie médiatique du P-DG d’ATM Mobilis, un communiqué virulent est tombé caractérisant les déclarations de M. Damma «d’irresponsables». Dans ce communiqué, la FAF rappelle que la gestion de l’équipe nationale relève exclusivement de ses prérogatives et d’aucune autre partie et que Mobilis n’est ni qualifiée ni habilitée à se substituer à son autorité, et encore moins dans l’organisation d’un tel match. Pour argumenter la difficulté, pour ne pas dire l’impossibilité d’organiser une telle rencontre par Mobilis, la FAF évoque le calendrier international de la Fifa qui conditionne toute programmation.
Le programme
Le 18 mai 2014, le Real jouera face à l’Espanyol
De plus, la FAF porte à la connaissance de l’opinion qu’à partir du 18 mai 2014, aucune rencontre n’est autorisée par la Fifa, exception faite pour l’UEFA qui aura à organiser la finale de la Champions League le 21 mai et que cinq jours plus tard tous les joueurs internationaux rejoindront leurs sélections respectives après avoir observé une période de repos «obligatoire». Autre paramètre, qu’aucune partie n’a évoqué, c’est que la date du 18 mai coïncide avec la dernière journée du championnat espagnol et qu’un club comme le Real dont les objectifs sont la Liga, mais également d’arriver en finale de la Champions League font que cette initiative risque sérieusement d’être compromise, dans le cas où Mobilis réussit à décrocher ce projet, sachant au passage que le sponsor de la FAF, Nedjma, un concurrent direct de Mobilis ne l’entend déjà pas de cette oreille.
Le duel
Nedjma – Mobilis, en toile de fond
Si entre ATM Mobilis, opérateur téléphonique public, et la Fédération algérienne de football, la guéguerre est déclarée depuis un moment et s’est accentuée davantage hier, derrière le rideau il y a un autre duel auquel s’adonnent Mobilis et son rival Nedjma, un des sponsors majeurs de l’instance fédérale. Dans son communiqué, la FAF a signifié au P-DG de Mobilis que l’équipe nationale n’était pas «un outil publicitaire» qu’elle accuse d’en abuser gratuitement à des «fins inexpliquées ou personnelles». Et pour enfoncer le clou, la FAF invite Mobilis à s’investir au niveau des clubs professionnels et sponsoriser les championnats nationaux, voir entrer dans le capital d’un grand club afin d’aider le football algérien et d’accompagner le professionnalisme qui en a plus besoin que le «richissime Real Madrid». En deux mots : la FAF invite Mobilis a faire comme Nedjma qui s’investit pleinement et à coups de milliards de dinars au sein de la fédération et de certains clubs, sans oublier la Coupe d’Algérie dont elle est le sponsor exclusif. Seulement, du côté de Mobilis, on tient un autre langage. En effet, selon des sources proches de l’équipe dirigeante d’ATM Mobilis, Mohamed Raouraoua aurait une mainmise sur la fédération et choisirait lui-même les partenaires avec lesquels la fédération doit contracter. D’ailleurs, Mobilis l’a appris à ses dépens à plusieurs reprises, selon nos sources. Le marché de la téléphonie mobile est un enjeu terrible pour les deux opérateurs et d’autres bien sûr, mais entre Mobilis et Nedjma cela devient particulier, surtout avec l’entrée en lice de l’entité nationale dans cette affaire du match contre le Real Madrid.
Le défi
Mobilis réussira-t-elle à respecter le cahier des charges ?
Dans l’organisation de toute rencontre internationale, amicale soit-elle, il y a des préalables à respecter et un cahier des charges pour lequel il faut se conformer. Dans sa première tentative, ATM Mobilis n’a pas réussi à ramener le Real durant l’une des soirées de ce mois de Ramadhan, où le succès aurait été retentissant, surtout lorsqu’on voit qu’une affiche comme CS Constantine – Espanyol de Barcelone, disputée hier au stade Chahid-Hamlaoui, a attiré une foule immense et s’est jouée dans une grosse ambiance. Seulement, l’équipe nationale n’est pas le CSC, et réunir les joueurs de la sélection n’est pas une mince affaire, surtout lorsqu’il s’agit d’une date qui n’est pas inscrite au calendrier Fifa. A ce sujet, les responsables d’ATM Mobilis mériteraient de gagner en compétence pour pouvoir réussir l’organisation d’une telle rencontre en se conformant à un cahier des charges qui exige d’informer les deux fédérations (des deux pays), puis les deux confédérations (CAF et UEFA) enfin la Fifa. Le choix du 21 juillet était fantaisiste de la part d’ATM Mobilis, vu qu’à cette période les internationaux étaient avec leurs clubs respectifs en pleine préparation, et aucun club n’aurait libéré son ou ses joueurs vu qu’il ne s’agit pas d’une date Fifa. Il serait plus sage d’éviter les annonces ou leurs effets avant de concrétiser réellement avec le partenaire et de remplir toutes les conditions exigibles dans la démarche d’organisation de tels événements sportifs. On n’est plus en 1982 où la venue du Real n’était pas aussi délicate à réaliser, ou bien celles d’autres clubs ou sélections nationales qui se sont produits en Algérie durant les années 80 (Manchester United, Benfica, Pérou, …). Les temps et les règles ont changé, vu que tout est basé sur le marketing et le business. De même que les deux institutions (FAF et Mobilis) mériteraient de joindre leurs efforts pour l’organisation d’une telle rencontre, au lieu de se donner en spectacle d’un âge dépassé.
A. S-B
L’histoire
Après le MCA en 77 et l’EN en 82, y en aura-t-il une 3e ?
Pour ceux qui ne le savent pas, le Real de Madrid a croisé les Algériens, que ce soit les clubs ou l’équipe nationale. Les nostalgiques se rappelleront certainement de la rencontre qui a opposé le club du siècle, le Real Madrid au Mouloudia d’Alger, le 3 mars 1977 à l’occasion du 75e anniversaire de la création du club madrilène. La rencontre a eu lieu au stade mythique de Santiago Bernabeu devant 70 000 spectateurs, le score de la rencontre a été en faveur des champions d’Europe sur le score de deux buts à un, Aguilar et Breitner côté espagnol avant que Bachta du MCA ne réduise l’écart à un quart d’heure de la fin. Le Mouloudia des Draoui, Bachi, Betrouni et autres ont soulevé l’admiration des Espagnols lors de cette rencontre. Pour ce qui est de la deuxième rencontre, le Real avait croisé le fer avec la sélection nationale qui se préparait pour le Mundial espagnol le 1er mai 1982 au stade du 5-Juillet. Une affluence record a pris d’assaut le stade ce jour-là pour assister à ce grand rendez-vous et voir à l’œuvre les stars madrilènes. Madjer et Bouiche ont été les buteurs contre une seule réalisation des visiteurs. A propos de la prochaine confrontation, le P-DG Saâd Damma s’est souvenu de l’ambiance qui a régné au stade du 5-Juillet : «La folle ambiance qui a régné avant et durant la rencontre en 82 a été indescriptible, je souhaite revivre la même chose lors de la venue du Real la saison prochaine».
Dj. O.