Invité hier du forum organisé par le journal arabophone El Bilad, l’ancien sélectionneur national algérien, Rabah Saâdane, s’est étalé sur plusieurs sujets concernant son passage à la tête de la sélection nationale.
Ce dernier, qui avait fait savoir à l’assistance qu’il n’avait pas trop l’intention de répondre à la dernière sortie médiatique du manager général de l’EN, Abdelhafid Tasfaout, ne s’est pas empêché quand même de recadrer certaines vérités à ses yeux évidentes et implacables. Abordant le résultat technique très sévère qui a sanctionné le derby Maroc-Algérie, Saâdane s’est expliqué sur les raisons qui l’ont motivé à intervenir sur différents médias : «Bien entendu comme tout Algérien, ce revers inattendu contre le Maroc m’a fait mal, surtout que nous étions dans une bien meilleure situation que nos frères marocains. Je m’attendais peut-être à ce qu’on perde par un voire deux buts d’écart, mais jamais je n’ai pensé qu’on allait recevoir une raclée. C’est vous dire que mon intervention était motivée par mon désir d’éclairer certaines anomalies. Maintenant, j’ai parlé de l’aspect organisationnel, mais je n’ai jamais cité de nom, donc je ne comprends pas trop la réaction de Tasfaout. Je n’ai fait que commenter ce qui a été rapporté par la presse à propos de ce qui s’est passé à Marrakech. Une chose est sûre, Tasfaout est mal placé pour juger mes réactions, à moins qu’on lui ait conseillé de réagir à mon intervention pour justifier son salaire.»
«C’est aux personnes qui l’ont ramené de le juger»
«Comme je l’ai fait au lendemain de la défaite face à la RCA, j’ai d’abord appelé à faire preuve d’intelligence. Plusieurs personnes sont montées au créneau pour appeler au renouvellement de cette équipe, ce que j’ai réfuté en direct sur un plateau de télévision, alors que Tasfaout est toujours en période d’apprentissage. Qu’il soit compétent ou qu’il manque d’expérience, ce n’est pas à moi de le juger. C’est aux personnes qui l’ont ramené de le faire.»
«Oui, j’ai bien dormi après le 3 à 0 du Malawi, mais… »
En réponse à Abdelhafid Tasfaout qui s’est interrogé si l’ex-driver des Verts, Rabah Saâdane, avait bien pu fermer l’œil, après les débâcles contre le Malawi, la Serbie et l’Egypte, l’ancien patron de la barre technique de l’EN a dit : «Oui, Tasfaout, j’ai bien dormi après le Malawi et j’ai réussi à remobiliser mes troupes pour battre le Mali, accrocher l’Angola chez lui et éliminer la Côte d’Ivoire. Les joueurs sont là pour témoigner. Au lendemain de la défaite subie dans des conditions très difficiles, j’avais regroupé mes joueurs et je leur ai dit qu’on allait battre le Mali. Peu de gens ont cru en mon discours, mais la suite m’a donné raison.»
«Le match contre l’Egypte n’a pas révélé tous ses secrets»
En réaction aux propos tenus par Tasfaout concernant les lourdes défaites concédées par l’EN sous sa coupe, notamment face au Malawi, la Serbie et l’Egypte, Saâdane dira : «Ecoutez, on nous avait reproché notre choix pour le Castelet avant la CAN et on nous est tombé dessus après la défaite contre le Malawi, mais la suite nous a été favorable, avec une victoire face à un prétendant pour le sacre, le Mali, une belle réplique contre l’Angola et une qualification en demi-finale face la Côte d’Ivoire qu’on présentait comme le potentiel vainqueur de cette CAN-2010. Après, face à l’Egypte, il y a des choses qui se sont passées. Ce match n’a pas révélé tous ses secrets et Dieu merci, les autorités et le peuple algériens ont compris ce qui s’est réellement déroulé ce jour-là, d’où cet accueil royal qui nous a été réservé.» Invité à donner plus d’explication, Saâdane a refusé de le faire, se contentant de dire : «Un jour, tout sera déballé au sujet de cette défaite. Dieu merci, je marche la tête haute, tout le monde me respecte et cela suffit à mon bonheur. Quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, on ne pourra pas effacer l’histoire, mon palmarès plaide pour moi.»
«Je n’ai jamais remis en cause les choix de Benchikha»
Un petit peu loin dans sa longue intervention, Saâdane a tenu à préciser qu’il n’a jamais osé critiquer les choix de son successeur à la barre technique de l’EN. «J’ai donné mon avis en tant qu’expert en faisant des critiques objectives et constructives. Je n’ai jamais remis en cause les choix de Benchikha. En ma qualité de technicien, je suis dans l’obligation d’éclairer l’opinion publique sur certaines choses, lorsqu’on me sollicite bien sûr. Mais je me suis toujours contenté de tirer des bilans constructifs dans l’intérêt général de l’Equipe nationale.»
«Le soutien d’Ouyahia honore tous les cadres algériens»
Saâdane, qui a commenté la dernière déclaration du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, sur le plateau de la télévision algérienne, s’est réjoui de la position du patron du RND qui a affiché clairement son soutien à l’entraîneur algérien : «Le soutien du Premier ministre Ouyahia Ahmed, qui a renouvelé sa confiance aux compétences algériennes, est un honneur pour moi et l’ensemble des cadres algériens.»
«Moi responsable de l’élimination ? C’est de la malhonnêteté intellectuelle»
Las de trop évoquer le premier match raté sous sa coupe face à la Tanzanie pour justifier l’élimination pratiquement consommée de l’EN dans ces éliminatoires de la CAN-2012, Saâdane répond à ses détracteurs : «Non, je ne suis pas responsable des échecs de la sélection dans ces éliminatoires. C’est vrai qu’on avait raté ce match à Blida face à la Tanzanie, mais à ce moment-là, l’Algérie était première du groupe, en tenant compte du goal-average. Ma responsabilité est-elle engagée concernant les matchs qui se sont disputés après ? Non sérieusement, c’est de la malhonnêteté intellectuelle que d’essayer de m’incomber cet échec.»
«On ne m’a jamais forcé à démissionner, c’est moi qui suis parti»
Saâdane est revenu sur sa démission déposée face à la Tanzanie, pour dire qu’il n’a jamais été forcé à le faire, même si d’aucuns soutiennent le contraire : «J’ai rendu le tablier de mon propre chef. Je ne pouvais plus continuer, car je ne pouvais plus tolérer qu’on touche à ma dignité. Figurez-vous qu’on est allé jusqu’à demander à ma fille de procéder à des remaniements techniques. C’était devenu insupportable pour moi.»
«On avait voulu m’imposer Cavalli, mais j’ai refusé»
Contrairement à ce qui a été rapporté, Raouraoua n’a jamais tenté d’imposer un coach étranger à Saâdane : «Ma démission, je l’avais tout le temps dans mon cartable et Djelloul est là pour en témoigner. J’avais des conditions bien définies et je ne badinais pas avec les principes. Tenez, en 2007, on a voulu m’imposer Cavalli comme adjoint, mais j’ai refusé. J’avais dit à Haddadj que c’était ou lui ou moi à la barre technique car sincèrement, je ne voyais pas l’utilité de le compter dans mon staff.»
«Le football en Algérie, c’est fini !»
Sollicité par l’un de nos confrère, pour savoir s’il était prêt à revenir en sélection, il a affirmé : «L’Equipe nationale ne m’intéresse plus, j’ai envie de vivre avec ma famille en paix. Je veux consacrer un peu plus de temps à mes enfants et à mes proches. Le football en Algérie, c’est fini !»
«Raouraoua a toujours respecté mes choix»
Lorsqu’on lui a demandé comment étaient les rapports qu’il entretenait avec le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, Saâdane a déclaré : «J’ai toujours entretenu de bons rapports avec Raouraoua. C’est vrai qu’il avait des opinions différentes et des idées propres à lui, mais il ne s’est jamais immiscé dans mon travail. J’ai toujours pris seul mes décisions.»
«Je ne partage pas l’idée de ramener un entraîneur étranger, mais… »
Abordé à propos de la déclaration faite par le président Raouraoua qui avait annoncé que l’entraîneur local avait prouvé ses limites, d’où sa décision de faire appel à une compétence étrangère, Saâdane nous a annoncé : «Raouraoua a toujours respecté mes choix. Maintenant concernant la désignation d’un coach étranger, c’est lui qui décide. Vous voulez mon avis ? Je ne suis pas pour la solution de ramener un coach étranger, parce que je considère qu’il y a des compétences en Algérie capables de mener l’EN à bon port. C’est lui le chef et c’est à lui d’assumer ses responsabilités. Je dois dire que quelque part, nous en tant que cadres sportifs algériens, ce qui nous arrive était prévisible, car on n’est pas solidaires entre nous. On est très mal organisés. Au lieu d’unir nos forces, chacun de nous trouvait le moyen de critiquer son confrère.»
«Des joueurs ont mal digéré que certains de leurs coéquipiers aient décroché des contrats de sponsoring»
Questionné par un confrère si durant son passage il n’avait pas relevé des clans au sein de son groupe, Saâdane a déclaré : «A vrai dire, il n’y a jamais eu de clans en sélection. On avait bâtit ce groupe en se basant sur plusieurs critères, dont l’esprit de famille qui faisait notre force. Après, bien entendu, il y a eu quelques problèmes qui ont surgi. Des joueurs ont mal apprécié que certains de leurs camarades aient décroché des contrats avec des sponsors, mais c’est vite rentré dans l’ordre.»
«Haddadj a accompli un travail énorme»
Rabah Saâdane n’a pas omis de parler du travail accompli par Abdelhamid Haddadj, avant le retour de Raouraoua en 2009 : «Malgré le peu de moyens dont il disposait et le conflit qui existait entre la FAF et le MJS à cette époque-là, à propos de la désignation de Schnittger à la DTN, Haddadj a accompli un travail énorme. Avec le retour de Raouraoua en 2009, les choses se sont améliorées. L’arrivée de hauts cadres comme Zefzef et Sadi, qui ont renforcé la FAF, nous a fait du bien. Je rajoute que Haddadj était le seul responsable présent dans la tribune officielle du stade de Blida lorsqu’on avait réussi à passer l’écueil du Sénégal. Il y a aussi Zefzef qui était à mes côtés. D’autres dirigeants, qui ne croyaient certainement pas au succès de l’Algérie, n’avaient pas daigné se déplacer pour nous encourager. En dépit de tout cela, on est parvenus à renverser la vapeur.»